Ne suis que l'une...
Ne suis que l'une
de ces choses,
de ces infimes,
issue
d'exubérance.
Serre-moi en tes mains,
qu'elles surgissent
exultant
jusqu'au succès.
Hannah Arendt
Coups de cœur
Ne suis que l'une
de ces choses,
de ces infimes,
issue
d'exubérance.
Serre-moi en tes mains,
qu'elles surgissent
exultant
jusqu'au succès.
Hannah Arendt
“Ne jamais s éloigner de la poésie... Elle est cette folie d'âme qui fait rêver les êtres.
Elle demeure ce voyage infini de beauté.
Jean Pierre Siméon
Dis-moi, ton cœur parfois s'envole-t-il, Agathe,
Loin du noir océan de l'immonde cité,
Vers un autre océan où la splendeur éclate,
Bleu, clair, profond, ainsi que la virginité ?
Dis-moi, ton cœur parfois s'envole-t-il, Agathe ?
La mer, la vaste mer, console nos labeurs !
Quel démon a doté la mer, rauque chanteuse
Qu'accompagne l'immense orgue des vents grondeurs,
De cette fonction sublime de berceuse ?
La mer, la vaste mer, console nos labeurs !
Emporte-moi, wagon ! enlève-moi, frégate !
Loin ! loin ! ici la boue est faite de nos pleurs !
- Est-il vrai que parfois le triste cœur d'Agathe
Dise : Loin des remords, des crimes, des douleurs,
Emporte-moi, wagon, enlève-moi, frégate ?
Comme vous êtes loin, paradis parfumé,
Où sous un clair azur tout n'est qu'amour et joie,
Où tout ce que l'on aime est digne d'être aimé,
Où dans la volupté pure le cœur se noie !
Comme vous êtes loin, paradis parfumé !
Mais le vert paradis des amours enfantines,
Les courses, les chansons, les baisers, les bouquets,
Les violons vibrant derrière les collines,
Avec les brocs de vin, le soir, dans les bosquets,
- Mais le vert paradis des amours enfantines,
L'innocent paradis, plein de plaisirs furtifs,
Est-il déjà plus loin que l'Inde et que la Chine ?
Peut-on le rappeler avec des cris plaintifs,
Et l'animer encor d'une voix argentine,
L'innocent paradis plein de plaisirs furtifs ?
Charles Baudelaire
Même la nuit la plus légère
a ses enroulements qui feulent
ses vacillements incertains
la soierie du gibet
Et pourtant
dans l'irradiance de l'obscur
on ouvre l'embrasure
enrobé
dans l'écartée des eaux
où l'on frissonne
à peine
S'ouvrant le corps
aux portes tutélaires
sous la fraisure même
du venin.
Marie Bataille
Comme on voit sur la branche au mois de May la rose
En sa belle jeunesse, en sa première fleur
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l'Aube de ses pleurs au poinct du jour l'arrose :
La grâce dans sa fueille, et l'amour se repose,
Embasmant les jardins et les arbres d'odeur :
Mais batue ou de pluye, ou d'excessive ardeur,
Languissante elle meurt fueille à fueille déclose :
Ainsi en ta première et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoroient ta beauté,
La Parque t'a tuée, et cendre tu reposes.
Pour obseques reçoy mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de laict, ce panier plein de fleurs,
Afin que vif, et mort, ton corps ne soit que roses.
Pierre de Ronsard
Cette nuit, comme toutes les nuits,
Je terrorise mon envie
De n'avoir pour scène
Que ton lit,
Et d'y être, sans bruit,
La part obscène de ta vie,
Le vieil enfant, l'aveugle archer, le gardien nu
Des fleurs noires de ton jardin.
Philippe Léotard
La poésie.
Elle a — comme la vie — l'excuse de ne rien prouver.
Emil Cioran