Coups de cœur
Virgilianes XI
sommes-nous
cette fable
que notre corps
raconte
sommes-nous
le mot de l'énigme
un presque vivre
ou un presque mourir
quelque chose d'étrange
entre Dieu et poussière
sommeil
comme désert
ou village
sous la neige
Raymond Farina
Le plus difficile, pour le poète
« Le plus difficile, pour le poète, c’est de rester continuellement
sur ce fil qu’est l’écriture, de vivre chaque heure de sa vie
à hauteur du rêve, de ne jamais redescendre,
ne serait-ce qu’un instant, de la corde de son imaginaire.
En vérité, le plus difficile, c’est de devenir un funambule du verbe. »
Maxence Fermine, Neige
Soyez inexorable
Soyez inexorable
L'amour est inévitable...
Un amant bien traité se rend insupportable ;
Il néglige l'objet dont son coeur est charmé ;
De tous les petits soins il devient incapable :
Un amant sûr d'être aimé
Cesse toujours d'être aimable.
Soyez inexorable
L'amour est inévitable...
S'il faut pour un berger brûler d'un feu semblable
A celui dont son coeur nous paraît consumé,
Par de feintes rigueurs rendons-le misérable :
Un amant sûr d'être aimé
Cesse toujours d'être aimable.
Soyez inexorable
L'amour est inévitable...
Elle - Pourquoi du plaisir d'aimer faut-il faire une affaire ?
Quels bergers en font autant dans l'ingrat siècle où nous sommes ?
Soyez inexorable
L'amour est inévitable...
Antoinette de Lafon de Boisguérin des Houlières ou Deshoulières
Pièces de Violle
Mr. De Machy: Pieces de Violle (Suite de danses, Paris, 1685), par Jordi Saval
1695
1695
There is a solitude of space
A solitude of sea
A solitude of death, but these
Society shall be
Compared with that profounder site
That polar privacy
A soul admitted to itself—
Finite Infinity.
*
Il y a une solitude de l'espace
Une solitude de la mer
Une solitude de la mort, mais toutes
seront nombreuses
Comparées à ce lieu plus profond
A cette intimité polaire
Une âme qui se reconnaît elle-même—
Infinité finie.
Emily Dickinson
Jour naissant
Quand la fente de la nuit révèle l’aube
le vent s’amuse à tresser les cheveux des arbres
il joue avec le restant d’étoiles
Toi tu poses ton pied dans le jour
tu picores l’ombre
tu pourfends les fumées de l’âme
tu es dans cet intervalle un homme de trop
Tu illumines la poussière du temps
tu étreins l’arbre
et le jour fleurit dans ta main
Jean-Pierre Brèthes
A présent elle sait...
A présent elle sait enfin pourquoi elle vit:
parce qu'elle devait -le-rencontrer.
Dans les heures sombres de désespoir,
elle s'est souvent demandé pourquoi
elle était venue sur terre.
Elle en voulait à ses parents de l'avoir mise au monde.
Ce monde qui lui semblait hostile et dur.
Elle est tellement émue qu'il lui soit apparu
qu'elle en mourrait volontiers sur le champ.
Rien n'existe pour elle de plus grandiose
et de plus excitant
que la contemplation de cet étranger.
Pour la première fois de sa vie,
elle aime quelqu'un qui n'est pas son père.
Unica Zürn Sombre printemps -
Acanthus
Pantoum
Au clair soleil de la jeunesse,
Pauvre enfant d'été, moi, j'ai cru.
- Est-il sûr qu'un jour tout renaisse,
Après que tout a disparu ?
Pauvre enfant d'été, moi, j'ai cru !
Et tout manque où ma main s'appuie.
- Après que tout a disparu
Je regarde tomber la pluie.
Et tout manque où ma main s'appuie.
Hélas ! les beaux jours ne sont plus.
- Je regarde tomber la pluie...
Vraiment, j'ai vingt ans révolus.
Louisa Pène-Siefert