J’aime écrire
J’aime écrire parce que c’est
Te couvrir de caresses,
Nommer ta chair dans plus féroce au-delà,
Et boire, à même nos songes,
D’une même bouche épurée,
Ces mots fous de soleil et d’orange sanguine !
Khalfa
Coups de cœur
J’aime écrire parce que c’est
Te couvrir de caresses,
Nommer ta chair dans plus féroce au-delà,
Et boire, à même nos songes,
D’une même bouche épurée,
Ces mots fous de soleil et d’orange sanguine !
Khalfa
Nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes reconnus, nous nous sommes abandonnés l’un à l’autre, nous avons réussi un amour brûlant de cristal pur, te rends-tu compte de notre bonheur et de ce qui nous a été donné ?
- Maria Casarès, Lettre à Albert Camus, 4 juin 1950
J'ai compris avec toi que le plaisir n'est pas quelque chose qu'on prend ou qu'on donne. Il est manière de se donner et d'appeler le don de soi de l'autre. Nous nous sommes donnés l'un à l'autre entièrement.
André Gorz, Lettre à D : histoire d'un amour
Elle vint à moi, s’agenouilla au bord du lit d’un geste tendre, m’entoura de ses bras tout frais du vent de mer, et il me sembla que je prenais sur ses lèvres le goût du sel.
Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes
Tomber amoureux est le phénomène le plus mystérieux de l'univers.
Ceux qui aiment au premier regard vivent l’inexplicable du miracle.
S'ils n'aimaient pas auparavant c'est parce qu'ils ignoraient l'existence de l'autre.
Un coup de foudre est le plus gigantesque défi à la raison.
Amélie Nothomb
Sa vie se lisait sur sa peau et il la trouvait belle. Les hommes qui prétendent aimer la jeunesse ne font que s'aimer eux-mêmes, songea-t-il. Lui n'éprouvait pas le besoin de projeter l'encre de ses fantasmes sur la page blanche de femmes en devenir. Un être malléable ne lui inspirait pas de désir : c'était conquérir du vide. Il préférait les femmes que la vie avait polies et marquées, celles dont on touche, comme sur un livre en braille, les humiliations et les plaisirs au coin de la bouche et des yeux.
Adélaïde de Clermont-Tonnerre, Fourrure
Elle me tendit la main. Saisir une main, c’est à chaque fois mettre ses doigts dans une prise électrique et aussitôt connaitre l’intensité qui circule sans bruit sous la peau de l’autre.
Christian Bobin, Louise Amour
Chérie, ne t’offense pas de ce que je t’ai écrit. Tu me remercies du beau nom que je t’ai donné. Oui, ma chérie, c’est un beau nom : « Ma belle fleur sauvage des haies ! Ma fleur bleu-nuit inondée de pluie ! » Tu vois que je suis encore un peu poète. Je te donne aussi un très joli livre en cadeau : et c’est le cadeau d’un poète à la femme qu’il aime. Mais , tout à côté et à l’intérieur de cet amour spirituel que j’ai pour toi, existe aussi un désir sauvage, bestial, de chaque pouce de ton corps, de chacune de ses parties secrètes et honteuses, de chacune de ses odeurs et de ses actions. Mon amour pour toi me permet de prier l’esprit de la beauté et de la tendresse éternelles reflété dans tes yeux ou de te jeter sous moi sur ce ventre que tu as si doux et de te baiser par derrière, comme un porc besognant une truie, me faisant gloire de la sueur empuantie qui monte de ton cul, de la honte étalée que proclament ta robe troussée et tes culottes blanches de petite fille, et de la confusion que disent assez tes joues brûlantes et tes cheveux en bataille
Correspondance de James Joyce à Nora
Les mots de l'amour il faudrait se contenter de les dire au-dessus de l'eau qui coule, dans le vent au bord de la mer. Qu'ils soient portés loin. L'amour on ne devrait jamais l'enfermer, ni dans les bouches, ni dans les cœurs. C'est trop vaste.
Jeanne Benameur, Profanes
Je suis amoureuse, je comprends ce que c’est d’être amoureuse, on ne m’avait jamais expliqué , un mari de sept ans ou des aventures de deux jours ne pouvaient m’instruire là-dessus, c’est la première fois de ma vie que je fais l’amour, tout ce qui a précédé n’était rien, tout ce qui existait avant n’existait pas, on peut coucher avec la terre entière et cela ne change rien, tant que le cœur n’est pas atteint, le corps reste vierge, je ne suis pas mariée, je n’ai pas vingt-quatre ans, j’ai cet âge éternel de la première fois dans l’amour.
Christian Bobin, La folle allure