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poetes d'hier

La lune blanche

27 Mai 2010, 03:45am

Publié par vertuchou

La lune blanche
luit dans les bois.
De chaque branche
part une voix
sous la ramée.
O bien aimée....

 

3518964185_57dc86259b.jpg

 

L'étang reflète,

profond miroir,
la silhouette
du saule noir
où le vent pleure.
Rêvons, c'est l'heure.

Un vaste et tendre
apaisement
semble descendre
du firmament
que l'astre irise.
C'est l'heure exquise !


Paul Verlaine

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Merci

16 Mai 2010, 17:41pm

Publié par vertuchou

O douce, ô bonne,
O sage aussi,
A ta merci
Je m'abandonne.

Sais-je où demain
S'en va ma route ?
Ma vie est toute
Entre tes mains.

 

V01

Si lourde et frêle
Tout à la fois,
Entre tes doigts
Que pèse-t-elle?

Mais sauve-la
Ou non, pas une
Plainte importune
triste te suivra...

O douce, ô bonne,
O sage aussi,
A ta merci
Je m'abandonne!


André Rouques

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Portrait

12 Mai 2010, 08:04am

Publié par vertuchou

Il dort
Il est éveillé
Tout à coup, il peint
Il prend une église et peint avec une église
Il prend une vache et peint avec une vache
Avec une sardine
Avec des têtes, des mains, des couteaux
Il peint avec un nerf de bœuf
Il peint avec toutes les sales passions d'une petite ville juive
Avec toute la sexualité exacerbée de la province russe
Pour la France
Sans sensualité
Il peint avec ses cuisses
Il a les yeux au cul


marc-chagall-birthday.jpg
Et c'est tout à coup votre portrait
C'est toi lecteur
C'est moi
C'est lui
C'est sa fiancée
C'est l'épicier du coin
La vachère
La sage-femme
Il y a des baquets de sang
On y lave les nouveau-nés
Des ciels de folie
Bouches de modernité
La tour en tire-bouchon
Des mains
Le Christ
Le Christ c'est lui
Il a passé son enfance sur la Croix
Il se suicide tous les jours
Tout à coup il ne peint plus
Il était éveillé
Il dort maintenant
Il s'étrangle avec sa cravate
Chagall est étonné de vivre encore

Blaise Cendrars

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Soleils couchants

11 Mai 2010, 18:18pm

Publié par vertuchou

A Catulle Mendés
   
   
Une aube affaiblie
Verse par les champs
La mélancolie
Des soleils couchants.
La mélancolie
Berce de doux chants
Mon cour qui s'oublie
Aux soleils couchants.


4503114709_e3352ce883.jpg
Et d'étranges rêves,
Comme des soleils
Couchants sur les grèves,
Fantômes vermeils,
Défilent sans trêves,
Défilent, pareils
À des grands soleils
Couchants sur les grèves

Paul Verlaine

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Le tombeau d’Edgar Poe

7 Mai 2010, 13:14pm

Publié par vertuchou

   Tel qu'en Lui-même enfin l'éternité le change,
    Le Poète suscite avec un glaive nu
    Son siècle épouvanté de n'avoir pas connu
    Que la mort triomphait dans cette voix étrange !

    Eux, comme un vil sursaut d'hydre oyant jadis l'ange
    Donner un sens plus pur aux mots de la tribu
    Proclamèrent très haut le sortilège bu
    Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange.

    Du sol et de la nue hostiles, ô grief !
    Si notre idée avec ne sculpte un bas-relief
    Dont la tombe de Poe éblouissante s'orne

    Calme bloc ici-bas chu d'un désastre obscur,
    Que ce granit du moins montre à jamais sa borne
    Aux noirs vols du Blasphème épars dans le futur.


    Stéphane Mallarmé

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Deux hommes

5 Mai 2010, 13:01pm

Publié par vertuchou

Deux hommes sont en moi, l'un jeune, l'autre vieux.
Le vieux, c'est ma pensée à qui rien de la vie
Ne cache son mensonge et ne fait plus d'envie,
Et qui doute, inquiet, si la tombe vaut mieux.

Le jeune, c'est ma chair, ma chair inassouvie,
Que j'ai sevrée au temps de l'avril radieux,
Qui demande son dû, qui souffre, et dont les yeux
Réclament l'aube ardente à ses baisers ravie.

D'un long cri de révolte il emplit la maison
Pendant que le vieillard songe, amer et livide;
O douleur ! et je sens que tous deux ont raison.

Et j'en meurs ; car sitôt que l'un, de joie avide,
Peut saisir une coupe, avant qu'il ne la vide,
L'autre y verse un dégoût plus fort que du poison.

Paul Delair

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Unreal City

3 Mai 2010, 08:01am

Publié par vertuchou

                        
Under the brown fog of a winter dawn,
A crowd flowed over London Bridge, so many,
I had not thought death had undone so many.
Sighs, short and infrequent, were exhaled,
And each man fixed his eyes before his feet.
Flowed up the hill and down King William Street,
To where Saint Mary Woolnoth kept the hours
With a dead sound on the final stroke of nine.
There I saw one I knew, and stopped him, crying "Stetson !
"You who were with me in the ships at Mylae !                           
"That corpse you planted last year in your garden,
"Has it begun to sprout ? Will it bloom this year ?
"Or has the sudden frost disturbed its bed ?

"Oh keep the Dog far hence, that's friend to men,
"Or with his nails he'll dig it up again!
"You ! hypocrite lecteur ! - mon semblable, - mon frere !"


The Waste Land by T. S. Eliot

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Nuages

1 Mai 2010, 00:00am

Publié par vertuchou

Quand mon cœur est léger comme un oiseau sauvage,
Il monte dans les cieux, à longs coups d'aile, fier :
Il joue avec la brise et s'accroche aux nuages;
Et son front radieux baigne dans l'azur clair,
Quand mon cœur est léger comme un oiseau sauvage.

Or, mon cœur, étant jeune, était toujours léger;

Il suivait, en chantant, les nuages qui volent;

Il désapprit la terre et ne put voyager

Que les deux poings noués a leurs crinières molles;

Car mon cœur, étant jeune, était toujours léger.

Mais maintenant mon cœur a les ailes meurtries,.
Et, trop lourd pour voler, il rampe et se début,
Il pleure vers le ciel où passent des féeries.
O nuages, mon cœur vous appelle d'en bas;
Mais mon cœur maintenant a les ailes meurtries.


Nuages, descendez, ô frères de mon cœur,
Vous qui mettez au ciel des taches de tristesse,
Des montagnes de rêve et des flots de noirceur !
 Déroulez sur mon cœur vos ténèbres épaisses,
Nuages, descendez pour étouffer mon cœur!


Maurice de Noisay

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Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle

29 Avril 2010, 08:50am

Publié par vertuchou

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise aupres du feu, devidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous esmerveillant :
Ronsard me celebroit du temps que j'estois belle.


El06


Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Desja sous le labeur à demy sommeillant,
Qui au bruit de mon nom ne s'aille resveillant,
Benissant vostre nom de louange immortelle.

Je seray sous la terre et fantaume sans os :
Par les ombres myrteux je prendray mon repos :
Vous serez au fouyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et vostre fier desdain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :
Cueillez dés aujourd'huy les roses de la vie.


Ronsard.

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Heidenröslein / Petite rose sur la lande

27 Avril 2010, 12:44pm

Publié par vertuchou

Sah ein Knab' ein Röslein stehn,
Röslein auf der Heiden,
War so jung und morgenschön,
Lief er schnell, es nah zu sehn,                                             
Sah's mit vielen Freuden.
Röslein, Röslein, Röslein rot,
Röslein auf der Heiden.
Knabe sprach: Ich breche dich,
Röslein auf der Heiden!
Röslein sprach: Ich steche dich,
Daß du ewig denkst an mich,
Und ich will's nicht leiden.
Röslein, Röslein, Röslein rot,
Röslein auf der Heiden.
Und der wilde Knabe brach
's Röslein auf der Heiden;
Röslein wehrte sich und stach,
Half ihm doch kein Weh und Ach,
Mußt es eben leiden.
Röslein, Röslein, Röslein rot,
Röslein auf der Heiden.

 

Un petit garçon vit une rose se dresser,
Petite Rose sur la lande,
Elle était si jeune et belle comme le matin,
Il courut pour la voir de plus près,
Et la vit avec beaucoup de bonheur.
Petite Rose, petite rose, petite rose rouge,
Petite rose sur la lande.

Le garçon dit : je vais te briser,
Petite rose sur la lande !
La petite rose dit : je vais te piquer,
Pour que tu penses à moi éternellement,
Et je ne le souffrirai pas,
Petite Rose, petite rose, petite rose rouge,
Petite rose sur la lande.

Et le sauvage garçon brisa
La petite rose sur la lande;
La petite rose se défendit et piqua;
Mais aucun cri, aucun gémissement ne l'aida,
Elle dût le subir.
Petite Rose, petite rose, petite rose rouge,
Petite rose sur la lande.

 

Goethe

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