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poetes d'aujourd'hui

Le tombeau

4 Février 2014, 04:23am

Publié par vertuchou

[...]

Un long pied nu sur ma bouche
Un long pied contre le cœur
Tu es ma soif, ma fièvre
pied de whisky, pied de vin
pied fou de terrassé
Ô ma cravache ma douleur
talon très haut me terrassant
je pleure de ne pas mourir
Ô soif, inapaisable soif
désert sans issue
Sous l’aile bourrasque de mort où je crie
aveugle, à deux genoux
et les orbites vides
Couloirs où je ris d’une nuit insensée
couloirs où je ris dans le claquement des portes
où j’adore une flèche
et j’éclate en sanglots
Le coup de clairon de la mort
mugit dans mon oreille
Au delà de ma mort
un jour
la terre tourne dans le ciel
Je suis mort et les ténèbres
altèrent
le sans finir avec le jour
L’univers m’est fermé
En lui je reste aveugle
accordé au néant
Le néant n’est que moi-même
L’univers n’est que ma tombe
Le soleil n’est que la mort
Mes yeux sont l’aveugle foudre
mon cœur est le ciel où l’orage éclate
En moi-même
au fond d’un abîme
l’immense univers
est la mort
Je suis la fièvre
le désir
je suis la soif
la joie qui retire la robe
et le vin qui fait rire de n’avoir plus de robe
Dans un bol de gin
une nuit de fête
les étoiles tombent du ciel
Je lampe la foudre à longs traits
Je vais rire aux éclats
la foudre dans le cœur

Georges Bataille

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Hématome crochu

31 Janvier 2014, 04:58am

Publié par vertuchou

Sous la soie des caresses qui passent
Comme un souffle sur la peau
Quelques larmes attendent
Que le cour devienne tendre
Des pointes s'agitent sous les chairs
Et les font tressaillir

La mémoire fleuve amer
Charrie des ombres
Des souvenirs déformés
Des souvenirs inventés
Et tous les rêves trahis
Défilent en longue cohorte
Et viennent la nuit
Cogner à la porte

L'amour se kaléidoscope
Vertige poussé
Jusqu'à la nausée
Me voilà toupie folle
Lancée vers
Plus tard
Plus tard
Jusqu'au jour
Où il sera trop tard

Toupie emportée par l'élan
Jusqu'à la chute inévitable
Les abimes sont là
N'attendent qu'un tour de trop
Pour nous engloutir

Il y a ces oiseaux qui portent
Le message des fleurs sous leurs ailes
Et il y a l'amour qui nous fouette
Jusqu'à la mort

Il y a les miroirs qui ne mentent pas
Mais on les a recouverts d'un drap noir
Pour ne pas avoir à supporter
Le trop vif éclat de la vérité


Cathy Garcia

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Flocons noirs / Schwarze Flocken

29 Janvier 2014, 05:46am

Publié par vertuchou

Une neige est tombée, sans lumière. Ça fait déjà
une lune ou deux que l’automne sous la bure du moine
à moi aussi  est venu porter un message, une feuille des talus d’Ukraine :

« Songe qu’ ici il fait hiver aussi, pour la millième fois maintenant
dans le pays où coule le plus vaste fleuve :
sang céleste de Jaacob, béni par les haches…
O glace de rougeur non terrestre -  leur hetman y patauge avec toute sa
meute vers les soleils  qui s’enténébrent… Enfant, ah un châle
pour m’y rouler, quand ça rutilera de casques,
quand le bloc de glace rosissante éclatera, quand poudroieront  en neige
les ossements de ton père, et que sous les sabots
crissera broyée la chanson du cèdre…
Un châle, juste un étroit  bandeau de tissu, pour que j’y garde,
maintenant qu’à pleurer tu apprends,  près de moi
l’étroitesse du monde qui jamais, mon enfant, ne verdira pour le tien ! »

O mère, ça m’a saigné, l’automne, ça m’a brûlé, la neige :
mon cœur,  je l’ai cherché, pour qu’il pleure, j’ai trouvé le souffle, ah celui de l’été,
il était comme toi.
La larme, elle m’est venue. Le bandeau, je l’ai tissé.

Paul Celan

Schnee ist gefallen, lichtlos. Ein Mond
Ist es schon oder zwei, dass der Herbst unter mönchischer Kutte
Botschaft brachte auch mir, ein Blatt aus ukrainischen Halden;

„Denk, dass es wintert auch hier, zum tausendstenmal nun
Im Land, wo der breiteste Strom fließt:
Jaakobs himmlisches Blut, benedeiet von Aexten…
O Eis von unirdischer Röte – es watet ihr Hetman mit allem
Troß in die finsternden Sonnen…Kind, ach ein Tuch,
mich zu hüllen darein, wenn es blinket von Helmen,
wenn die Scholle, die rosige, birst, wenn scheeig stäubt das Gebein
deines Vaters, unter den Hufen zerknirscht
das Lied von der Zeder…
Ein Tuch, ein Tüchlein nur schmal, dass ich wahre
nun, da zu weinen du lernst, mir zur Seite
die Enge der Welt, die nie grünt, mein Kind, deinem Kinde!“

Blutete, Mutter, der Herbst mir hinweg, brannte der Schnee mich:
sucht ich mein Herz, daß es weine, fand ich den Hauch, ach des Sommers,
war er wie du.
Kam mir die Träne. Webt ich das Tüchlein.

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Nous sommes faits de tant de choses

25 Janvier 2014, 04:57am

Publié par vertuchou

Nous sommes faits de tant de choses
du feu qui hante les étoiles
de la jeunesse du verger
de la couleur du sable
de la patience des forêts

Nous sommes faits
de la chair des roses
de la grêle du printemps
du parfum des ruches
et du souffre de la source

Notre visage est d'aubépine
comme nos mains sont d'osier
nous sommes de la glaise et de l'oiseau
de la pierre et du ruisseau

Nous sommes faits
de nos regards de nos silences
de nos maisons de nos miroirs
comme du blé de nos poèmes

Jean Pierre Siméon

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Retenues

22 Janvier 2014, 04:21am

Publié par vertuchou

Quand on plonge dans l'eau
on retient son souffle
Quand on plonge dans le futur
on retient ses doutes
Quand on plonge dans son passé
on retient ses larmes

Michel Martin de Villemer

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Amour et poésie

20 Janvier 2014, 18:23pm

Publié par vertuchou

Tu es la voix
qui répond à ma voix,
sans elle aucun poème
ne peut fasciner l’écho
qui mêle la rumeur des amants
à la poussière des siècles.

Tu es celle
avec qui je vais
mot à mot enlacé
donner corps à notre chant,
prendre langue et mesurer
la démesure inaltérable
d’une magie mortelle
qui ne peut pas mourir.

Tu es pour moi
comtesse de Tripoli
autant que louve de Pennaurier
et je m’en vais pèlerin
par les chemins d’Antioche
ou ménestrel changé en loup
dans les pierres de Provence.

Tu es l’énigme
qui me voit venir de loin
mais se dévoile sans façon :
amour et poésie obligent…

André Velter

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Tous les paysages

17 Janvier 2014, 05:01am

Publié par vertuchou

Tous les paysages

Qu'il a fallu voir.

Tous les paysages

Où tu n'étais pas

Et qui t'accusaient

De n'y être pas.

Eugène Guillevic

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Rondel

15 Janvier 2014, 05:18am

Publié par vertuchou

Le front caché sur tes genoux J'ai sangloté toute ma peine, Il faisait sombre autour de nous, Et le soir sentait la verveine.

Mon cœur battait à tristes coups, Comprenant sa tendresse vaine; Le front caché sur tes genoux, J'ai sangloté toute ma peine.

Tu me disais des mots très doux, Mais je les entendais à peine... je revivais l'heure lointaine Où je faisais des rêves fous, Le front caché sur tes genoux.

Ida Faubert

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Absent...

12 Janvier 2014, 04:55am

Publié par vertuchou

Absent
Le bleu
Et pourtant
Le sable l'appelle.

Hélène Cadou

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La pluie qui tombe

9 Janvier 2014, 05:06am

Publié par vertuchou

La pluie qui tombe m’effraie un peu

Comme les larmes qui coulent de tes yeux
Le temps n’attend pas tu le sais
Seuls les regrets semblent parfait

Il est dangereux de se pencher au-dedans
Les robes de mariées c’est salissant

Les regrets ça va droit au cœur
Et ça y reste
Jusqu'à ce qu’on meurt

La pluie qui tombe se calme un peu
La nuit approche et je m’en veux
De n’avoir pas lu dans tes yeux
Celui qui sait est malheureux

Il est dangereux de se pencher au-dedans
Les robes de mariées sont maculées de sang

Les regrets ça va droit au cœur
Et ça y reste
Jusqu'à ce qu’on meurt

Les regrets ça va droit au cœur
Et ça y reste
Jusqu'à ce qu’on meurt

Quand on est mort
Que reste-t‘il
Quelques bouquets de roses
Inutiles
Bien trop fragiles


Daniel Darc

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