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poetes d'aujourd'hui

Grille de parole

19 Octobre 2014, 04:05am

Publié par vertuchou

Les yeux, aveugles au monde, dans le mouroir d'à-pics : je viens,
dur plant au cœur.
Je viens.

Falaise miroir de lune. Chute.
(Lueur tachée de souffle. Sang épars sur zones étroites.
Âme se dissipant en formation nuageuse, une fois encore proche de la configuration nette.
Ombre décadigitale - position crispée.)

Les yeux aveugles au monde,
les yeux dans le mouroir d'à-pics,
les yeux les yeux :

Le lit de neige sous nous deux, le lit de neige.
Cristal après cristal,
treillagées dans des grilles à profondeur de temps, nous tombons,
nous tombons et gisons et tombons.

Et tombons :
Nous étions. Nous sommes.
Nous ne faisons qu'une chair avec la nuit.
Dans les couloirs, les couloirs.

Paul Celan

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Poème

15 Octobre 2014, 04:21am

Publié par vertuchou

Tintamarre du vent
sur le toit
et dans les murs, la nuit durant

la nuit sans fin

Au matin le givre
a fleuri
un rameau sur deux du verger oublié.

Avant l'aube le ciel emplit d'oiseaux
silencieux : leur tour d'honneur dans l'arène du rivage,
sous le ciel noir

Seule la vie
nous surprendra sans fin. La mort
viendra trop tard.

Gérard Bayo

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la belle étoile

11 Octobre 2014, 04:37am

Publié par vertuchou

Pour une fois encore

Je me suis laissé dériver

Dans le lacis des rues sombres

La barque a de nouveaux quitté le port

Et j’ai oublié rames et boussole

Mystérieuses

Femmes ou statues

Façades de pierres ou visages de plâtre

Vous me prenez mes nuits

Vous mêlez malgré moi votre sang et le mien

Rien qui me hèle rien

Dans la solitude où j’erre

Aucune porte qui s’ouvre

Et cet envol de mouchoirs ne peut me retenir

Le courant est trop fort et le gouvernail est brisé

Laissez résignez-vous

Ne tendez pas la main au naufragé

Je vais rouler comme un caillou jusqu’à la mer

Et ne vous désolez pas sur mon sort

Il a son éternité de mémoire d’innocence et d’oubli

Dans l’austérité amère de la nuit

Les étoiles s’éteignent à force de regards

C’est entre deux flots que se termine le voyage

Les phares clignent des yeux sur la côte

Je m’illumine soudain comme une algue de phosphore

Paul Louis Rossi

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Lorsque nous aurons

7 Octobre 2014, 04:17am

Publié par vertuchou

Lorsque nous aurons
Des plages douces à toucher par le regard
Et cette vie où l'ombre s'écarte du jour
Le repos viendra avec ses trésors
Vous et moi sur la terre des plages
O mon amour qui demandez au sommeil des voyages

Georges Schéhadé

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Grenier d’étoiles [Chanson de l'oranger mort]

3 Octobre 2014, 04:27am

Publié par vertuchou

Bûcheron.

Coupe-moi de mon ombre.
Libère-moi du supplice
de me voir sans oranges.

Pourquoi suis-je né parmi des miroirs?
Le jour m'inverse, me retourne.
Et la nuit me reproduit
dans toutes ses étoiles.

Je veux vivre sans me voir.
Et fourmis et aigrettes,
je rêverai que ce sont
mes feuilles et mes oiseaux.

Bûcheron.
Coupe-moi de mon ombre.
Libère-moi du supplice
de me voir sans oranges.

Federico Garcia Lorca,

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J’ai fermé les yeux

29 Septembre 2014, 05:32am

Publié par vertuchou

J’ai fermé les yeux pour ne plus rien voir
J’ai fermé les yeux pour pleurer
De ne plus te voir.

Où sont tes mains et les mains des caresses
Où sont tes yeux les quatre volontés du jour
Toi tout à perdre tu n’es plus là
Pour éblouir la mémoire des nuits.

Tout à perdre je me vois vivre.

Paul Eluard

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Apparais / Aparécete

26 Septembre 2014, 05:25am

Publié par vertuchou

Que les chats me guettent depuis la barde d’en face
que les paupières me pèsent de t’avoir rêvée tant
que le désespoir ne connaît pas des horaires
qu’ici on va comptant le temps en vides
que je te garde toujours l’espace à la lit
que mes sourires ont été bien volées
que la lune ne berce plus mon ombre
qu’en cette dimension le froid brûle
que je n’ai plus des contes
que mes baisers n’ont
que le goût de distance
que l’horloge dit
qu’il est tard
que tu me
manques


que hay gatos acechándome desde la barda de enfrente
que los párpados me pesan de haberte soñado tanto
que la desesperación no conoce de husos horarios
que acá los tiempos se van contando por vacíos
que aún te guardo aquel espacio bajo mi cama
que mis sonrisas se las llevó un ropavejero
que a mi sombra ya no la mece la luna
que en esta dimensión quema el frío
que me he quedado sin cuentos
que mi beso sabe a distancia
que el reloj cucú marca
que ya es tarde
que haces
falta.


Merari Lugo

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Je dirai

25 Septembre 2014, 04:24am

Publié par vertuchou

Je dirai qui est mon amour
dans le présent ruiné, je dirai
sa beauté et son rire,
sa lumière et sa force,
je dirai comme elle va
toujours au-dessus d’elle-même,
comme elle danse au-delà du dernier pas,
je dirai ce qui ne se dit
qu’aux anges et aux fées,
aux vagabonds et aux amants, je dirai
le midi de nos corps en bataille,
le vertige de nos yeux,
cette évidence dans nos âmes
qui brûlait sans brûler,
qui criait sans crier, qui était de pure merveille et de grâce incarnée,
je dirai ta vie lèvre à lèvre
et tes secrets sur ma bouche,
la bascule de tes cheveux
l’éclat de ta voix soudain qui tutoyait les dieux.

André Velter

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Tu as un sang, une haleine

22 Septembre 2014, 04:41am

Publié par vertuchou

Tu as un sang, une haleine.
Tu es faite de chair
de cheveux de regards
toi aussi. Terre et arbres,
ciel de mars et lumière,
vibrent et te ressemblent –
ton rire et ta démarche
sont des eaux qui tressaillent –
la ride entre tes yeux
des nuages amassés –
ton tendre corps rappelle
un coteau au soleil.

Cesare Pavese

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Tard dans la nuit

18 Septembre 2014, 04:27am

Publié par vertuchou

Je suis dur
Je suis tendre
Et j'ai perdu mon temps
A rêver, à dormir
A dormir en marchant
Partout où j'ai passé
J'ai trouvé mon absence
Je ne suis nulle part
Excepté le néant
Mais je porte caché au plus haut des entrailles
A la place où la foudre a frappé trop souvent
Un coeur où chaque mot a laissé son entaille
Et d'où ma vie s'égoutte au moindre mouvement

Pierre Reverdy

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