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Vertuchou.over-blog.com

Le chat

31 Juillet 2018, 02:09am

Publié par vertuchou

Au sentiment, à la tendresse
Le chien joint la fidélité.
Le chat plaît par sa gentillesse.
Les grâces et l'agilité ;
En ses yeux brille un caractère
Tout à la fois plaisant et fin:
Dans l'art d'amuser le parterre
Il fut le maître de Carlin.
           
Contre des animaux paisibles
Le chien en plaine prend l'essor.
Contre des animaux nuisibles
Le chat nous sert bien mieux encor.
Quel prix n'auraient point ses services
Si, de ces êtres pleins d'appas,
Adorés, malgré leurs caprices,
Il pouvait prendre tous les rats.
           
Mais chat joli, femme jolie,
Toujours entre eux vivront en paix ;
Ruse, détour, plaisir, folie,
Pour tous deux ont mêmes attraits.
Voyez-vous comment la coquette
En use avec ses favoris ?
Elle les joue, elle les traite
Comme le chat fait la souris.
           
Le chat est friand ; et les belles
Partagent ce charmant défaut:
Il est amoureux; et près d'elles
L'est-on jamais plus qu'il ne faut?
D'amour le chat est leur modèle ;
Aussi, quand l'amant délicat
En obtient le prix de son zèle,
C'est toujours :
Mon cœur ou mon chat.
           
Ce mot-là, dis-le-moi sans cesse,
Eglé ! mais ne le dis qu'à moi.
Qu'il rend bien cette douce ivresse
Que je ne sens qu'auprès de toi !
De Minette offre-moi les charmes ;
Mais point de ses malins retours :
Pour mes rivaux garde ses armes ;
Fais pour moi patte de velours.
           
Louis Philipon De La Madelaine (1734-1818)  

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Je te dis que tu es amoureux

30 Juillet 2018, 02:32am

Publié par vertuchou

"Je te dis que tu es amoureux. Tu parles d'elle avec une emphase de poète et un lyrisme de troubadour. Allons, descends en toi, tâte ton coeur et avoue. ” Servigny fit quelques pas sans rien répondre, puis reprit :
“ C'est possible, après tout. Dans tous les cas, elle me préoccupe beaucoup. Oui, je suis peut-être amoureux. J'y songe trop.
Je pense à elle en m'endormant et aussi en me réveillant... c'est assez grave. Son image me suit, me poursuit, m'accompagne sans cesse, toujours devant moi, autour de moi, en moi. Est-ce de l'amour, cette obsession physique? Sa figure est entrée si profondément dans mon regard que je la vois sitôt que je ferme les yeux. J'ai un battement de coeur chaque fois que je l'aperçois, je ne le nie point. Donc je l'aime, mais drôlement. Je la désire avec violence, et l'idée d'en faire ma femme me semblerait une folie, une stupidité, une monstruosité. J'ai un peu peur d'elle aussi, une peur d'oiseau sur qui plane un épervier. Et je suis jaloux d'elle encore, jaloux de tout ce que j'ignore dans ce cœur incompréhensible. Et je me demande toujours: “ Est-ce une gamine charmante ou une abominable coquine? ” Elle dit des choses à faire frémir une armée ; mais les perroquets aussi.

Guy de Maupassant. La Maison Tellier

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L'amour à pas de loup

29 Juillet 2018, 02:16am

Publié par vertuchou

L’amour s’est arrêté chez nous
Et il a demandé asile
Il était frêle et bien chétif
Et son regard était si doux
Porteur des palmiers bleus des îles
De lunes bleues et de récifs

Il était frêle et bien chétif
Et son regard était si doux
Il a pris pied sur ma presqu’île
Abandonnant son frêle esquif
Et je me suis mise à genoux
Caressant des rêves fragiles

Porteur des palmiers bleus des îles
Et d’un bonheur trop fugitif
Il a comblé mes espoirs fous
Inondant d’un parfum subtil
Mon âme nue, mon cœur captif
Je l’ai suivi à pas de loup

Isabelle Fable

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Turiya And Ramakrishna

28 Juillet 2018, 02:36am

Publié par vertuchou

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Depuis six mille ans la guerre

27 Juillet 2018, 02:09am

Publié par vertuchou

Depuis six mille ans la guerre
Plait aux peuples querelleurs,
Et Dieu perd son temps à faire
Les étoiles et les fleurs.

Les conseils du ciel immense,
Du lys pur, du nid doré,
N’ôtent aucune démence
Du coeur de l’homme effaré.

Les carnages, les victoires,
Voilà notre grand amour ;
Et les multitudes noires
Ont pour grelot le tambour.

La gloire, sous ses chimères
Et sous ses chars triomphants,
Met toutes les pauvres mères
Et tous les petits enfants.

Notre bonheur est farouche ;
C’est de dire : Allons ! mourons !
Et c’est d’avoir à la bouche
La salive des clairons.

L’acier luit, les bivouacs fument ;
Pâles, nous nous déchaînons ;
Les sombres âmes s’allument
Aux lumières des canons.

Et cela pour des altesses
Qui, vous à peine enterrés,
Se feront des politesses
Pendant que vous pourrirez,

Et que, dans le champ funeste,
Les chacals et les oiseaux,
Hideux, iront voir s’il reste
De la chair après vos os !

Aucun peuple ne tolère
Qu’un autre vive à côté ;
Et l’on souffle la colère
Dans notre imbécillité.

C’est un Russe ! Egorge, assomme.
Un Croate ! Feu roulant.
C’est juste. Pourquoi cet homme
Avait-il un habit blanc ?

Celui-ci, je le supprime
Et m’en vais, le coeur serein,
Puisqu’il a commis le crime
De naître à droite du Rhin.

Rosbach ! Waterloo ! Vengeance !
L’homme, ivre d’un affreux bruit,
N’a plus d’autre intelligence
Que le massacre et la nuit.

On pourrait boire aux fontaines,
Prier dans l’ombre à genoux,
Aimer, songer sous les chênes ;
Tuer son frère est plus doux.

On se hache, on se harponne,
On court par monts et par vaux ;
L’épouvante se cramponne
Du poing aux crins des chevaux.

Et l’aube est là sur la plaine !
Oh ! j’admire, en vérité,
Qu’on puisse avoir de la haine
Quand l’alouette a chanté.

Victor Hugo

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Il y a tant de choses

26 Juillet 2018, 01:51am

Publié par vertuchou


Il y a tant de choses entre le ciel et la terre

que les poètes sont seuls à avoir rêvées.

Friedrich Nietzsche

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Un autre répit

25 Juillet 2018, 02:15am

Publié par vertuchou

à L. B.

 

Appuie ta tête sur mon épaule:

que je te caresse d'un geste lent,

comme si ma main accompagnait

une longue aiguillée invisible.

Pas uniquement sur ta tête : sur chaque visage

se plaignant d'être tourmenté et fatigué

descendent mes caresses aveugles,

comme des feuilles d'automne jaunies

dans une mare qui reflète le ciel.

 
Milan, 23 avril 1929


Antonia Pozzi

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Le mouton

24 Juillet 2018, 02:09am

Publié par vertuchou

Franz Marc,  Le mouton, 1913 / 1914, huile sur toile, 54.5 cm x 77 cm

Franz Marc, Le mouton, 1913 / 1914, huile sur toile, 54.5 cm x 77 cm

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A ma femme endormie

23 Juillet 2018, 02:44am

Publié par vertuchou

Tu dors en croyant que mes vers
Vont encombrer tout l'univers
De désastres et d'incendies ;
Elles sont si rares pourtant
Mes chansons au soleil couchant
Et mes lointaines mélodies.

Mais si je dérange parfois
La sérénité des cieux froids,
Si des sons d'acier ou de cuivre
Ou d'or, vibrent dans mes chansons,
Pardonne ces hautes façons,
C'est que je me hâte de vivre.

Et puis tu m'aimeras toujours.
Éternelles sont les amours
Dont ma mémoire est le repaire ;
Nos enfants seront de fiers gas
Qui répareront les dégâts,
Oue dans ta vie a faits leur père.

Ils dorment sans rêver à rien,
Dans le nuage aérien
Des cheveux sur leurs fines têtes ;
Et toi, près d'eux, tu dors aussi,
Ayant oublié, le souci
De tout travail, de toutes dettes.

Moi je veille et je fais ces vers
Qui laisseront tout l'univers
Sans désastre et sans incendie ;
Et demain, au soleil montant
Tu souriras en écoutant
Cette tranquille mélodie.

Charles Cros

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elle me sortait d’un monde où je n’avais pas vécu

22 Juillet 2018, 02:29am

Publié par vertuchou

Elle me sortait d’un monde où je n’avais pas vécu pour me lancer dans un monde où je ne vivais pas encore; les lèvres entrouvrirent les miennes, mouillèrent mes dents. La langue trop charnue m’effraya : le sexe étrange n’entra pas. J’attendais absente et recueillie. Les lèvres se promenèrent sur mes lèvres. Mon cœur battait trop haut et je voulais retenir ce scellé de douceur, ce frôlement neuf. Isabelle m’embrasse, me disais-je. Elle traçait un cercle autour de ma bouche, elle encerclait le trouble, elle mettait un baiser frais dans chaque coin, elle déposait 2 notes piquées, elle revenait, elle hivernait. Mes yeux étaient gros d’étonnement sous mes paupières, la rumeur des coquillages trop vaste. Isabelle continua : nous descendions nœud après nœud dans une nuit au-delà de la nuit du collège, au delà de la nuit de la ville, au delà de la nuit du dépôt des tramways. Elle avait fait son miel sur mes lèvres, les sphinx se rendormaient.

Violette Leduc, la bâtarde

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