À l’heure où, dans le ciel, la Pléiade déroulait sa ceinture sertie de joyaux, j’arrivais à elle. Elle avait ôté ses vêtements comme pour dormir et guettait ma venue, habillée seulement d’une légère tunique. [..]
Nous sortions de sa tente. En marchant, elle laissait traîner derrière nous, pour effacer nos traces, le pan d’un manteau bariolé. Nous parvenions aux limites du campement et, un coin accueillant s’étant offert à nous, à l’abri d’une bande de sable haute et ondoyante,
Je tirais à moi ses deux nattes. Consentante, elle inclinait doucement un corps à la taille svelte et aux fines chevilles. Douce et blanche, son ventre était mince et plat et son cou lisse comme un miroir. [...] Sa taille avait la finesse d’une cordelette de cuir et sa jambe était aussi lisse que la tige du papyrus qui pousse à l’ombre des palmiers.
Le matin, c’était sur une couche semée de brins de musc qu’elle s’éveillait, s’y prélassant longtemps. On la servait car elle n’était la servante de personne.
Pour prendre, elle tendait des doigts fragiles et lisses, fins comme […] les rameaux d’un ishil. Le soir, son visage éclairait dans les ténèbres, comme la lampe d’un moine retiré du monde. [...] "
Imru l’Qays, (traduction de J.-J. Schmitt)