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poetes d'aujourd'hui

Pour vivre ici

6 Juin 2012, 05:24am

Publié par vertuchou

Je fis un feu, l'azur m'ayant abandonné
Un feu pour être son ami
Un feu pour m'introduire dans la nuit d'hivers
Un feu pour vivre mieux

Je lui donnai ce que le jour m'avait donné :
Les forêts, les buisson, les champs de blé, les vignes,
Les nids et les oiseaux, les maisons et leurs clés,
Les insectes, les fleurs, les fourrures, les fêtes.

Je vécus au seul bruit des flammes crépitantes,
Au seul parfum de leurs chaleur ;
J'étais comme un bateau coulant dans l'eau fermée,
comme un mort je n'avais qu'un unique élément.

 

Paul Eluard

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Tes yeux perdus dans ce silence

2 Juin 2012, 04:50am

Publié par vertuchou

Tes yeux perdus dans ce silence
fait d'horizon mêlé à la terre des montagnes
tes yeux sans feu ni lieu
tes yeux sans dieu ni foi
traînés parmi les pierres de cent villes entassées
entre l'abîme de ma voix et l'éternité d'un regard
je les soupèse de la main pour en faire sortir l'amertume
La nuit s'accroche au monde de toutes ses griffes
Il est là invisible comme la limite du ciel
debout dans sa puissance de roi des microbes
il y a tant d'obstination dans la fixité de ses yeux
qu'on dirait la tête morte d'un pharaon
dans son sarcophage de sable

On n'oublie pas les yeux que la femme invente
pour jouer à l'amour
On lui fait croire qu'elle est belle
en se noyant dans son regard
pour ne pas voir les rides que la vie dessine autour des lèvres
en s'en allant.

Marc Alyn

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Toi

28 Mai 2012, 05:15am

Publié par vertuchou

Toi
Toi c’est un mot
Toi c’est une voix
Toi c’est tes yeux et c’est ma joie

Toi c’est si beau
Toi c’est pour moi
Toi c’est bien là et je n’y crois

Toi c’est soleil
Toi c’est printemps
Toi c’est merveille de chaque instant

Toi c’est présent
Toi c’est bonheur
Toi c’est arc-en-ciel dans mon coeur

Toi c’est distant…
Toi c’est changeant…
Toi c’est rêvant et esquivant…

Toi c’est pensant…
Toi c’est taisant…
Toi c’est tristesse qui me prend…

Toi c’est fini.
Fini ? Pourquoi ?
Toi c’est le vide dans mes bras…
Toi c’est mon soleil qui s’en va…
Et moi, je reste, pleurant tout bas.

Esther Granek

 

Incertitude

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Oubli

24 Mai 2012, 05:36am

Publié par vertuchou

Ferme les yeux et perds toi dans l'obscurité
sous le feuillage rouge de tes paupières.

Enfonce toi dans ces spirales
du son qui bourdonnne et tombe,
et rêve là bas, lointaine,
jusqu'au site du tympan,
comme une cataracte assourdie.

Plonge ton être dans les ténèbres,
noie toi dans ta peau,
et plus profondément, dans tes entrailles;
que l'os, livide éclair,
t'éblouisse et t'aveugle,
et entre des cimes et des golfes sombres
qu'ouvre son panache bleu le feu follet;

Dans les ténèbres liquides du sommeil
trempe ta nudité;
abandonne ta forme, écume
qui ne sait pas qui elle a laissé sur le rivage.
Perd toi en toi, infinie,
dans ton être infini,
mer se perdant dans une autre mer :
oublie toi et oublie moi.

 

Octavio Paz

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Dizem ? / On le dit ?

22 Mai 2012, 05:24am

Publié par vertuchou

Dizem ? / On le dit ?
 
Dizem ?
Esquecem.
Não dizem ?
Disseram.

Fazem?
Fatal.
Não fazem?
Igual.

Por quê
Esperar ?
Tudo é
Sonhar.
____

On l’oublie.
Ne le dit ?
L’aurait dit.

On le fait ?
C’est fatal
Ne le fait ?
C’est égal.

Pourquoi donc
Espérer ?
Car tout n’est
Que rêver.

 

Fernando Pessoa

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Heureux celui qui meurt d'aimer

18 Mai 2012, 05:05am

Publié par vertuchou

O mon jardin d'eau fraîche et d'ombre
Ma danse d'être mon cœur sombre
Mon ciel des étoiles sans nombre
Ma barque au loin douce à ramer
Heureux celui qui devient sourd
Au chant s'il n'est de son amour
Aveugle au jour d'après son jour
Ses yeux sur toi seule fermés

Heureux celui qui meurt d'aimer
Heureux celui qui meurt d'aimer

D'aimer si fort ses lèvres closes
Qu'il n'ait besoin de nulle chose
Hormis le souvenir des roses
A jamais de toi parfumées
Celui qui meurt même à douleur
A qui sans toi le monde est leurre
Et n'en retient que tes couleurs
Il lui suffit qu'il t'ait nommée

Heureux celui qui meurt d'aimer
Heureux celui qui meurt d'aimer

Mon enfant dit-il ma chère âme
Le temps de te connaître ô femme
L'éternité n'est qu'une pâme
Au feu dont je suis consumé
Il a dit ô femme et qu'il taise
Le nom qui ressemble à la braise
A la bouche rouge à la fraise
A jamais dans ses dents formée

Heureux celui qui meurt d'aimer
Heureux celui qui meurt d'aimer

Il a dit ô femme et s'achève
Ainsi la vie, ainsi le rêve
Et soit sur la place de grève
Ou dans le lit accoutumé
Jeunes amants vous dont c'est l'âge
Entre la ronde et le voyage
Fou s'épargnant qui se croit sage
Criez à qui vous veut blâmer

Heureux celui qui meurt d'aimer
Heureux celui qui meurt d'aimer

Louis Aragon

 

 

 

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Certitude

14 Mai 2012, 05:32am

Publié par vertuchou

Si je te parle c’est pour mieux t’entendre
Si je t’entends je suis sûr de comprendre

Si tu souris c’est pour mieux m’envahir
Si tu souris je vois le monde entier

Si je t’étreins c’est pour me continuer
Si nous vivons tout sera à plaisir

Si je te quitte nous nous souviendrons
Et nous quittant nous nous retrouverons.

 

Paul Éluard

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En rêve

11 Mai 2012, 05:10am

Publié par vertuchou

Je porte en même temps que toi
Cette rupture noire et opiniâtre.
Pourquoi pleures-tu ? Donne-moi la main.
Promets-moi plutôt de revenir en rêve.
Pour toi, pour moi (nous sommes deux montagnes),
Pour toi, pour moi, plus de revoir en ce monde.
Tu pourras simplement, à minuit, m’envoyer
Un message par les étoiles.

Anna Akhmatova,

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La jeune femme

5 Mai 2012, 05:20am

Publié par vertuchou

Il ne faudra pas confier
à ses beaux yeux sombres & lumineux
mes rêves pénibles
Mais debout, effacé
par l’univers qui va trop vite
veiller de loin sur les diamants de son cœur
sur sa voix
sur ses paupières chaudes
Quand sa bouche soulèvera
une autre lumière
plus légère
plus cachée
entre les fenêtres de sa chambre

 

Pascal Boulanger

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Poème 20

3 Mai 2012, 05:02am

Publié par vertuchou

Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit.

Écrire, par exemple: "La nuit est étoilée
et les astres d'azur tremblent dans le lointain."

Le vent de la nuit tourne dans le ciel et chante.

Je puis écrire les vers les plus tristes cette nuit.
Je l'aimais, et parfois elle aussi elle m'aima.

Les nuits comme cette nuit, je l'avais entre mes bras.
Je l'embrassai tant de fois sous le ciel, ciel infini.

Elle m'aima, et parfois moi aussi je l'ai aimée.
Comment n'aimerait-on pas ses grands yeux fixes.

Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit.
Penser que je ne l'ai pas. Regretter l'avoir perdue.

Entendre la nuit immense, et plus immense sans elle.
Et le vers tombe dans l'âme comme la rosée dans l'herbe.

Qu'importe que mon amour n'ait pas pu la retenir.
La nuit est pleine d'étoiles, elle n'est pas avec moi.

Voilà tout. Au loin on chante. C'est au loin.
Et mon âme est mécontente parce que je l'ai perdue.

Comme pour la rapprocher, c'est mon regard qui la cherche.
Et mon coeur aussi la cherche, elle n'est pas avec moi.

Et c'est bien la même nuit qui blanchit les mêmes arbres.
Mais nous autres, ceux d'alors, nous ne sommes plus les mêmes.

je ne l'aime plus, c'est vrai. Pourtant, combien je l'aimais.
Ma voix appelait le vent pour aller à son oreille.

A un autre. A un autre elle sera. Ainsi qu'avant mes baisers.
Avec sa voix, son corps clair. Avec ses yeux infinis.

je ne l'aime plus, c'est vrai, pourtant, peut-être je l'aime.
Il est si bref l'amour et l'oubli est si long.

C'était en des nuits pareilles, je l'avais entre mes bras
et mon âme est mécontente parce que je l'ai perdue.

Même si cette douleur est la dernière par elle
et même si ce poème est les derniers vers pour elle.

Pablo Neruda

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