Coups de cœur
C’était le moment critique
C’était le moment critique.
Tout au long jusqu’alors
Avait eu lieu un temps atone, un temps muet…
Alors la seconde hésita, stoppa, frappa son dernier coup.
Une autre avait commencé
Et simultanément une âme
Etait partie sans qu’on la vît.
Emily Dickinson
La poésie est le miroir
La poésie est le miroir brouillé de notre société.
Et chaque poète souffle sur ce miroir : son haleine différemment l’embue.
Louis Aragon
With all my love
Les nymphes
Oui, des lèvres aussi, des lèvres savoureuses
Mais d’une chair plus tendre et plus fragile encor
Des rêves de chair rose à l’ombre des poils d’or
Qui palpitent légers sous les mains amoureuses.
Des fleurs aussi, des fleurs molles, des fleurs de nuit,
Pétales délicats alourdis de rosée
Qui fléchissent, pliés sur la fleur épuisée,
Et pleurent le désir, goutte à goutte, sans bruit.
Ô lèvres, versez-moi les divines salives
La volupté du sang, la chaleur des gencives
Et les frémissements enflammés du baiser
Ô fleurs troublantes, fleurs mystiques, fleurs divines,
Balancez vers mon coeur sans jamais l’apaiser,
L’encens mystérieux des senteurs féminines.
Pierre Louÿs
Mon amour dis moi
Mon amour dis moi que ça a été long trop long ces derniers jours sans moi, sans me voir, me toucher me parler, je t'ai manqué, redis-le décris-le, je t'ai manqué la nuit, ma tête contre ton dos, ma bouche contre ta peau, nos jambes enlacées, je t'ai manqué le matin, le réveil, la douceur du jour qui se lève quand on se rend compte émerveillés que l'on a dormi ensemble, quand on se souvient avoir fait l'amour dans le noir dans le creux de la nuit...
Véronique Olmi, Sa passion
La neige est la paille
La neige est la paille qui est
sous la neige et est l’œuf
trouvé dessus comme pondu
par de l’or.
Laurent Albarracin
Hydrangea with ‘V
J'aime tes yeux
J'aime tes yeux, j'aime ton front,
Ô ma rebelle, ô ma farouche,
J'aime tes yeux, j'aime ta bouche
Où mes baisers s'épuiseront.
J'aime ta voix, j'aime l'étrange
Grâce de tout ce que tu dis,
Ô ma rebelle, ô mon cher ange,
Mon enfer et mon paradis !
J'aime tes yeux, j'aime ton front,
Ô ma rebelle, ô ma farouche,
J'aime tes yeux, j'aime ta bouche
Où mes baisers s'épuiseront.
J'aime tout ce qui te fait belle,
De tes pieds jusqu'à tes cheveux,
Ô toi vers qui montent mes vœux,
Ô ma farouche, ô ma rebelle !
Armand Silvestre. (1882)
Le poète
Le poète, qui en soi est déjà un phénomène suspect,
semble à l'intérieur du troupeau humain prédestiné à l'incompréhension ;
il semble que ce soit sa véritable mission, sa mission essentielle.
Hermann Hesse