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poetes d'aujourd'hui

Le désir

25 Novembre 2013, 04:41am

Publié par vertuchou

Avide je bois ton parfum et je prends ton visage
entre mes mains comme on serre
en son âme un miracle.
Si proche l’un de l’autre, tes yeux dans mes yeux, que c’en est brûlure.
Et pourtant tu murmures à mon oreille que je te manque.
Mystérieuse et hantée de désir tu m’appelles comme si je vivais
exilé sur une autre planète.

Femme,
quelle mer portes-tu dans le cœur et qui es-tu ?
Ô, que s’élève encore une fois le chant de ton désir,
j’écouterai ta voix
et chaque instant sera comme un bourgeon gonflé
où fleurit en vérité – l’éternité.

Lucian Blaga

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Dans l'anse tiède

22 Novembre 2013, 04:45am

Publié par vertuchou

Dans l’anse tiède d’un nid de bras et de feuillages
Tu buvais la rosée au ventre d’une femme
Elle avait nom de forêt et quand traversaient
Les chevreuils on oubliait la course du monde

Mais tu le sais bien ce temps-là n’est plus jamais

Entre les pages du livre des jours on glissait
Chants de merles bleus et leurs ailes plumes de pluie
Des murmures mêlés de caresses odorantes
Eclats de vent et bruits de bêtes apeurées

Mais tu le sais bien ce temps-là n’est plus jamais

Et c’était pourtant l’heure de lui tenir la main
A celui qui s’éloignait dans l’ombre sans voix
La porte des adieux n’était pas encore scellée
Sur le seuil comme un écho le bruit de ses pas

Mais tu le sais bien ce temps-là n’est plus jamais

Percevrons-nous quelquefois une rumeur lointaine
Ou comme un tremblement au long du peuplier
Dans son ombrage nous nous serons étendus nous
Tendrons l’oreille et même les pierres feront silence

Antoine Maine

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Aïcha

16 Novembre 2013, 05:12am

Publié par vertuchou

Je pense à toi Aïcha
A l’embouchure du fleuve
Où tu parlais beaucoup
De nous et la Lobé
Au point de m’agacer
Tu t’égosillais
Un peu plus que la mer
Plus que la plage
Et même plus que le vent
Qui tenait ta chevelure en laisse
Et criait la détresse de ta liesse
J’ai gardé dans la bouche
Le sel de tes aisselles
Et celui de la mer
Où tu montrais ton sexe sans cesse
Et parlais beaucoup
De nous et la Lobé
Comme si le jour était interminable
C’est si triste de ne pouvoir te haïr
Ni oublier
Les navires en partance
Qui emportaient
De tes yeux le parfum
Et ton sexe essentiel et sans ciel et sans seuil
A chaque rivage de ton aine
C’est vraiment triste de ne pouvoir te haïr

Anne Cillon Perri

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Cendre de roi

13 Novembre 2013, 04:40am

Publié par vertuchou

Je parle de l'amour
comme des rois morts,
l'un après l'autre...
en prenant congé avant mon deuil,
en me jetant à la mer
avant d'avoir soufflé
chaque cendre de roi,
chaque clavicule aimée.
Je parle de l'amour comme de ma propre cendre :
je vais rester dans l'absence, qui maintenant me brûle seulement me suit,
un feu comme une ombre,
et ce qui n'existe pas.
Je parle de l'amour comme des rois intacts,
et ma couronne est de ne pas rester
mais attendre,
mais regarder l'absence,
le souvenir d'un naufrage

Irène Gruss

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Gehenne

9 Novembre 2013, 04:56am

Publié par vertuchou

Dites-moi, vous qui m’aimiez tendrement

Ces délices partagés, nos corps enlacés,

N’étaient-ils que le fruit de nos songes ?

Dites-moi, vous qui me méprisez ardemment,

Vos mains arrachées à ma gorge, de souffrance

Épouseront-elles à nouveau mon âme, cette géhenne ?

Sibel Bütün.

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A contre-silence

6 Novembre 2013, 04:42am

Publié par vertuchou

Ne te retourne pas
Le souvenir est devant toi

Car ce printemps est advenu
Comme d'une étoile écorchée

Dans la grande allée du royaume
À jamais perdu retrouvé

Douceur des larmes dans la chair
Enfance aiguë

Hélène Cadou,

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Les années ont été pour nous

1 Novembre 2013, 05:10am

Publié par vertuchou

Lou
Lou, ne me vois-tu pas ?
Lou, le destin d’être ensemble à jamais
dans quoi tu avais tellement foi
Tu ne vas pas être comme les autres
qui jamais plus ne font signe,
englouties dans le silence.
Non, il ne doit pas te suffire à toi
d’une mort pour t’enlever ton amour.
Dans la pompe horrible qui t’espace
jusqu’à je ne sais quelle millième dilution
tu cherches encore, tu nous cherches place

Les années ont été pour nous, pas contre nous.
Nos ombres ont respiré ensemble.
Sous nous les eaux du fleuve des événements coulaient presque avec silence.
Nos ombres respiraient ensemble et tout en était recouvert.
J’ai eu froid à ton froid. J’ai bu des gorgées de ta peine.
Nous nous perdions dans le lac de nos échanges.
Riche d’un amour immérité, riche qui s’ignorait
avec l’inconscience des possédants,
j’ai perdu d’être aimé.
Ma fortune a fondu en un jour.

Henri Michaux

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Ce n'est pas d'amour que je me meurs / No es que muera de amor...

29 Octobre 2013, 04:30am

Publié par vertuchou

Ce n'est pas d'amour que je me meurs, je me meurs de toi.
Je meurs de toi, mon amour, de l'amour pour toi,
de l'urgence de ma peau pour ta peau,
de mon âme pour toi et de ma bouche
et de mon sale caractère quand tu n'y es pas.
Je meurs de toi et de moi, je meurs de nous deux,
de nous, de celui
qui est déchiré, morcelé,
je me meurs, je te meurs, nous en mourons.

Nous mourons dans ma chambre où je suis seul,
dans mon lit où tu n'es pas,
dans mon lit où mon bras est vide,
au cinéma et dans les parcs, dans les trams,
dans les lieux où mon épaule a les habitudes de ta tête
et ma main la tienne
et je te sais comme moi-même.

Nous mourons là où j'ai permis qu'il y ait de l'air
pour que tu sois hors de moi,
et là où l'air s'achève
quand je te revêts de ma peau
et nous nous connaissons en nous-mêmes, sépares du monde
heureuse, pénétrée, et bien sûr, interminable.

Nous mourons, nous le savons, les autres l'ignorent, mais nous nous mourons
tous les deux, maintenant, séparés,
l'un de l'autre, chaque jour,
à tomber dans des statues multiples,
dans des gestes que nous ne voyons pas,
dans nos mains qui ont besoin de nous.

Nous nous mourons, mon amour, je meurs dans ton ventre
que je ne mords ni n'embrasse,
entre tes cuisses si douces et vives,
dans ta chair sans fin, je meurs des masques,
des triangles obscurs et incessants.
Je me meurs de mon corps et de ton corps,
de notre mort, mon amour, je meurs, nous mourons.
Dans le puits de l'amour à toute heure,
inconsolable, en criant,
à l'intérieur de moi-même, je veux le dire, je t'appelle,
ceux qui naissent t'appellent, ceux qui viennent
d'avant nous, de toi, ceux qui viennent vers toi.
Nous nous mourons, mon amour, et nous ne faisons rien d'autre
que nous mourir encore plus, heure après heure,
et nous écrire et nous parler et nous mourir.

Jaime Sabines

No es que muera de amor, muero de ti.
Muero de ti, amor, de amor de ti,
de urgencia mía de mi piel de ti,
de mi alma, de ti y de mi boca
y del insoportable que yo soy sin ti.

Muero de ti y de mi, muero de ambos,
de nosotros, de ese,
desgarrado, partido,
me muero, te muero, lo morimos.

Morimos en mi cuarto en que estoy solo,
en mi cama en que faltas,
en la calle donde mi brazo va vacío,
en el cine y los parques, los tranvías,
los lugares donde mi hombro
acostumbra tu cabeza
y mi mano tu mano
y todo yo te sé como yo mismo.

Morimos en el sitio que le he prestado al aire
para que estés fuera de mí,
y en el lugar en que el aire se acaba
cuando te echo mi piel encima
y nos conocemos en nosotros,
separados del mundo, dichosa, penetrada,
y cierto , interminable.

Morimos, lo sabemos, lo ignoran, nos morimos
entre los dos, ahora, separados,
del uno al otro, diariamente,
cayéndonos en múltiples estatuas,
en gestos que no vemos,
en nuestras manos que nos necesitan.

Nos morimos, amor, muero en tu vientre
que no muerdo ni beso,
en tus muslos dulcísimos y vivos,
en tu carne sin fin, muero de máscaras,
de triángulos oscuros e incesantes.
Muero de mi cuerpo y de tu cuerpo,
de nuestra muerte ,amor, muero, morimos.
En el pozo de amor a todas horas,
inconsolable, a gritos,
dentro de mi, quiero decir, te llamo,
te llaman los que nacen, los que vienen
de atrás, de ti, los que a ti llegan.
Nos morimos, amor, y nada hacemos
sino morirnos más, hora tras hora,
y escribirnos y hablarnos y morirnos.

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Un sang d’encre

26 Octobre 2013, 04:55am

Publié par vertuchou

J’aime les encres
Encre furtives
Des ciels changeants
Encre fautives
Des jours indigents

Encres de brume
Ou de clarté
Encres d’amertume
Aux cris des cités

Ah pourvu mon ami
Qu’à la pointe de la plume
Sourde une perle de rosée
Avant d’être goutte de sang

Vous mes encres providentielles
Rayons de toutes couleurs
Ouvrez-moi la chanson
La chanson grise la chanson rose

Encre d’écolier encre rouge et noire
S’il est encore un espoir
Je le cueillerai
Tout au fond de l’encrier

Claude Haller

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Il faut que je trouve les mots

24 Octobre 2013, 05:22am

Publié par vertuchou

Il faut que je trouve les mots
et les moments
tous les mots mentent
mais ceux qui sont écrits restent
mais ceux qui sont écrits restent

Il faut que je trouve les mots
les mots me prennent par la main
comme si tu prenais la mienne
comme si je prenais la tienne

Il faut que je trouve les mots
au fil des soirs au fond des chopes
où se bâtit le rêve au fil des rues
où je m'égare oui je m'égare

Il faut que je trouve les mots
au fil de mon espérance
au fil de tes yeux ma vie au fil des silences
le secret des mots
où se cache le monde
où se cache ton monde

Il faut que je trouve les mots
tous ceux que tu me donneras peut-être
tous ceux que l'on a lus
tous ceux qu'on a perdu

Il faut que je trouve les mots
précieux comme le jour
précieux comme le rire
précieux comme le rêve
précieux comme l'amour
précieux comme l'amour

Il faut que je trouve les mots
à ne plus savoir comment les écrire
à ne plus savoir que les chanter
comme un poème
pour toi

Rémi Arnaud

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