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Soudain, un soir

8 Mai 2020, 01:31am

Publié par vertuchou

Soudain, un soir, au retour d'une promenade, dans la voiture arrêtée, sa bouche sur ma bouche, cet embrasement, ce vertige. Alors, pendant des jours et des semaines, je n'ai plus été une image, mais chair et sang, désir, plaisir.

Simone de Beauvoir, Les belles images

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Que savent-ils de l'amour

30 Avril 2020, 01:29am

Publié par vertuchou

Que savent-ils de l'amour ceux qui croient que celui-ci n'offre que des terres paisibles et rassurantes ? Ceux qui pensent que la jouissance, l'euphorie des corps suffisent ? Ceux qui ignorent que l'amour se perpétue au-delà des sens, qu'il s'enracine à la fois dans la volupté et dans l'ailleurs ? Que l'amour tient du toucher, de l'odorat, du goût, de tous les sens, mais va plus loin encore ? Mystérieux comme la vie, pétri de folie et de sagesse.
Andrée Chedid, Le message

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Pardonnez-moi

22 Avril 2020, 01:26am

Publié par vertuchou

Pardonnez-moi. Je me débats depuis si longtemps. Pardonnez-moi, je n’en pouvais plus. Je voudrais être encore près de vous, vous dire que je vous aime, vous embrasser. Je sais que je vous parais absurde. Et aussi que je suis égoïste. Mais je suis devant vous tremblante, parce que j’ai peur de vous effrayer et de vous faire mal. Et que je ne sais plus du tout me maîtriser. Votre douceur me confond. Vous ne savez pas ce que c’est que d’être brûlée, et d’avoir sous les lèvres vos mains si douces, ou vos doux cheveux noirs, ou le duvet qui est sur vos joues, juste au-dessus de l’oreille. Il y a des mois que je m’interdis d’y penser. Je n’ai jamais aimé une femme comme je vous aime, Edith. [...] Je n’ai pas beaucoup de scrupules, d’ordinaire. Il ne m’est pas jusqu’ici arrivé de penser d’une fille : laisse-la, tu n’as pas le droit. Si je l’ai pensé de vous, ce n’est pas par devoir mais par tendresse. »

Lettre de Dominique Aury adressée à Edith Thomas, dimanche 27 octobre 1946.
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Un visage d'une blancheur saisissante

14 Avril 2020, 01:14am

Publié par vertuchou

Décembre (1931)

Un visage d'une blancheur saisissante disparaissant dans l'obscurité du jardin. Elle pose pour moi en s'éloignant. J'ai envie de sortir en courant pour embrasser sa fantastique beauté, pour l'embrasser et pour lui dire : « Vous portez en vous un reflet de moi-même, une partie de moi-même. Je vous ai rêvée, j'ai souhaité votre existence. Vous ferez toujours partie de ma vie. Si je vous aime, c'est parce que nous avons dû partager un certain temps les mêmes fantasmes, la même folie, la même scène.
« La seule force qui vous permet de tenir debout, c'est votre amour pour Henry — c'est pour cela que vous l'aimez. Il vous fait du mal, mais il permet à votre corps et à votre âme d'être unis. Il fait de vous une entité. A coups de fouet, il vous donne une unité passagère. Moi, j'ai Hugo. »

Henry et June — Les cahiers secrets, 1986

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Qui pourrait décrire le désir

6 Avril 2020, 02:02am

Publié par vertuchou

Qui pourrait décrire le désir quand il est aussi torride, chargé de succulences, impérieux ? Il échappe aux mots. Seule, peut-être, la musique peut rendre la puissance de la houle qui le porte, le souffle brûlant et les vibrations qu’il dégage. Il m’a, naguère, inspiré un tableau (allons, tant pis, fini le secret ! On sait maintenant ce que je fais). La toile était ronde, et j’avais peint une incandescence orange au centre, vers laquelle vibrait un déferlement d’ondes rouges et lavande. (J’en étais alors à ma période dite abstraite, qui suivit ma période dite figurative, laquelle précéda ma période dite postmoderniste, celle des photogrammes.) Ces ondes de rouges et de lavande, semblables aux orbes futuristes d’une meurtrissure, j’en ressens physiquement le choc à présent : elles me pénètrent, m’envahissent avec les caresses de mon amant qui parcourent mon corps, glissent jusqu’à mes fesses, se coulent entre mes cuisses où ses doigts écartent la fente de la culotte rouge, trouvent l’orée satinée. Et je me liquéfie…
La suite, qui ne la connaît d’avance, moi la première ? – à ceci près que je suis affolée de désir.

Erica Jong, Nana blues

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Tout à coup j’ai eu envie d’elle

29 Mars 2020, 01:05am

Publié par vertuchou

Tout à coup j’ai eu envie d’elle et je me suis penchée sur elle. Je l’embrasse, je glisse ma main sous son tee-shirt, je caresse ses seins, j’y porte ma bouche. Les seins et l’amour. Bien sûr. Je comprends quelque chose que je ne savais pas. Tout se fait tout seul. Je déboutonne son pantalon. Le désir rend tout très simple, il n’y a pas de gêne, rien de bizarre dans mes gestes. Je l’emmène dans sa chambre. Je souris quand je dégrafe son soutien-gorge. Je ne sais plus si c’est elle ou moi qui me déshabille. Je la caresse. C’est moi qui suis sur elle. C’est moi qui embrasse ses seins, qui caresse sa chatte. C’est moi qui la baise. Ses yeux remontent et son visage se lisse quand elle jouit. Elle s’endort.


Constance Debré  Play boy

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Non seulement c'étaient les seins d'une fille

21 Mars 2020, 02:01am

Publié par vertuchou

Non seulement c'étaient les seins d'une fille qui n'avait jamais connu d'homme, mais ils étaient comme des fleurs qui vont s'ouvrir et permettaient de deviner combien ils seraient beaux une fois épanouis. Entre deux monticules qui dressaient leurs boutons roses était une vallée qui, toute brunie qu'elle fût par le soleil, n'avait rien perdu de sa délicatesse, de son velouté et dont la peau veinée était fraîche, une vallée sur laquelle flottait le premier printemps. Se développant au même rythme que les membres, les seins n'étaient pas en retard sur le reste du corps. Cependant leur gonflement qui gardait encore la fermeté de l'enfance paraissait prêt à sortir du sommeil, à s'éveiller au moindre contact d'une plume, à la caresse de la brise la plus douce.
Yukio Mishima , Le tumulte des flots

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Elle était évidente et belle

13 Mars 2020, 01:43am

Publié par vertuchou

Elle était évidente et belle et sans artifice comme une rose pâle au soleil de juin. Dans la tiédeur ouatée de cette brasserie de la rue Jehan-de-Beauce, elle paraissait m'attendre tranquillement, sur la banquette de cuir sombre où sa robe de soie légère faisait une tache claire et gaie vers laquelle je me sentais aspiré comme la phalène affolée que fascine la bougie vacillante. Sans réfléchir, je me suis assis près d'elle. Pendant que je lui parlais, ses doigts graciles tremblaient à peine pour faire frissonner un peu le mince filet de fumée bleue montant de sa cigarette.

Pierre Desproges, Réquisitoire contre François Béranger

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Je sens ton souffle sur ma nuque

5 Mars 2020, 01:07am

Publié par vertuchou

Je sens ton souffle sur ma nuque. Tu déposes un baiser sur mes cheveux courts et, brusquement, une sensation de fraîcheur m'envahit. Mon corps s'ouvre, la tête rejetée en arrière, appuyée contre ta poitrine, je me laisse posséder, je devine ta main autant que je la sens. Elle descend doucement entre mes omoplates, jusqu'à la naissance de mes reins. L'eau fraîche coule librement le long de mon dos avant d'être arrêtée par le slip de coton. Tes doigts cherchent à se frayer un chemin entre l'élastique et ma peau. Hésitent, se ravisent. Ils remontent doucement, glissent sur mon ventre baigné de transpiration, hésitent à nouveau.

Claude Herdhuin, Chuchotements

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Elle a dit

22 Février 2020, 01:39am

Publié par vertuchou

Elle a dit : “… vos mots me plaisent, vos mots m'étreignent. Je parle à vos mots en les posant sur ma joue ; je les silence, je les ingère comme de petits fruits qui vitaminent mon esprit, mon présent, mes larmes, mes nuits et mes joies. Et je me demande si vous, vous, vous la devinez cette étreinte ; ou bien restez seul, reclus, interdit et fenêtres fermées, là où vous êtes en train d'écrire ? Oui je me demande si vos mots une fois reçus par moi ne vous reviennent pas sous forme de, je ne sais pas : l'onde d'un infime espoir partagé, d'une caresse profonde, la caresse d'un alcool fort, la caresse de bras invisibles vous entourant comme un serpent géant ; venu, non pas pour vous étouffer mais vous alléger d'une vague, cette vague revenue, renvoyée par moi depuis l'autre côté de l'océan : là où je suis, là où vos mots savent toujours me trouver, m'étreindre”.

— jacques dor
 

 

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