Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Vertuchou.over-blog.com

poetes d'hier

The return of the Sire of Nesle

12 Avril 2010, 08:41am

Publié par vertuchou

        My towers at last ! These rovings end,
   Their thirst is slaked in larger dearth :
   The yearning infinite recoils,
     For terrible is earth.

   Kaf thrusts his snouted crags through fog :
   Araxes swells beyond his span,
   And knowledge poured by pilgrimage
     Overftows the banks of man.

   But thou, my stay, thy lasting love
   One lonely good, let this but be !
   Weary to view the wide world’s swarm,
     But blest to fold but thee.


Mes tours, enfin ! Terme de mes errances
Dont la soif s’étanche en pénurie plus grande :
Infini, le désir se replie,
  Car terrible est la terre !

Kaf perce le brouillard du groin de ses à-pics :
L’Araxe s’enfle et s’outrepasse
Et les pèlerinages déversent un savoir
  Qui submerge les rives de l’homme.

Mais toi, mon soutien, ton amour pérenne
Unique et seul bien - que cela seulement soit !
Lassé de contempler l’essaim du vaste monde,
  Mais béni de n’avoir à étreindre que toi.


Herman Melville

 

link

Voir les commentaires

De mon mystérieux voyage

11 Avril 2010, 07:36am

Publié par vertuchou

De mon mystérieux voyage
Je ne t'ai gardé qu' une image,
Et qu'une chanson, les voici :
Je ne t'apporte pas de roses,
Car je n'ai pas touché aux choses, 
Elles aiment à vivre aussi.

Mais pour toi, de mes yeux ardents, 
J'ai regardé dans l'air et l'onde, 
Dans le feu clair et dans le vent,
Dans toutes les splendeurs du monde,
Afin d'apprendre à mieux te voir 
Dans toutes les ombres du soir.
cuyabeno

Afin d'apprendre à mieux t'entendre 
J'ai mis l'oreille à tous les sons,
Écouté toutes les chansons, 
Tous les murmures, et la danse
De la clarté dans le silence.

Afin d'apprendre comme on touche 
Ton sein qui frissonne ou ta bouche,
Comme en un rêve, j'ai posé
Sur l'eau qui brille, et la lumière, 
Ma main légère, et mon baiser.

Charles Van Lerberghe

Voir les commentaires

Le chaos

6 Avril 2010, 11:16am

Publié par vertuchou

(…)

Tout était sans beauté, sans règlement, sans flamme ;

Tout était sans façons, sans mouvement, sans âme.

Le feu n'était point feu, la mer n'était point mer ;

La terre n'était terre, et l'air n'était point air ;

Ou si déjà se pouvait trouver en un tel monde,

Le corps de l'air, du feu, de la terre et de l'onde,

L'air était sans clarté, la flamme sans ardeur,

 

Sans fermeté la terre, et l'onde sans froideur.


Bref, forge en ton esprit une terre qui, vaine,

Soit sans herbe, sans bois, sans mont, sans val, sans plaine

Un ciel non azuré, non clair, non transparent,

Non marqueté de feu, non voûté, non errant,

Et lors tu concevras quelle était cette terre,

Et quel le ciel encore où régnait tant de guerre,

Terre et ciel, que je puis chanter d'un style bas,

Non point tels qu'ils étaient, mais tels qu'ils n'étaient pas

 

Du Bartas

 

link

Voir les commentaires

Poètes à venir

1 Avril 2010, 06:23am

Publié par vertuchou

Poètes à venir ! orateurs, chanteurs, musiciens à venir !
Ce n’est pas aujourd’hui à me justifier et répondre qui je suis,
Mais vous, une nouvelle génération, pure, puissante, continentale,
plus grande qu’on ait jamais vu, Levez-vous ! Car vous devez me justifier.
Moi, je n’écris qu’un ou deux mots indicatifs pour l’avenir ;
Moi, j’avance un instant et seulement pour tourner et courir arrière dans les ténèbres.
Je suis un homme qui flânant le long, sans bien s’arrêter, tourne par
hasard un regard vers vous et puis se détourne.
Vous laissant le soin de l’examiner et de le définir,
En attendant de vous le principal.


Walt Whitman

Voir les commentaires

A Laure

29 Mars 2010, 22:11pm

Publié par vertuchou

 

Si tu ne m’aimais pas, dis-moi, fille insensée,
Que balbutiais-tu dans ces fatales nuits ?
Exerçais-tu ta langue à railler ta pensée ?
Que voulaient donc ces pleurs, cette gorge oppressée,
Ces sanglots et ces cris ?


Ah ! si le plaisir seul t’arrachait ces tendresses,
Si ce n’était que lui qu’en ce triste moment
Sur mes lèvres en feu tu couvrais de caresses
Comme un unique amant ;

 

El07


Si l’esprit et les sens, les baisers et les larmes,
Se tiennent par la main de ta bouche à ton coeur,
Et s’il te faut ainsi, pour y trouver des charmes,
Sur l’autel du plaisir profaner le bonheur :


Ah ! Laurette ! ah ! Laurette, idole de ma vie,
Si le sombre démon de tes nuits d’insomnie
Sans ce masque de feu ne saurait faire un pas,
Pourquoi l’évoquais-tu, si tu ne m’aimais pas ?

 

Alfred de Musset

Voir les commentaires

La mer n’a point…

23 Mars 2010, 22:36pm

Publié par vertuchou

Je me consume allant de plage en plage.

De jour pensif, pleurant toute la nuit,

Suis sans repos comme est la belle lune :

Et tout soudain que vois venir le soir,

Soupirs du cœur, des yeux fais si grands ondes,

Qu’arrosent champs, et font crouler les bois.

 

Je hais la ville, et aime mieux les bois :

Car quand je suis en cette douce plage,

Vais déchargeant avec le bruit des ondes

Mes grefs travaux dessous la coye nuit,

Et quand est jour je n’attends que le soir,

Que le soleil donne place à la lune.

 

Las fussé-je ore au vague de la lune

Bien endormi dedans quelques verts bois :

Et celle-là, qui fait venir le soir

Trop tôt pour moi, vint seule en celle plage

Avecques moi demeurer une nuit,

Et le jour fut tout temps delà les ondes.

 

Sur ondes faite, aux rayons de la lune,

Et de nuit née, ô Chanson, dans les bois,

Verras demain très riche plage au soir.

 

Vasquin Philieul



 

Voir les commentaires

Sonnet

12 Mars 2010, 07:05am

Publié par vertuchou.over-blog.com

Au bord tristement doux des eaux, je me retire,

Et voy couler ensemble, et les eaux, et mes jours,
Je m'y voy sec, et pasle, et si j'ayme tousjours,
 Leur resveuse mollesse où ma peine se mire.

Au plus secret des bois je conte mon martyre,
Je pleure mon martyre en chantant mes amours,
Et si j'ayme les bois, et les bois les plus sours,
Quand j'ai jetté mes cris, me les viennent redire.

Dame dont les beautez me possedent si fort,
Qu'estant absent de vous je n'aime que la mort :
Les eaux en vostre absence, et les bois me consolent.

Je voy dedans les eaux, j'entends dedans les bois,
L'image de mon teint, et celle de ma voix,
Toutes peintes de morts qui nagent, et qui volent.

Jacques Davy du Perron

 

link

Voir les commentaires

A celle qui est trop gaie

27 Février 2010, 18:33pm

Publié par vertuchou.over-blog.com

Le Léthé

Ta tête, ton geste, ton air
Sont beaux comme un beau paysage ;
Le rire joue en ton visage
Comme un vent frais dans un ciel clair.

 

ella05


Le passant chagrin que tu frôles

Est ébloui par la santé
Qui jaillit comme une clarté
De tes bras et de tes épaules.

Les retentissantes couleurs

Dont tu parsèmes tes toilettes
Jettent dans l'esprit des poètes
L'image d'un ballet de fleurs.

Ces robes folles sont l'emblême

De ton esprit bariolé ;
Folle dont je suis affolé,
Je te hais autant que je t'aime !

Quelquefois dans un beau jardin

Où je traînais mon atonie,
J'ai senti, comme une ironie,
Le soleil déchirer mon sein ;

Et le printemps et la verdure

Ont tant humilié mon coeur,
Que j'ai puni sur une fleur
L'insolence de la Nature.

Ainsi je voudrais, une nuit,

Quand l'heure des voluptés sonne,
Vers les trésors de ta personne,
Comme un lâche, ramper sans bruit,

Pour châtier ta chair joyeuse,

Pour meurtrir ton sein pardonné,
Et faire à ton flanc étonné
Une blessure large et creuse,

Et, vertigineuse douceur !

à travers ces lèvres nouvelles,
Plus éclatantes et plus belles,
T'infuser mon venin, ma soeur

Baudelaire

Voir les commentaires

Vitam impendere amori

27 Février 2010, 06:52am

Publié par vertuchou

Dans le crépuscule fané
Où plusieurs amours se bousculent
Ton souvenir gît enchaîné
Loin de nos ombres qui reculent

Ô mains qu'enchaîne la mémoire
Et brûlantes comme un bûcher
Où le dernier des phénix noire
Perfection vient se jucher

La chaîne s'use maille à maille
Ton souvenir riant de nous
S'enfuir l'entends-tu qui nous raille
Et je retombe à tes genoux

Le soir tombe et dans le jardin
Elles racontent des histoires
À la nuit qui non sans dédain
Répand leurs chevelures noires

Petits enfants petits enfants
Vos ailes se sont envolées
Mais rose toi qui te défends
Perds tes odeurs inégalées

Car voici l'heure du larcin
De plumes de fleurs et de tresses
Cueillez le jet d'eau du bassin
Dont les roses sont les maîtresses

Ô ma jeunesse abandonnée
Comme une guirlande fanée
Voici que s'en vient la saison
Et des dédains et du soupçon

Le paysage est fait de toiles
Il coule un faux fleuve de sang
Et sous l'arbre fleuri d'étoiles
Un clown est l'unique passant

Un froid rayon poudroie et joue
Sur les décors et sur ta joue
Un coup de revolver un cri
Dans l'ombre un portrait a souri

La vitre du cadre est brisée
Un air qu'on ne peut définir
Hésite entre son et pensée
Entre avenir et souvenir

Ô ma jeunesse abandonnée
Comme une guirlande fanée
Voici que s'en vient la saison
Des regrets et de la raison

Guillaume Apollinaire

Voir les commentaires