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Je te rencontre. Je me souviens de toi

16 Octobre 2020, 01:08am

Publié par vertuchou

Je te rencontre. Je me souviens de toi. Qui est tu ? Tu me tues. Tu me fais du bien. Comment me serais je doutée que cette ville était faite à la taille de l´amour ? Comment me serais je doutée que tu étais fait à la taille de mon corps même ? Tu me plais. Quel événement. Tu me plais. Quelle lenteur tout à coup. Quelle douceur. Tu ne peux pas savoir. Tu me tues. Tu me fais du bien. Tu me tues. Tu me fais du bien. J´ai le temps. Je t´en prie. Dévore-moi. Déforme-moi jusqu´à la laideur.

Marguerite Duras, Hiroshima mon amour

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De toute évidence, elle se croyait seule

8 Octobre 2020, 01:56am

Publié par vertuchou

De toute évidence, elle se croyait seule. Elle sortait de son bain et n’avait passé qu’un large pantalon de marin et une courte veste échancrée qui laissait ses bras nus. Elle tordait maintenant ses cheveux humides : au creux de ses bras bougeait une touffe brune et au creux de ses seins un pli sombre. Elle tenait ses épingles dans sa bouche serrée, qui baignait tout le visage tendu d’une soudaine onde d’enfance ; dans son innocence tendue et son application maniaque d’écolière, on eût dit que cette bouche abandonnée, si crûment à son affaire, tirait la mangue, vivait avec une intensité de fleur carnassière dans le seul geste aveugle de happer et de retenir.

Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes

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Son silence est le mien

27 Septembre 2020, 01:51am

Publié par vertuchou

Son silence est le mien. Ses yeux, les miens.
C’est comme si elle me connaissait depuis longtemps, comme si elle savait tout de mon enfance, me devinant du plus près bien que je la voie pour la première fois. Je sentis que c’était elle, ma femme...

Marc Chagall, Ma vie

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D’amour pour toi, au matin

19 Septembre 2020, 01:35am

Publié par vertuchou

D’amour pour toi, au matin, je pleurais des larmes rondes qui roulaient sur l’oreiller comme des perles.
Elles rebondissaient, fuyantes, sur le carrelage de la chambre.
Brillantes et nacrées, vives comme des éclairs, bruyantes comme un collier cassé.

Bénédicte Martin, Le Bosphore en hiver

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Qu'est-ce qui fait que l'on s'éprend

8 Septembre 2020, 21:14pm

Publié par vertuchou

Qu'est-ce qui fait que l'on s'éprend, comme ça, au premier regard, sans jamais s'être vus avant ? Il y a des rencontres qui se font et d'autres, toutes les autres qui nous échappent, nous sommes tellement inattentifs... Parfois nous croisons quelqu'un, il suffit de quelques mots échangés, et nous savons que nous avons à vivre quelque chose d'essentiel ensemble. Mais il suffit d'un rien pour que ces choses là ne se passent pas et que chacun poursuive sa route de son côté.

Claudie Gallay, Les déferlantes

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Je te rencontre. Je me souviens de toi

31 Août 2020, 01:26am

Publié par vertuchou

Je te rencontre. Je me souviens de toi. Cette ville était faite à la taille de l'amour. Tu étais fait à la taille de mon corps même. Qui es-tu ? Tu me tues. J'avais faim. Faim d'infidélités, d'adultères, de mensonges et de mourir. Depuis toujours. Je me doutais bien qu'un jour tu me tomberais dessus. Je t'attendais dans une impatience sans borne, calme. Dévore-moi. Déforme-moi à ton image afin qu'aucun autre, après toi, ne comprenne plus du tout le pourquoi de tant de désir. Nous allons rester seuls, mon amour. La nuit ne va pas finir. Le jour ne se lèvera plus sur personne. Jamais. Jamais plus. Enfin. Tu me tues. Tu me fais du bien. Nous pleurerons le jour défunt avec conscience et bonne volonté. Nous n'aurons plus rien d'autre à faire, plus rien que pleurer le jour défunt. Du temps passera. Du temps seulement. Et du temps va venir. Du temps viendra. Où nous ne saurons plus du tout nommer ce qui nous unira. Le nom s'en effacera peu à peu de notre mémoire. Puis, il disparaîtra tout à fait.

Marguerite Duras, Hiroshima mon amour.

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Oleg comprend

23 Août 2020, 01:30am

Publié par vertuchou

Oleg comprend que l'amour peut être aussi cette tendresse qui protège, qui suspend la douleur, qui rend essentiel le reflet neigeux venant de la fenêtre jusqu'à cette main féminine dont les doigts frémissent dans le sommeil. Une certitude très simple : leur voyage avait pour destination cette ville assoupie, cette chambre donnant sur les grands arbres blancs, ce reflet bleuté de la nuit que ses lèvres effleurent sur la main de la femme.

Andreï Makine, Une femme aimée.

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Les lèvres de Jeanne-Sophie

23 Août 2020, 01:24am

Publié par vertuchou

Les lèvres de Jeanne-Sophie étaient mouillées à point. Elles avaient le goût des fromages au lait cru. Mes doigts les ont sillonnées de bas en haut et de haut en bas, en les massant, en les lissant. J’explorais un pays, j’effeuillais un monde. Sa texture me faisait frémir de la plante des pieds à la racine des cheveux. Puis mes doigts se sont saisis de son clitoris. Le clitoris de Jeanne-Sophie était un capital de tendresse. Son toucher me donnait la sensation qu’un autre corps chevauchait mon corps. C’était la planche-contact d’une rencontre soyeuse.

Nimrod - Le balcon sur l’Algérois

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Pour la première fois depuis bien longtemps je ferme les yeux

15 Août 2020, 01:21am

Publié par vertuchou

Pour la première fois depuis bien longtemps je ferme les yeux. Sur la paix de mon cœur.
Je n'ai plus à chercher mon chemin.
On ne peut pas m'empêcher de fermer les yeux si je suis heureux.
Un peu comme les portes ou les fenêtres des granges.
On les ferme une fois qu'elles sont pleines.
Tu es en moi comme une provision merveilleuse.
Bien sûr je te ferai mal.
Bien sûr tu me feras mal.
Bien sûr nous aurons mal.
Mais ça, c'est la condition de l'existence.
Se faire printemps, c'est prendre le risque de l'hiver.
Se faire présent, c'est prendre le risque de l'absence...
... Et moi, c'est à mon risque de peine que je connais ma joie.

Antoine de Saint-Exupéry, Lettre à Nathalie Paley, 1942

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Ils marchèrent côte à côte

7 Août 2020, 14:29pm

Publié par vertuchou

 Ils marchèrent côte à côte, lentement. Plantin n'était pas pressé de la perdre, adoptait un pas de flâneur des deux rives. Elle balançait, heureuse, un petit sac à main noir. Oui, elle était heureuse, épanouie, jeune et vive. Elle devait avoir vingt-cinq ans, ou vingt-six. Elle était même un peu plus grande que lui. Il est vrai qu'elle était anglaise. Henri n'avait jamais parlé à une Anglaise.

René Fallet, Paris au mois d’août.

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