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poetes d'aujourd'hui

J'aime la terre

19 Juillet 2015, 04:33am

Publié par vertuchou

J'aime la terre,
comme on aime en voyage
un endroit étranger
D'aucune autre manière
Ainsi la vie m'avance le long du fil qu'elle file
composant un dessin demeuré inconnu
jusqu'à ce que soudainement
comme l'adieu au voyage
le grand silence s'engouffre dans le cadre à tisser.

http://www.persee.fr/doc/grif_0770-6081_1996_hos_1_1_1891
Hannah Arendt

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Mes lèvres ne peuvent plus s'ouvrir

15 Juillet 2015, 04:27am

Publié par vertuchou

Mes lèvres ne peuvent plus s'ouvrir
que pour dire ton nom
baiser ta bouche
te devenir en te cherchant.
Tu es au bout de chacun de mes mots
tu les emplis, les brûles, les vides.
Te voici en eux
tu es ma salive et ma bouche
et mon silence même est crispé de toi.
Je me couche dans la poussière, les yeux fermés
La nuit sera totale, tant que l'aube
Et le grand jour de ta chair
Ne passeront pas au-dessus de moi
Comme un vol de soleils.

Alain Borne

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La ronde des vents

13 Juillet 2015, 04:25am

Publié par vertuchou

Il y avait du vent qui accrochait la lune
Il y avait le temps qui comptait doucement
Il y avait le chant des oiseaux et la brume
Il y avait un cœur qui battait tendrement

Et la terre a tourné en refaisant le monde
Le soleil s’est enfui voleur de sentiments
Les étoiles ont brillé de larmes toutes rondes
Le ciel s’est embrasé brûlant tous les serments

Et dans la voie lactée la douceur s’est enfuie
Cependant qu’elle et lui dans un dernier adieu
Reprenaient le chemin de leur ancienne vie
Sans jeter un regard vers la voûte des cieux

Sylvaine Trantoul Diet

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Si l’étoile devint l’étoile

9 Juillet 2015, 04:16am

Publié par vertuchou

Si l’étoile devint l’étoile
dans le fracas dans l’ombre
du commencement

Dis-moi le sel son acidité
son érosion et l’implosion es rocs
là où se trame la vie
là où se trame la mort
sur la durée ses labours
son écorce

Dis-moi le redoublement des racines
la femme qui s’avance sans amarres
et sans peur debout dans la distance
celle qui écrit au revers des courants

celle qui pense sous la cognée
à l’arbre qui perdure
aux forteresses aux clôtures
pour mieux les cisailler

d’un poème tranchant
comme l’or au soir des certitudes
quand l’âme se délivre
de sa robe charnelle

et que liens se délient
comme fleurs sous l’orage

Jeanine Baude

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Dimanche

5 Juillet 2015, 03:41am

Publié par vertuchou

Entre les rangées d'arbres de l'avenue des Gobelins
Une statue de marbre me conduit par la main
Aujourd'hui c'est dimanche les cinémas sont pleins
Les oiseaux dans les branches regardent les humains
Et la statue m'embrasse mais personne ne nous voit
Sauf un enfant aveugle qui nous montre du doigt.

Jacques Prévert

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Palpar / Toucher

1 Juillet 2015, 05:50am

Publié par vertuchou

Mis manos
abren las cortinas de tu ser
te visten con otra desnudez
descubren los cuerpos de tu cuerpo
Mis manos
inventan otro cuerpo a tu cuerpo

Octavio Paz

Mes mains
ouvrent les rideaux de ton être
t'habillent d'une autre nudité
découvrent les corps de ton corps
Mes mains
inventent dans ton corps un autre corps

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Au creux de mon épaule

27 Juin 2015, 04:47am

Publié par vertuchou

J’aime tes yeux quand j’y lis un tendre désir,
Et que tu te blottis au creux de mon épaule,
Je sens ta joue douce de velours qui me frôle
Et ta lèvre dans mon cou me fait tressaillir.

Puis je sens ton corps reposant entre mes bras
Dont la sève bouillonne sous la chair dorée,
Et ton doux parfum, ses effluves m’enivrer,
Donnant la fièvre et l’ivresse de tes appas.

Je crois mon Amour que nous dormirons très tard,
Je suis jaloux de ton sommeil et de tes rêves,
Je veux blanchir les noirs ténèbres et sans trêve
T’aimer, et que cette nuit reste en nos mémoires.


Gérard Bollon

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Tu m'as trouvé

23 Juin 2015, 04:03am

Publié par vertuchou

Tu m’as trouvé comme un caillou que l’on ramasse sur la place
Comme un bizarre objet perdu dont nul ne peut dire l’usage
Comme l’algue sur un sextant qu’échoue à terre la marée
Comme à la fenêtre un brouillard qui ne demande qu’à entrer
Comme le désordre d’une chambre d’hôtel qu’on n’a pas faite
Un lendemain de carrefour dans les papiers gras de la fête
Un voyageur sans billet assis sur le marchepied du train
Un ruisseau dans leur champ détourné par les mauvais riverains
Une bête des bois que les autos ont prise dans leurs phares

Comme un veilleur de nuit qui s’en revient dans le matin blafard
Comme un rêve mal dissipé dans l’ombre noire des prisons
Comme l’affolement d’un oiseau fourvoyé dans la maison
Comme au doigt de l’amant trahi la marque rouge d’une bague
Une voiture abandonnée au milieu d’un terrain vague
Comme une lettre déchirée éparpillée au vent des rues
Comme le hâle sur les mains qu’a laissé l’été disparu
Comme le regard blessé de l’être qui voit qu’il s’égare
Comme les bagages laissés en souffrance dans une gare
Comme une porte quelque part ou peut-être un volet qui bat

Le sillon pareil du cœur et de l’arbre où la foudre tomba
Une pierre au bord de la route en souvenir de quelque chose
Un mal qui n’en finit pas plus que la couleur des ecchymoses
Comme au loin sur la mer la sirène inutile d’un bateau
Comme longtemps après dans la chair la mémoire du couteau
Comme le cheval échappé qui boit l’eau sale d’une mare
Comme un oreiller dévasté par une nuit de cauchemars
Comme une injure au soleil avec de la paille dans les yeux
Comme la colère à revoir que rein n’a changé sous les cieux

Tu m’as trouvé dans la nuit comme une parole irréparable
Comme un vagabond pour dormir qui s’était couché dans l’étable
Comme un chien qui porte un collier aux initiales d’autrui
Un homme des jours d’autrefois empli de fureur et de bruit.

Louis Aragon

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je te reconnaitrai

19 Juin 2015, 04:08am

Publié par vertuchou

Je te reconnaîtrai aux algues de la mer

Au sel de tes cheveux, aux herbes de tes mains

Je te reconnaîtrai au profond des paupières

Je fermerai les yeux, tu me prendras la main.

Je te reconnaîtrai quand tu viendras pieds nus

Sur les sentiers brûlants d'odeurs et de soleil

Les cheveux ruisselants sur tes épaules nues

Et les seins ombragés des palmes du soleil.

Je laisserai alors s'envoler les oiseaux

Les oiseaux longs-courriers qui traversent les mers

Les étoiles aux vents courberont leurs fuseaux

Les oiseaux très pressés fuiront dans le ciel clair.

Je t'attendrai en haut de la plus haute tour

Où pleurent nuit et jour les absents dans le vent

Quand les oiseaux fuiront je saurai que le jour

Est là marqué des pas de celle que j'attends.

Complices du soleil je sens mon corps mûrir

De la patience aveugle et laiteuse des fruits

Ses froides mains de sel lentement refleurir

Dans le matin léger qui jaillit de la nuit.

Claude Roy

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El silencio / Le silence

15 Juin 2015, 04:01am

Publié par vertuchou

Oye, hijo mío, el silencio.
Es un silencio ondulado,
un silencio,
donde resbalan valles y ecos
y que inclina las frentes
hacia el suelo.


Entends, mon fils, le silence.
C’est un silence ondulé,
un silence
où glissent échos et vallées
et qui fait s’incliner les fronts
vers le sol.


Federico García Lorca

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