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Maumariée

11 Décembre 2013, 04:08am

Publié par vertuchou

Maumariée, oh maumariée Quand ils t´ont trouvée Si blanche et dorée Blonde blonde blonde Maumariée, oh maumariée Quand ils t´ont trouvée noyée

Dans le courant Entre tes draps de mousse Dans le courant Les yeux fermés si douce Comme un jardin de fleurs Comme un jardin Saccagé par l´orage Comme un jardin Comme une fleur sauvage Tu fuyais ton malheur Entre deux eaux Entre deux eaux

Et j´étais là, moi J´étais là Inutile et vain Avec mes deux mains Imbécile et froid Avec mes deux bras Avec tout mon corps Qui regrette encore Maumariée Je t´aurais consolée Moi, maumariée Que j´aurais su t´aimer

Et tous les hommes qui sont là T´auraient ouvert portes et bras Tous auraient voulu empêcher Cet irrémédiable péché Toi si blonde, maumariée Toi si blonde, mal aimée

Maumariée, oh maumariée Quand tu t´es sauvée Si blanche et dorée Blonde blonde blonde Maumariée, oh maumariée Quand tu as désespéré

Ne pouvais-tu Ne pouvais-tu m´attendre Ne pouvais-tu A cet instant comprendre Que je courais vers toi Que je courais Comme vers une source Ignorant que ma course Me conduisait là-bas Au bord de l´eau Au bord de l´eau

Et je suis là, moi Je suis là Avec mes deux mains Qui ne tiennent rien Ton image en moi Qui ne s´en va pas Avec tout mon corps Qui regrette encore Maumariée Jamais je n´oublierai Moi, maumariée Que j´aurais pu t´aimer

Maumariée, oh maumariée Quand ils t´ont trouvée Si blanche et dorée Blonde blonde blonde blonde blonde...

Anne Sylvestre

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Ma mère

10 Décembre 2013, 04:52am

Publié par vertuchou

Mère, la neige est tombée. Il est des hectares de silence
Entre nous et plus de vingt ans nous séparent.
Je suis cet orphelin majeur que tu ne connais pas.
Le temps au centre de ses rides
Donne cette assurance triste qui s’appelle
Habitude de la vie.
Parfois de mes cheveux sort une de tes boucles.
Ta voix surprend la mienne, ton geste se mêle au mien
Et j’ai charge de toi. Je n’ai pas fini de grandir
Et je marche à grandes enjambées sur la terre.

Jean Malrieu

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Meer mit rotem Abendhimmel / Mer, ciel de soir rouge

9 Décembre 2013, 04:20am

Publié par vertuchou

Emil Nolde (German, 1867-1956), Meer mit rotem Abendhimmel (Am Horizont ein qualmender Dampfer), [Mer, ciel de soir rouge (un vapeur fumant à l'horizon)], 1945/46. aquarelle, 22.7 x 27.4

Emil Nolde (German, 1867-1956), Meer mit rotem Abendhimmel (Am Horizont ein qualmender Dampfer), [Mer, ciel de soir rouge (un vapeur fumant à l'horizon)], 1945/46. aquarelle, 22.7 x 27.4

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L’Amour qui me tourmente

8 Décembre 2013, 04:27am

Publié par vertuchou

L'amour qui me tourmente
Je trouve si plaisant
Que tant plus il s’augmente
Moins j’en veux estre exemt:
Bien que jamais le somme
Ne me ferme les yeux,
Plus amour me consomme
Moins il m’est ennuyeux.

Toute la nuit je veille
Sans cligner au sommeil,
Remembrant la merveille
Qui me tient en éveil,
Me representant celle
Que je voy tout le jour,
De qui l’image belle
Travaille mon sejour.

Toute nuit son image
Se montre devant moy:
Le trait de son visage
Tout tel qu’il est je voy:
Je voy sa belle bouche,
Et je voy son beau sein,
Ses beaux tetins je touche,
Et je baise sa main.

Le jour si ma Maistresse
Favorable m’a ris,
Il faut que j’en repesse
Toute nuit mes espris.
Si d’une oeillade gaye
Elle m’a fait faveur,
La nuit sa douce playe
Me chatouille le coeur.

S’elle égaye la place
De son bal gracieux,
Toute la nuit sa grace
Recourt devant mes yeux:
Si en douce merveille
J’ay ouy sa chanson,
Toute nuit en l’oreille
J’en regoute le son.

O heureuse ma vie
De jouïr d’un tel heur!
Non, non, je n’ay envie
D’avoir d’un dieu l’honneur,
Puis qu’à souhet je passe
Et la nuit et le jour,
Recueillant tant de grace
Du tourment de l’amour.

Jean-Antoine de Baïf

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Tu es ici

7 Décembre 2013, 04:53am

Publié par vertuchou

Tu es ici
Dans ces vieux murs

Et tu es là
Au frais de ma mémoire

À la source matinale
Du vent

Et des éclats de soleil

Tu es le prince des lisières
Tu es entre hier et demain

Toujours présent celui qui vient.

Hélène Cadou

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Smoke stacks and vents III

6 Décembre 2013, 05:00am

Publié par vertuchou

Johan Hagemeyer,   Smoke stacks and vents III, Carmel (1928)

Johan Hagemeyer, Smoke stacks and vents III, Carmel (1928)

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Ce qui dure

5 Décembre 2013, 04:20am

Publié par vertuchou

Le présent se fait vide et triste,
Ô mon amie, autour de nous ;
Combien peu de passé subsiste !
Et ceux qui restent changent tous

Nous ne voyons plus sans envie
Les yeux de vingt ans resplendir,
Et combien sont déjà sans vie
Des yeux qui nous ont vus grandir !

Que de jeunesse emporte l’heure,
Qui n’en rapporte jamais rien !
Pourtant quelque chose demeure :
Je t’aime avec mon coeur ancien,

Mon vrai coeur, celui qui s’attache
Et souffre depuis qu’il est né,
Mon coeur d’enfant, le coeur sans tache
Que ma mère m’avait donné ;

Ce coeur où plus rien ne pénètre,
D’où plus rien désormais ne sort ;
Je t’aime avec ce que mon être
A de plus fort contre la mort ;

Et, s’il peut braver la mort même,
Si le meilleur de l’homme est tel
Que rien n’en périsse, je t’aime
Avec ce que j’ai d’immortel.

Sully Prudhomme

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Chanson de l’étranger

4 Décembre 2013, 05:14am

Publié par vertuchou

Je suis à la recherche d’un homme que je ne connais pas,

qui jamais ne fut tant moi-même

que depuis que je le cherche. A-t-il mes yeux, mes mains

et toutes ces pensées pareilles

aux épaves de ce temps ?

Saison des mille naufrages,

la mer cesse d’être la mer,

devenue l’eau glacée des tombes.

Mais, plus loin, qui sait plus loin ?

Une fillette chante à reculons et règne la nuit sur les arbres,

bergère au milieu des moutons.

Arrachez la soif au grain de sel

qu’aucune boisson ne désaltère.

Avec les pierres, un monde se ronge

d’être, comme moi, de nulle part.

Edmond Jabès

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Concerto pour piano n°1

3 Décembre 2013, 04:27am

Publié par vertuchou

Tchaikovsky, concerto pour piano n°1, Martha Argerich, piano et Charles Dutoit, chef d'orchestre

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Logique

2 Décembre 2013, 04:43am

Publié par vertuchou

Quand même tu dirais
Que tu me trahirais
Si c’était ton caprice,
Qu’est-ce que me ferait
Ce terrible secret
Si c’était mon caprice !

De quand même t’aimer,
— Dusses-tu le blâmer,
Ou plaindre mon caprice,
D’être si bien à toi
Qu’il ne m’est dieu ni roi
Ni rien que ton caprice ?

Quand tu me trahirais
Eh bien donc, j’en mourrais,
Adorant ton caprice ;
Alors qui me ferait
Un malheur qui serait
Conforme à mon caprice ?

Paul Verlaine

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