Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Vertuchou.over-blog.com

J'aurai rêvé ma vie

31 Décembre 2019, 01:46am

Publié par vertuchou

J'aurai rêvé ma vie à l'instar des rivières
Vivant en même temps la source et l'océan
Sans pouvoir me fixer même un mince moment
Entre le monde la plaine et les plages dernières.

Suis-je ici, suis-je là ? Mes rives coutumières
Changent de part et d'autres et me laissent errant.
Suis-je l'eau qui s'en va, le nageur descendant
Plein de trouble pour tout ce qu'il laisse derrière ?

Ou serai-je plutôt sans même le savoir
Celui qui dans la nuit n' a plus que la ressource
De chercher l'océan du côté de la source
Puisqu'est derrière lui le meilleur de l'espoir ?

Jules Supervielle

Voir les commentaires

Agitata infidu flatu

30 Décembre 2019, 01:54am

Publié par vertuchou

Voir les commentaires

Cantique d'été XXVII

29 Décembre 2019, 02:02am

Publié par vertuchou

J'ai broyé entre mes dents les tiges des
bromes tandis que, couchée au bord du
sentier, je regardais courir les grosses
fourmis noires.

Je serre entre mes dents les mèches
blondes désordonnées tandis qu'allongée
près de toi^ dans le miroir profond de tes
yeux je regarde surgir par des venelles où
s'écrasent des roses, les désirs fous qui se
heurtent et se pressent.

La tige des bromes est sucrée, mais tes
cheveux ont l'arôme que prend au fond des
boîtes de laque, le thé noir et précieux.

Marguerite Burnat-Provins

Voir les commentaires

Mon cher amour, mon doux amour,

28 Décembre 2019, 01:39am

Publié par vertuchou

Mon cher amour, mon doux amour,

Je suis encore couché aujourd’hui. Je viens de faire un rêve merveilleux, un de ses rêves de jour où les émotions physiques vous laissent au réveil toute la part du désir — et le désir qu’on traîne, ensuite, éveillé, ressemble tellement au plaisir du rêve. J’étais étendu sur un lit à côté d’un homme que je ne suis pas sûr d’identifier, mais un homme soumis, rêveur depuis toujours et pour toujours et silencieux. Je lui tourne le dos. Et tu viens t’allonger contre moi, énamourée, et tu me baises les lèvres doucement, très doucement et je caresse sous ta robe tes seins fluides et si vivants. Et tout doucement, ta main par-dessus moi, va chercher l’autre personnage et s’impose à son s*xe. Je vois cela dans tes yeux qui se troublent lentement, de plus en plus. Et ton baiser devient plus chaud, plus humide, et tes yeux s’ouvrent de plus en plus. La vie de l’autre passe en toi et, bientôt, c’est comme si tu br*nlais un mort. Je m’éveille, grisé légèrement, incapable de renoncer à ce plaisir.

Il faut avouer que le retour à Arosa ne m’apparaît pas triste, que ce n’est d’ailleurs pas un retour à Arosa, mais un retour à toi, par conséquent à mon amour. Par conséquent, je n’ai qu’une envie : te voir, te toucher, te baiser, te parler, t’admirer, te caresser, t’adorer, te regarder, je t’aime, je t’aime toi seulement, la plus belle et dans toutes les femmes je ne trouve que toi : toute la Femme, tout mon amour si grand, si simple

[...] En tout cas, ce qui est, c’est que votre image ne me quitte pas une minute, que je vous aime en tout : en vous, en toute chair aussi, en tout amour. Je suis votre mari pour toujours,

Paul.

Lettre de Paul Eluard à Helena Diakonova qu’il surnomme Gala

Voir les commentaires

A la voix de Kathleen Ferrier

27 Décembre 2019, 01:19am

Publié par vertuchou

Toute douceur toute ironie se rassemblaient
Pour un adieu de cristal et de brume,
Les coups profonds du fer faisaient presque silence,
La lumière du glaive s’était voilée.

Je célèbre la voix mêlée de couleur grise
Qui hésite aux lointains du chant qui s’est perdu
Comme si au delà de toute forme pure
Tremblât un autre chant et le seul absolu.

O lumière et néant de la lumière, ô larmes
Souriantes plus haut que l’angoisse ou l’espoir,
O cygne, lieu réel dans l’irréelle eau sombre,
O source, quand ce fut profondément le soir !

Il semble que tu connaisses les deux rives,
L’extrême joie et l’extrême douleur,
Là-bas, parmi ces roseaux gris dans la lumière,
Il semble que tu puises de l’éternel.

Yves Bonnefoy

Voir les commentaires

Like Someone in Love

26 Décembre 2019, 01:23am

Publié par vertuchou

Voir les commentaires

Ode sur la mélancolie

25 Décembre 2019, 02:06am

Publié par vertuchou

Non, non ! ne va point au Léthé, ni consommer
Le vin vénéneux de l'aconit aux fortes racines ;
Ne souffre pas non plus à ton front pâle le baiser
De la belladone, raisin vermeil de Proserpine ;
Ne te fais pas un chapelet des baies de l'if ;
Que ni le carabe ni le sphinx tête de mort
Ne soient ta lugubre Psyché, ni l'effraie duvetée
Une compagne à tes mystères douloureux ;
Ou l'ombre s'unira à l'ombre sommeilleuse
Pour noyer en ton âme l'angoisse qui veillait.

Mais quand du haut des cieux l'accès de mélancolie
Soudain s'abattra comme une nuée de larmes,
Redonnant vigueur aux fleurs qui ployaient,
Couvrant le vert coteau d'un suaire d'avril,
Qu'une rose du matin rassasie ton chagrin,
Ou l'arc-en-ciel naissant de la vague et du sable,
Ou la profusion des globes de pivoines ;
Que si quelque courroux embellit ta maîtresse,
Tiens serrée sa main douce et permets son délire,
Buvant profond, profond dans ses yeux sans pareils.

Elle demeure en la Beauté – Beauté qui doit périr ;
Et en la Joie, dont la main à ses lèvres à lui
Pour toujours dit adieu ; auprès du douloureux Plaisir,
Un poison que sa bouche, comme une abeille, aspire ;
Oui, c'est dans le temple même des Délices
Que se cache l'autel de la Mélancolie :
Seul le voit celui qui d'une langue énergique
À son palais délicat fait éclater les raisins de la Joie :
Son âme goûtera de Mélancolie le triste pouvoir,
Appendue parmi ses nuageux trophées

John Keats

Voir les commentaires

La poésie, comme le soleil,

24 Décembre 2019, 01:32am

Publié par vertuchou

La poésie, comme le soleil, met de l'or sur le fumier.

Tant pis pour ceux qui ne le voient pas.

Gustave Flaubert.

Voir les commentaires

Un soir

23 Décembre 2019, 01:02am

Publié par vertuchou

Il y a eu cet orage de tropique
parmi les flamboyants du plaisir
la vitre battant sur des chevelures immenses
la pluie cisaillée d'étoiles
la lumière avalée à plein ventre
à plein gosier à plein sang.

Il y a eu cette heure
d'anthracite et d'argent sous les tentures
des baisers de couteaux des rires de poudre
les niveaux de sang reversés l'un dans l'autre
 
Il y a eu
le pays sans cloison le regard sans clôture
clouant la nuque stupéfaite.
Et cette eau tendre aux nervures du corps
la fièvre du rideau calmée
la housse de nuit
sur nous bénis.

Claudine Chonez

 

Voir les commentaires

Saint-Tropez

22 Décembre 2019, 02:12am

Publié par vertuchou

Moïse Kisling, Saint-Tropez, 1918, huile sur toile, 65,2 x 54,2 cm

Moïse Kisling, Saint-Tropez, 1918, huile sur toile, 65,2 x 54,2 cm

Voir les commentaires

1 2 3 4 > >>