La poésie, ça sert surtout
La poésie, ça sert surtout à compliquer les choses, non ?
Mais peut être qu'en les compliquant, on les comprend mieux.
Et en les comprenant, on les simplifie. Au bout du compte.
Fred Vargas
Coups de cœur
La poésie, ça sert surtout à compliquer les choses, non ?
Mais peut être qu'en les compliquant, on les comprend mieux.
Et en les comprenant, on les simplifie. Au bout du compte.
Fred Vargas
Dites-moi, vous qui m’aimiez tendrement
Ces délices partagés, nos corps enlacés,
N’étaient-ils que le fruit de nos songes ?
Dites-moi, vous qui me méprisez ardemment,
Vos mains arrachées à ma gorge, de souffrance
Épouseront-elles à nouveau mon âme, cette géhenne ?
Sibel Bütün.
Mon repos, ô frères, est dans ma solitude,
Mon Aimé est toujours en ma présence.
Rien ne peut remplacer l'amour que j'ai pour Lui,
Mon amour est mon supplice parmi les créatures.
Partout où j'ai contemplé sa beauté,
Il a été mon mihrab et ma qibla.
Si je meurs de cet amour ardent et s'Il n'est satisfait,
Oh, cette peine aura été mon malheur en ce monde !
O médecin du cœur, Toi qui es tout mon désir,
Donne-moi une vision qui guérisse mon âme.
O ma joie, ô ma vie pour toujours !
En Toi mon origine, en Toi mon ivresse.
J'ai abandonné entièrement le créé dans l'espoir
Que Tu m'unisses à Toi. Car tel est mon ultime désir.
Rabia al-Adawiya
Tigran "Shadow Theater" , Jazz à la Villette
Ne te retourne pas
Le souvenir est devant toi
Car ce printemps est advenu
Comme d'une étoile écorchée
Dans la grande allée du royaume
À jamais perdu retrouvé
Douceur des larmes dans la chair
Enfance aiguë
Hélène Cadou,
La poésie, c’est rendre le monde au visage de sa présence.
Yves Bonnefoy,
To make a prairie it takes a clover and a bee-
One clover, and a bee,
And revery,
The revery alone will do
If bees are few.
Il faut pour faire une prairie
Un trèfle et une abeille -
Un seul trèfle, une abeille
Et quelque rêverie.
La rêverie suffit
Si vous êtes à court d'abeilles.
Emily Dickinson
Seigneur, c'est l'heure.
L'été fut très grand.
Étends ton ombre sur le cadran solaire,
et libère les vents sur les plaines.
Ordonne aux derniers fruits la plénitude,
Accorde leur encore deux jours méridionaux,
Pousse-les à l'accomplissement et instille
la dernière douceur dans le vin capiteux.
Qui maintenant n'a pas de maison, ne s'en bâtira plus
Qui maintenant est seul, le restera longtemps,
Veillera, lira, écrira de longues lettres,
Ira de ci, de là dans les allées
Se promener, inquiet, quand tomberont les feuilles.
R.M.Rilke
Lou
Lou, ne me vois-tu pas ?
Lou, le destin d’être ensemble à jamais
dans quoi tu avais tellement foi
Tu ne vas pas être comme les autres
qui jamais plus ne font signe,
englouties dans le silence.
Non, il ne doit pas te suffire à toi
d’une mort pour t’enlever ton amour.
Dans la pompe horrible qui t’espace
jusqu’à je ne sais quelle millième dilution
tu cherches encore, tu nous cherches place
Les années ont été pour nous, pas contre nous.
Nos ombres ont respiré ensemble.
Sous nous les eaux du fleuve des événements coulaient presque avec silence.
Nos ombres respiraient ensemble et tout en était recouvert.
J’ai eu froid à ton froid. J’ai bu des gorgées de ta peine.
Nous nous perdions dans le lac de nos échanges.
Riche d’un amour immérité, riche qui s’ignorait
avec l’inconscience des possédants,
j’ai perdu d’être aimé.
Ma fortune a fondu en un jour.
Henri Michaux