La poésie est le miroir
La poésie est le miroir brouillé de notre société. Et chaque poète souffle sur ce miroir : son haleine différemment l'embue.
Louis Aragon, Chronique du bel canto
Coups de cœur
La poésie est le miroir brouillé de notre société. Et chaque poète souffle sur ce miroir : son haleine différemment l'embue.
Louis Aragon, Chronique du bel canto
Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à ses parents qu’il fallait qu’on froissât lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas (c’était une joie faite pour un autre), à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles – et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela. Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. Car les souvenirs ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers.
Rainer Maria Rilke
La poésie est ce qui nous reste et nous console,
la conscience de l’absence.
Octavio Paz
Que te dirais-je de la poésie ? Que dirais-je de ces nuages, de ce ciel ? Les voir, les voir, les voir... et rien de plus. Tu comprendras qu'un poète ne peux rien dire de la Poésie. Laissons cette tâche aux critiques et aux professeurs. Mais ni toi, ni moi, ni aucun poète, nous ne savons ce qu'est la Poésie.
La voici ; regarde. je porte le feu dans mes mains. je le comprends et je travaille parfaitement avec lui, mais je ne peux en parler sans littérature.
Federico Garcia Lorca, Dialogue avec Gerardo Diego.
La poésie ne doit pas périr. Car alors, où serait l'espoir du monde ?
Léopold Sédar Senghor
La poésie toujours a sa demeure dans le ventre des montagnes
là où toutes les pierres ont un visage
Ada Mondès
Les rêves du poète se réalisent toujours pour la simple raison qu'ils ne sont pas des rêves mais de clairs regards jetés sur la réalité du monde.
Roch Carrier
Le poème est l’amour réalisé du désir demeuré désir.
René Char
[Le poète] aime la terre comme une femme étrangère qu'il enlace une fois et ne revoit jamais plus. La poésie, c'est l'impression d'être toujours en contact avec la mort.
Heinrich Boll
Poésie, sœur de l’action et mère de toute création. Elle est l’animatrice du songe des vivants et la gardienne la plus sûre de l’héritage des morts.
Saint-John Perse