Coups de cœur
Chanson d’après-midi
Quoique tes sourcils méchants
Te donnent un air étrange
Qui n'est pas celui d'un ange,
Sorcière aux yeux alléchants,
Je t'adore, ô ma frivole,
Ma terrible passion !
Avec la dévotion
Du prêtre pour son idole.
Le désert et la forêt
Embaument tes tresses rudes,
Ta tête a les attitudes
De l'énigme et du secret.
Sur ta chair le parfum rôde
Comme autour d'un encensoir ;
Tu charmes comme le soir,
Nymphe ténébreuse et chaude.
Ah ! les philtres les plus forts
Ne valent pas ta paresse,
Et tu connais la caresse
Qui fait revivre les morts !
Tes hanches sont amoureuses
De ton dos et de tes seins,
Et tu ravis les coussins
Par tes poses langoureuses.
Quelquefois, pour apaiser
Ta rage mystérieuse,
Tu prodigues, sérieuse,
La morsure et le baiser ;
Tu me déchires, ma brune,
Avec un rire moqueur,
Et puis tu mets sur mon coeur
Ton oeil doux comme la lune.
Sous tes souliers de satin,
Sous tes charmants pieds de soie,
Moi, je mets ma grande joie,
Mon génie et mon destin,
Mon âme par toi guérie,
Par toi, lumière et couleur !
Explosion de chaleur
Dans ma noire Sibérie
Charles Baudelaire
Je crois
Je crois que l’on sent la poésie comme la musique, comme l’amour, ou comme l’amitié, ou toutes les choses du monde. L’explication vient après.
Jorge Luis Borges, Entretiens, Littérature I
De quelle nuit
De quelle nuit es-tu venue ?
De quel jour ? Soudain tu es
Au cœur de tout. Les iris
Ont frémi ; le mot est dit.
François Cheng
Lovers
Le vampire
Tes boucles ténébreuses et lourdent coulent
sur tes blanches courbes comme un fleuve
et dans leur flot crépu et sombre je répands
les roses enflammées de mes baisers
Tandis que j'entrouvre les épais
anneaux, je sens le léger et froid
effleurement de ta main et un long frisson
me parcourir et me pénètre jusqu'aux os.
Tes pupilles chaotiques et farouches
étincellent au soupir
qui s'exhale et me déchire les entrailles,
et pendant que j'agonise, toi, assoiffée,
tu sembles un vampire sombre et obstiné
qui de mon sang ardent se repaît.
Efren Rebolledo
Tu es toute ma vie
Tu es toute ma vie et je veux vivre pour te revoir et pour t’aimer comme tu mérites de l’être, toi, la bénie, la seule élue entre toutes les femmes. Je ne t’ai pas rendue encore assez heureuse, je ne t’ai pas conquis encore tout ce que je veux que tu aies ; tu as été la si fidèle et si chère compagne des jours mauvais, des jours de lutte, des jours de peine, qu’il faut que tu goûtes toutes les revanches et tu les auras, ma Delphine adorée.
Lettre de Louis Pergaud à sa femme Delphine, 2 février 1815
Ose la Tunisie
Ose gouter au paradis,
Tes désirs jusque là inassouvis,
Deviennent enfin couronnés de oui,
Le soleil enveloppe ta peau brunie,
Et quand le ciel s’assombrit,
C’est pour faire place à la nuit,
Aux étoiles et flammes de bougies,
Danse sensuelle aux courbes arrondies,
De son voile envoutant caressant à l’infini,
Mêlé à ce parfum légèrement épicé surgit,
Au rythme des vagues le souffle s’intensifie,
Les milliers de diamants scintillent dans tes yeux ébahis,
Ton cœur chavirant soulève ta poitrine durcie,
Comme le jasmin tu t’épanouis,
Libérant le plaisir t’envahit,
Printemps, été, automne, hiver c’est comme cela la Tunisie.
Rémi Levraut le 14 mai 2012
A mon double
A mon double
je te devine au loin
Quand le sombre s'essouffle
Et ma langue en ta bouche
Est un monde à venir
Pour l'éternité
Ton désir
Michael R. Koswil