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poetes d'aujourd'hui

Laisse-moi t'aimer

6 Juillet 2012, 05:38am

Publié par vertuchou

Laisse-moi t'aimer.
J'aime le goût de ton sang épais
Je le garde longtemps dans ma bouche sans dents.
Son ardeur me brûle la gorge.
J'aime ta sueur.
J'aime caresser tes aisselles
Ruisselantes de joie.
Laisse-moi t'aimer.
Laisse-moi lécher tes yeux fermés.
Laisse-moi les percer avec ma langue pointue.
Et remplir leur creux de ma salive triomphante.
Laisse-moi t'aveugler.

Joyce Mansour

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« Après midi »

3 Juillet 2012, 05:10am

Publié par vertuchou

Les gestes ébauchés se terminent en souffrance
Et au bout de cent pas on aimerait rentrer
Pour se vautrer dans son mal être et se coucher
Car le corps de douleur fait peser sa présence

Dehors il fait très chaud et le ciel est splendide,
La vie fait tournoyer le corps des jeunes gens
Que la nature appelle aux fêtes de printemps
Vous êtes seul hanté par l'image du vide,

Et vous sentez peser votre chair solitaire
Et vous ne croyez plus à la vie sur la Terre
Votre corps fatigué palpite avec effort

Pour repousser le sang dans vos membres trop lourds
Vous avez oublié comment on fait l'amour,
La nuit tombe sur vous comme un arrêt de mort.

Michel Houellebecq

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Le condamné à mort

30 Juin 2012, 05:05am

Publié par vertuchou

SUR MON COU sans armure et sans haine, mon cou
Que ma main plus légère et grave qu’une veuve
Effleure sous mon col, sans que ton cœur s’émeuve,
Laisse tes dents poser leur sourire de loup.

Ô viens mon beau soleil, ô viens ma nuit d’Espagne,
Arrive dans mes yeux qui seront morts demain.
Arrive, ouvre ma porte, apporte-moi ta main,
Mène-moi loin d’ici battre notre campagne.

Le ciel peut s’éveiller, les étoiles fleurir,
Ni les fleurs soupirer, et des prés l’herbe noire
Accueillir la rosée où le matin va boire,
Le clocher peut sonner : moi seul je vais mourir.

Ô viens mon ciel de rose, ô ma corbeille blonde !
Visite dans sa nuit ton condamné à mort.
Arrache-toi la chair, tue, escalade, mords,
Mais viens ! Pose ta joue contre ma tête ronde.

Nous n’avions pas fini de nous parler d’amour.
Nous n’avions pas fini de fumer nos gitanes.
On peut se demander pourquoi les cours condamnent
Un assassin si beau qu’il fait pâlir le jour.

Amour viens sur ma bouche ! Amour ouvre tes portes !
Traverse les couloirs, descends, marche léger,
Vole dans l’escalier, plus souple qu’un berger,
Plus soutenu par l’air qu’un vol de feuilles mortes.

Ô Traverse les murs ; s’il le faut marche au bord
Des toits, des océans ; couvre-toi de lumière,
Use de la menace, use de la prière,
Mais viens, ô ma frégate, une heure avant ma mort.

Jean Genet

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The Garden / le jardin

28 Juin 2012, 05:16am

Publié par vertuchou

The garden admires you.
For your sake it smears itself with green pigment,
The ecstatic reds of the roses,
So that you will come to it with your lovers.

And the willows--
See how it has shaped these green
Tents of silence. Yet
There is still something you need,
Your body so soft, so alive, among the stone animals.

Admit that it is terrible to be like them,


Beyond harm.


 Louise Glück

Le jardin t'admire.
Pour ton bien il se barbouille de pigment vert,
Des rouges extatiques des roses,
Pour que tu viennes à lui avec ton amoureux.

Et les saules-
Vois comme il a façonné ces vertes
Tentes de silence. Pourtant,
Il ya encore quelque chose dont tu as besoin,
Ton corps si doux, vivant, parmi les animaux de pierre.

Admets que c'est terrible d'être comme eux,

Au-delà du mal.

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La belle inconnue

24 Juin 2012, 08:04am

Publié par vertuchou

Diophante, permets au pauvre rimailleur
De bousculer un peu cette douce ingénue
Que fit naître un beau jour ta plume bienvenue
Pour le plus grand plaisir des esprits pinailleurs.

Il me faut avant tout, patient orpailleur,
Pour débusquer enfin cette belle inconnue,
Chercher obstinément sa cache saugrenue.
Au coin de l'hypothèse ? Ici ? Peut-être ailleurs ?

Je crois avoir trouvé la bonne algorithmique.
A petits pas prudents, j'approche. C'est magique !
Va-t-elle se laisser surprendre de plein gré ?

Oui! Victoire ! Je l'ai ! Mais elle a deux copines ?
- Est-il si surprenant de trouver trois racines
Dans une équation du troisième degré ?

    Pierre Lamy

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Il y a des pierres bleues

22 Juin 2012, 04:48am

Publié par vertuchou

Il y a des pierres bleues
qui saisissent
le chant de la lune
à l'instant du sommeil

Des pierres bleues
gouttes de nuit
qui font germer le ciel
dans les pépinières de l'ombre

Et parfois
dans le bleu
une veine qui court
On ne sait où.

Alain Boudet

 


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Plus jamais

19 Juin 2012, 05:23am

Publié par vertuchou

    Plus jamais de chambre pour nous,
    Ni de baisers à perdre haleine
    Et plus jamais de rendez-vous
    Ni de saison, d'une heure à peine,
    Où reposer à tes genoux.

    Pourquoi le temps des souvenirs
    Doit-il me causer tant de peine
    Et pourquoi le temps du plaisir
    M'apporte-t-il si lourdes chaînes
    Que je ne puis les soutenir ?

    Rivage, oh ! rivage où j'aimais
    Aborder le bleu de ton ombre,
    Rives de novembre ou de mai
    Où l'amour faisait sa pénombre
    Je ne vous verrai plus jamais.

    Plus jamais. C’est dit. C'est fini
    Plus de pas unis, plus de nombre,
    Plus de toit secret, plus de nid,
    Plus de lèvres où fleurit et sombre
    L'instant que l'amour a béni.

    Quelle est cette nuit dans le jour ?
    Quel est dans le bruit ce silence ?
    Mon jour est parti pour toujours,
    Ma voix ne charme que l'absence,
    Tu ne me diras pas bonjour.

    Tu ne diras pas, me voyant,
    Que j'illustre les différences,
    Tu ne diras pas, le croyant,
    Que je suis ta bonne croyance
    Et que mon coeur est clairvoyant.

    Mon temps ne fut qu'une saison.
    Adieu saison vite passée.
    Ma langueur et ma déraison
    Entre mes mains sont bien placées
    Comme l'amour en sa maison.

    Adieu plaisirs de ces matins
    Où l'heure aux heures enlacée
    Veillait un feu jamais éteint.
    Adieu. Je ne suis pas lassée
    De ce que je n'ai pas atteint.

    Louise de Vilmorin

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Pour le moment

15 Juin 2012, 04:46am

Publié par vertuchou

La vie est simple et gaie

Le soleil clair tinte avec un bruit doux

Le son des cloches s’est calmé

Ce matin la lumière traverse tout

Ma tête est une rampe allumé

Et la chambre où j’habite est enfin éclairée

Un seul rayon suffit

Un seul éclat de rire

Ma joie qui secoue la maison

Retient ceux qui voudraient mourir

Par les notes de sa chanson

Je chante faux

Ah que c’est drôle

Ma bouche ouverte à tous les vents

Lance partout des notes folles

Qui sortent je ne sais comment

Pour voler vers d’autres oreilles

Entendez je ne suis pas fou

Je ris au bas de l’escalier

Devant la grande porte ouverte

Dans le soleil éparpillé

Au mur parmi la vigne verte

Et mes bras sont tendus vers vous

C’est aujourd’hui que je vous aime

 

Pierre Reverdy

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Leurs yeux toujours purs

12 Juin 2012, 05:12am

Publié par vertuchou

Jours de lenteur, jours de pluie,
Jours de miroirs brisés et d'aiguilles perdues,
Jours de paupières closes à l'horizon des mers,
D'heures toutes semblables, jours de captivité,

Mon esprit qui brillait encore sur les feuilles
Et les fleurs, mon esprit est nu comme l'amour,
L'aurore qu'il oublie lui fait baisser la tête
Et contempler son corps obéissant et vain.

Pourtant, j'ai vu les plus beaux yeux du monde,
Dieux d'argent qui tenaient des saphirs dans leurs mains,
De véritables dieux, des oiseaux dans la terre
Et dans l'eau, je les ai vus.

Leurs ailes sont les miennes, rien n'existe
Que leur vol qui secoue ma misère,
Leur vol d'étoile et de lumière,
Leur vol de terre, leur vol de pierre
Sur les flots de leurs ailes,

Ma pensée soutenue par la vie et la mort.

Paul Eluard

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Coucher avec elle

9 Juin 2012, 05:08am

Publié par vertuchou

Coucher avec elle
Pour le sommeil, côte à côte
Pour les rêves parallèles
Pour la double respiration

Coucher avec elle
Pour l'ombre unique et surprenante
Pour la même chaleur
Pour la même solitude

Coucher avec elle
Pour l'aurore partagée
Pour le minuit identique
Pour les mêmes fantômes

Coucher, coucher avec elle
Pour l'amour absolu
Pour le vice et pour le vice
Pour les baisers de toute espèce

Coucher, coucher avec elle
Pour un naufrage ineffable
Pour se prostituer l'un à l'autre
Pour se confondre

Coucher avec elle
Pour se prouver et prouver vraiment
Que jamais n'a pesé sur l'âme
Et le corps des amants
Le mensonge d'une tâche originelle.

 

Robert Desnos

 

 

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