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The Eight

31 Octobre 2019, 02:00am

Publié par vertuchou

Cyril Power, The Eight, 1930, 38.4 x 26.4 cm

Cyril Power, The Eight, 1930, 38.4 x 26.4 cm

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Ne dites pas : la vie est un joyeux festin

30 Octobre 2019, 01:43am

Publié par vertuchou

Ne dites pas : la vie est un joyeux festin ;
Ou c’est d’un esprit sot ou c’est d’une âme basse.
Surtout ne dites point : elle est malheur sans fin ;
C’est d’un mauvais courage et qui trop tôt se lasse.

Riez comme au printemps s’agitent les rameaux,
Pleurez comme la bise ou le flot sur la grève,
Goûtez tous les plaisirs et souffrez tous les maux ;
Et dites : c’est beaucoup et c’est l’ombre d’un rêve.

Jean Moréas

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Je devenais fou, je le sentais.

29 Octobre 2019, 01:53am

Publié par vertuchou

Je devenais fou, je le sentais. À cause de son odeur, là, qui venait contre moi. Un mélange simple, sensuel et curieux de sueur légère et de lait. Un parfum farineux et sucré de femme, que je n’avais plus en mémoire. Je pouvais voir de plus près ses cheveux blonds, virant au roux franc. Ce n’étaient pas les grandes cascades noires des filles du village, qu’elles ramenaient en chignon ou en architectures compliquées de volutes saines et de mèches rebelles, c’étaient des cheveux d’une finesse absolue, qui tombaient en boucles délicates le long de son visage. Je devinais les oreilles, petites elles aussi, et la naissance du cou, où palpitait un réseau veineux d’un bleu tranchant.
À nouveau, j’étais comme un dingue. Un prédateur. J’avais envie de la mordre, là où les veines battent, et de ne lâcher son cou que lorsqu’elle aurait fini de se débattre. Me revenait en mémoire une scène similaire de renard étouffant une caille, la froideur scintillante de ses yeux patients et déterminés.

Bénédicte Belpois, Suiza

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Je t’ écoute

28 Octobre 2019, 02:19am

Publié par vertuchou

Je t’ écoute
- Oui, c’est toi.
Une peau délicate se déploie sur ma langue.
Elle la caresse.
Une peau délicate caresse ma langue.
Mes mains résonnent pleines des fruits.
Remplies d’abandon.
Ce qui doit arriver dans l’ histoire arrive maintenant dans mes mains. T
Tu vivifies ma journée.
La sidères.
Ton odeur a chamboulé ma journée.
Elle tourbillonne,
Bascule.
Ma journée tourbillonne et bascule dans la tienne.
Mon cœur une bouche brûlante docile condamnée par la caresse de ton cœur parfumée à subsister béante balbutiante de lèvres privée.


Dimitra Kotoula

 

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Clair de lune

27 Octobre 2019, 02:38am

Publié par vertuchou

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Le lac froid

26 Octobre 2019, 02:37am

Publié par vertuchou

Le lac froid sur mille lieues détrempe la teinte du ciel.
Soir paisible : un poisson aux écailles chatoyantes
Plonge jusqu'au fond et puis va
Et vient ici et là ; la flèche envenime la plaie.
Sans fin, la surface de l'eau lustre l'éclat de la lune.


Dôgen Zenji

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Le vent froid de la nuit

26 Octobre 2019, 02:23am

Publié par vertuchou

Le vent froid de la nuit souffle à travers les branches
Et casse par moments les rameaux desséchés ;
La neige, sur la plaine où les morts sont couchés,
Comme un suaire étend au loin ses nappes blanches.

En ligne noire, au bord de l'étroit horizon,
Un long vol de corbeaux passe en rasant la terre,
Et quelques chiens, creusant un tertre solitaire,
Entre-choquent les os dans le rude gazon.

J'entends gémir les morts sous les herbes froissées.
Ô pâles habitants de la nuit sans réveil,
Quel amer souvenir, troublant votre sommeil,
S'échappe en lourds sanglots de vos lèvres glacées ?

Oubliez, oubliez ! Vos coeurs sont consumés ;
De sang et de chaleur vos artères sont vides.
Ô morts, morts bienheureux, en proie aux vers avides,
Souvenez-vous plutôt de la vie, et dormez !

Ah ! dans vos lits profonds quand je pourrai descendre,
Comme un forçat vieilli qui voit tomber ses fers,
Que j'aimerai sentir, libre des maux soufferts,
Ce qui fut moi rentrer dans la commune cendre !

Mais, ô songe ! Les morts se taisent dans leur nuit.
C'est le vent, c'est l'effort des chiens à leur pâture,
C'est ton morne soupir, implacable nature !
C'est mon coeur ulcéré qui pleure et qui gémit.

Tais-toi. Le ciel est sourd, la terre te dédaigne.
À quoi bon tant de pleurs si tu ne peux guérir ?
Sois comme un loup blessé qui se tait pour mourir,
Et qui mord le couteau, de sa gueule qui saigne.

Encore une torture, encore un battement.
Puis, rien. La terre s'ouvre, un peu de chair y tombe ;
Et l'herbe de l'oubli, cachant bientôt la tombe,
Sur tant de vanité croît éternellement.
 

 Charles-Marie Leconte de Lisle

 

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Un poème digne de ce nom

25 Octobre 2019, 01:49am

Publié par vertuchou

Un poème digne de ce nom est celui qui pourrait rendre la parole à un mort.

Julien Gracq

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Prologue

24 Octobre 2019, 02:09am

Publié par vertuchou

Est-ce vous
qui comprendrez pourquoi,
serein, sous une tempête de sarcasmes,
au dîner des années futures
j’apporte mon âme sur un plateau?
Larme inutile coulant
de la joue mal rasée des places,
je suis peut-être
Le dernier poète.
Vous avez vu
comme se balance
Entre les allées de briques
le visage strié de l’ennui pendu,
tandis que sur le cou écumeux
des rivières bondissantes,
les ponts tordent leurs bras de pierre.
Le ciel pleure
avec bruit,
sans retenue,
et le petit nuage
a au coin de la bouche,
une grimace fripée,
comme une femme dans l’attente d’un enfant
à qui dieu aurait jeté un idiot bancroche.
De ses doigts enflés couverts de poils roux,
le soleil vous a épuisé de caresses,
importun comme un bourdon.
Vos âmes sont asservies de baisers.
Moi, intrépide,
je porte aux siècles ma haine des rayons du jour;
l’âme tendue comme un nerf de cuivre,
je suis l’empereur des lampes.
Venez à moi,
vous tous
qui avez déchiré le silence,
qui hurlez,
le cou serré dans les nœuds coulants de midi.
Mes paroles,
simples comme un mugissement,
vous révéleront
nos âmes nouvelles,
bourdonnantes
comme l’arc électrique.
De mes doigts je n’ai qu’à toucher vos têtes,
et il vous poussera
des lèvres
faites pour d’énormes baisers
et une langue
que tous les peuples comprendront.
Mais moi, avec mon âme boitillante,
je m’en irai vers mon trône
sous les voûtes usées, trouées d’étoiles.
Je m’allongerai,
lumineux,
revêtu de paresse,
sur une couche moelleuse de vrai fumier,
et doucement,
baisant les genoux des traverses,
la roue d’une locomotive étreindra mon cou.

1913

Vladimir Maïakovski

Traduit du russe par Claude Friou

 

 

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Close Your Eyes

23 Octobre 2019, 01:56am

Publié par vertuchou

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