Un concert pour Mazarin
Philippe Jaroussky Un Concert pour Mazarin, /Ensemble La Fenice, dircetion Jean Tubery
Coups de cœur
Philippe Jaroussky Un Concert pour Mazarin, /Ensemble La Fenice, dircetion Jean Tubery
Il est parti me regardant
Et mettant
Sa main sur mon front
Mais je savais déjà quels pensers si profonds
Unissaient sa vie
A ma vie.
Il est parti me regardant
Et portant
Ses doigts à ses yeux
Mais je savais déjà quels regardes très bien
Unissaient sa vie
A ma vie.
Il est parti me regardant
Et posant
Ses doigts sur mes lèvres
Mais je savais déjà quelles longues fièvres
Unissaient sa vie
A ma vie.
Il est parti en me regardant
Et plaçant
Sa main sur son cœur
Puis il a clos les yeux... Dès lors, je sais l'ardeur
Qui scelle sa vie
A ma vie
Ernest Ganay
Ce n'est pas d'amour que je me meurs, je me meurs de toi.
Je meurs de toi, mon amour, de l'amour pour toi,
de l'urgence de ma peau pour ta peau,
de mon âme pour toi et de ma bouche
et de mon sale caractère quand tu n'y es pas.
Je meurs de toi et de moi, je meurs de nous deux,
de nous, de celui
qui est déchiré, morcelé,
je me meurs, je te meurs, nous en mourons.
Nous mourons dans ma chambre où je suis seul,
dans mon lit où tu n'es pas,
dans mon lit où mon bras est vide,
au cinéma et dans les parcs, dans les trams,
dans les lieux où mon épaule a les habitudes de ta tête
et ma main la tienne
et je te sais comme moi-même.
Nous mourons là où j'ai permis qu'il y ait de l'air
pour que tu sois hors de moi,
et là où l'air s'achève
quand je te revêts de ma peau
et nous nous connaissons en nous-mêmes, sépares du monde
heureuse, pénétrée, et bien sûr, interminable.
Nous mourons, nous le savons, les autres l'ignorent, mais nous nous mourons
tous les deux, maintenant, séparés,
l'un de l'autre, chaque jour,
à tomber dans des statues multiples,
dans des gestes que nous ne voyons pas,
dans nos mains qui ont besoin de nous.
Nous nous mourons, mon amour, je meurs dans ton ventre
que je ne mords ni n'embrasse,
entre tes cuisses si douces et vives,
dans ta chair sans fin, je meurs des masques,
des triangles obscurs et incessants.
Je me meurs de mon corps et de ton corps,
de notre mort, mon amour, je meurs, nous mourons.
Dans le puits de l'amour à toute heure,
inconsolable, en criant,
à l'intérieur de moi-même, je veux le dire, je t'appelle,
ceux qui naissent t'appellent, ceux qui viennent
d'avant nous, de toi, ceux qui viennent vers toi.
Nous nous mourons, mon amour, et nous ne faisons rien d'autre
que nous mourir encore plus, heure après heure,
et nous écrire et nous parler et nous mourir.
Jaime Sabines
No es que muera de amor, muero de ti.
Muero de ti, amor, de amor de ti,
de urgencia mía de mi piel de ti,
de mi alma, de ti y de mi boca
y del insoportable que yo soy sin ti.
Muero de ti y de mi, muero de ambos,
de nosotros, de ese,
desgarrado, partido,
me muero, te muero, lo morimos.
Morimos en mi cuarto en que estoy solo,
en mi cama en que faltas,
en la calle donde mi brazo va vacío,
en el cine y los parques, los tranvías,
los lugares donde mi hombro
acostumbra tu cabeza
y mi mano tu mano
y todo yo te sé como yo mismo.
Morimos en el sitio que le he prestado al aire
para que estés fuera de mí,
y en el lugar en que el aire se acaba
cuando te echo mi piel encima
y nos conocemos en nosotros,
separados del mundo, dichosa, penetrada,
y cierto , interminable.
Morimos, lo sabemos, lo ignoran, nos morimos
entre los dos, ahora, separados,
del uno al otro, diariamente,
cayéndonos en múltiples estatuas,
en gestos que no vemos,
en nuestras manos que nos necesitan.
Nos morimos, amor, muero en tu vientre
que no muerdo ni beso,
en tus muslos dulcísimos y vivos,
en tu carne sin fin, muero de máscaras,
de triángulos oscuros e incesantes.
Muero de mi cuerpo y de tu cuerpo,
de nuestra muerte ,amor, muero, morimos.
En el pozo de amor a todas horas,
inconsolable, a gritos,
dentro de mi, quiero decir, te llamo,
te llaman los que nacen, los que vienen
de atrás, de ti, los que a ti llegan.
Nos morimos, amor, y nada hacemos
sino morirnos más, hora tras hora,
y escribirnos y hablarnos y morirnos.
No tengo letra ni música, soy el veloz viento que nadie ve pasar, me llaman poesía.
Je n’ai ni paroles ni musique, je suis le vent véloce que personne ne voit passer, on m’appelle poésie.
Miguel Oscar Menassa
J’aime les encres
Encre furtives
Des ciels changeants
Encre fautives
Des jours indigents
Encres de brume
Ou de clarté
Encres d’amertume
Aux cris des cités
Ah pourvu mon ami
Qu’à la pointe de la plume
Sourde une perle de rosée
Avant d’être goutte de sang
Vous mes encres providentielles
Rayons de toutes couleurs
Ouvrez-moi la chanson
La chanson grise la chanson rose
Encre d’écolier encre rouge et noire
S’il est encore un espoir
Je le cueillerai
Tout au fond de l’encrier
Claude Haller
"Someday my prince will come" Frank Churchill (musique), et Larry Morey (paroles) 1937
Il faut que je trouve les mots
et les moments
tous les mots mentent
mais ceux qui sont écrits restent
mais ceux qui sont écrits restent
Il faut que je trouve les mots
les mots me prennent par la main
comme si tu prenais la mienne
comme si je prenais la tienne
Il faut que je trouve les mots
au fil des soirs au fond des chopes
où se bâtit le rêve au fil des rues
où je m'égare oui je m'égare
Il faut que je trouve les mots
au fil de mon espérance
au fil de tes yeux ma vie au fil des silences
le secret des mots
où se cache le monde
où se cache ton monde
Il faut que je trouve les mots
tous ceux que tu me donneras peut-être
tous ceux que l'on a lus
tous ceux qu'on a perdu
Il faut que je trouve les mots
précieux comme le jour
précieux comme le rire
précieux comme le rêve
précieux comme l'amour
précieux comme l'amour
Il faut que je trouve les mots
à ne plus savoir comment les écrire
à ne plus savoir que les chanter
comme un poème
pour toi
Rémi Arnaud
Ode
I
Le Temps ne surprend pas le sage ;
Mais du Temps le sage se rit,
Car lui seul en connaît l'usage ;
Des plaisirs que Dieu nous offrit,
Il sait embellir l'existence ;
Il sait sourire à l'espérance,
Quand l'espérance lui sourit.
II
Le bonheur n'est pas dans la gloire,
Dans les fers dorés d'une cour,
Dans les transports de la victoire,
Mais dans la lyre et dans l'amour.
Choisissons une jeune amante,
Un luth qui lui plaise et l'enchante ;
Aimons et chantons tour à tour !
III
" Illusions ! vaines images ! "
Nous dirons les tristes leçons
De ces mortels prétendus sages
Sur qui l'âge étend ses glaçons ; "
" Le bonheur n'est point sur la terre,
Votre amour n'est qu'une chimère,
Votre lyre n'a que des sons ! "
IV
Ah ! préférons cette chimère
A leur froide moralité ;
Fuyons leur voix triste et sévère ;
Si le mal est réalité,
Et si le bonheur est un songe,
Fixons les yeux sur le mensonge,
Pour ne pas voir la vérité.
V
Aimons au printemps de la vie,
Afin que d'un noir repentir
L'automne ne soit point suivie ;
Ne cherchons pas dans l'avenir
Le bonheur que Dieu nous dispense ;
Quand nous n'aurons plus l'espérance,
Nous garderons le souvenir.
VI
Jouissons de ce temps rapide
Qui laisse après lui des remords,
Si l'amour, dont l'ardeur nous guide,
N'a d'aussi rapides transports :
Profitons de l'adolescence,
Car la coupe de l'existence
Ne pétille que sur ses bords !
Gérard de Nerval