Par les temps qui courent
Par les temps qui courent,
Les jours paraissent courts.
Par les semaines qui trottent,
Ce sont des heures qu’on grignote.
Par les mois qui galopent
L’année est finie ! Hop !
François David
Coups de cœur
Par les temps qui courent,
Les jours paraissent courts.
Par les semaines qui trottent,
Ce sont des heures qu’on grignote.
Par les mois qui galopent
L’année est finie ! Hop !
François David
Une fleur me fut offerte
telle que mai n'en apporta jamais;
je dis alors "j'ai un joli rosier"
et négligeai la douce fleur.
J'allai à mon joli rosier
et lui donnai mes soins jour et nuit;
mais ma rose se détourna jalouse
et ses épines furent mes seuls délices
William Blake
Je frémissais, je ne savais pas pourquoi.
Je n’avais pas froid.
Un fantôme était-il passé par là ?
Non, c’était, la poésie.
Je venais de découvrir une façon d’être heureuse.
Sylvia Plath
Ce n'est pas la beauté que j'ai trouvée ici,
ayant loué cette cabine de seconde
débarqué à Palerme, oublié mes soucis,
mais celle qui s'enfuit, la beauté de ce monde.
L'autre, je l'ai peut-être vue en ton visage
mais notre cours aura ressemblé à ces eaux
qui tracent leurs grands hiéroglyphes sur les plages
au sud de Naples, et que l'été boit aussitôt,
signes légers que l'on récrit sur les portières.
Elle n'est pas donnée à nous qui la forçons,
pareils à des aventuriers sur les frontières,
à des avares qui ont peur de la rançon.
Elle n'est pas non plus donnée aux lieux étranges
mais peut-être à l'attente, au silence discret,
à celui qui est oublié dans les louanges
et simplement accroît son amour en secret.
Philippe Jaccottet
Horloge! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit: Souviens-toi!
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d’effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible;
Le Plaisir vaporeux fuira vers l’horizon
Ainsi qu’une sylphide au fond de la coulisse;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.
Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote Souviens-toi! — Rapide, avec sa voix
D’insecte, Maintenant dit Je suis Autrefois,
Et j’ai pompé ta vie avec ma trompe immonde!
Remember! Souviens-toi! prodigue! Esto memor!
(Mon gosier de métal parle toutes les langues)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu’il ne faut pas lâcher sans en extraire l’or!
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup! c’est la loi
Le jour décroît; la nuit augmente, souviens-toi!
Le gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide.
Tantôt sonnera l’heure où le divin Hasard,
Où l’auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le Repentir même (oh! la dernière auberge!),
Où tout te dira Meurs, vieux lâche! il est trop tard!
Charles Baudelaire
Ils sortirent ensemble, il lui prit le bras et ils marchèrent un peu, sans un mot. L’automne montait au cœur de Paule avec une grande douceur. Les feuilles mouillées, roussies, piétinées, accrochées les unes aux autres, se mélangeaient lentement à la terre. Elle se sentit une sorte de tendresse pour cette silhouette silencieuse qui lui tenait le bras. Cet inconnu devenait pour quelques minutes un compagnon, quelqu’un avec qui l’on marche dans une allée déserte, à la fin d’une année. Elle avait toujours éprouvé de la tendresse pour ses compagnons, qu’ils fussent de promenade ou de vie…
Françoise Sagan, Aimez-vous Brahms...
Musique est ton sourire
C'est pourquoi je suis absolument fou
De tes lèvres.
Tes yeux, quiétude du jardin à midi,
Je leur serai toujours gré
De pouvoir enfin m'endormir
Avec un sourire d'enfant.
Tes seins,vent fougueux
J'en suis le dompteur:
Que de fois dans mes rêves ont-ils
Galopé tel deux poulains ,
Et moi fouettant l'air
Par mon halètement .
Tes sentiers me comblent
Mais je ne parviens toujours pas à comprendre
Comment tu n'as jamais raté sept heure ?
Essaies de louper le rendez-vous
Ne serait-ce qu'une fois
Pour que je puisse penser au suicide !
Yassin Adnan