je suis un mensonge...
Jean Cocteau
Coups de cœur
Jean Cocteau
Pour que l'amour me quitte
Enzo Pietropaoli Quartet
J'ai la beauté facile et c'est heureux.
Je glisse sur les toits des vents
Je glisse sur le toit des mers
Je suis devenue sentimentale
Je ne connais plus le conducteur
Je ne bouge plus soie sur les glaces
Je suis malade fleurs et cailloux
J'aime le plus chinois aux nues
J'aime la plus nue aux écarts d'oiseau
Je suis vieille mais ici je suis belle
Et l'ombre qui descend des fenêtres profondes
Épargne chaque soir le coeur noir de mes yeux.
Paul ÉLUARD
Un poète doit être toujours amoureux jusqu'à la dernière minute de sa vie
Pablo Neruda
Ce souvenir, je te l'rends
Des souvenirs tu sais, j'en ai tellement
Puisqu'on repart toujours à zéro
Pas la peine de s'charger trop
Ce souvenir je te l'prends
Des souvenirs comme ça, j'en veux tout l'temps
Si par erreur la vie nous sépare
Je l'sortirai d'mon tiroir
J'rêve les yeux ouverts, ça m'fait du bien
Ça n'va pas plus loin
J'veux pas voir derrière puisque j'en viens
Vivement demain
Mon bonheur te ressemble
Tous les deux vous allez bien ensemble
J'te l'dirai jamais, jamais assez
Tout c'que tu fais m'fait d'l'effet
J'rêve les yeux ouverts, ça m'fait du bien
Ça n'va pas plus loin
J'veux pas voir derrière puisque j'en viens
Vivement demain
Un dernier verre de sherry
De chéri mon amour, comme je m'ennuie
Tous les jours se ressemblent à présent
Tu me manques terriblement..
Enzo Enzo
Sonnet
Elle feint de m'aimer, pleine de mignardise,
Soupirant après moi, me voyant soupirer,
Et par de feintes pleurs témoigne d'endurer
L'ardeur que dans mon âme elle connaît éprise.
Le plus accort amant, lorsqu'elle se déguise,
De ses trompeurs attraits ne se peut retirer :
Il faut être sans coeur pour ne point désirer
D'être si doucement déçu par sa feintise.
Je me trompe moi-même au faux bien que je vois,
Et mes contentements conspirent contre moi.
Traîtres miroirs du coeur, lumières infidèles,
Je vous reconnais bien et vos trompeurs appas :
Mais que me sert cela, puisqu'Amour ne veut pas,
Voyant vos trahisons, que je me garde d'elles ?
Honoré d'Urfé
Marin Marais (1656 - 1728)
Les couplets de Folies
(Livre de Pièces de Viole)
Soliste : Philippe Foulon
Orchestre: & Lacrimæ Consort
Si vous me demandez où j'étais
je dois dire : « Il arrive que ».
Je dois parler du sol que les pierres obscurcissent,
du fleuve qui en se prolongeant se détruit :
je ne connais que les choses perdues par les oiseaux,
la mer laissée en arrière, ou ma soeur qui pleure.
Pourquoi tant de régions. pourquoi un jour
se joint-il à un jour ? Pourquoi une nuit noire
s'accumule-t-elle dans la bouche ? Pourquoi des morts ?
Si vous me demandez d'où je viens, je dois parler
avec les choses brisées,
avec des ustensiles trop amers,
avec de grandes bêtes souvent pourries
et avec mon coeur tourmenté.
Ce ne sont pas les souvenirs qui se sont croisés
ni la colombe jaunâtre qui dort dans l'oubli,
mais des visages avec des larmes,
des doigts dans la gorge,
et ce qui s'effondre des feuilles :
l'obscurité d'un jour écoulé,
d'un jour nourri de notre triste sang.
Voici des violettes, des hirondelles,
tout ce que nous aimons et qui figure
sur de douces cartes à longue traîne
où se promènent le temps et la douceur.
Mais ne pénétrons pas au-delà de ces dents,
ne mordons pas aux écorces que le silence accumule,
car je ne sais que répondre :
il y a tant de morts,
et tant de jetées que le soleil rouge transperçait,
et tant de têtes qui frappent les bateaux
et tant de mains qui ont enfermé des baisers,
et tant de choses que je veux oublier
Pablo Neruda
Alan Mac Donald
Messenger
huile sur lin
60 cm x 80cm
Le poème, seul, est en chemin, dans le secret de la rencontre.
Paul CELAN