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Première nuit

20 Décembre 2021, 01:38am

Publié par vertuchou

Je lui ai présenté mes fesses, mon dos où il se fend et enfle pour faire deux oreillers à la joie blessée des hommes, pour tracer un chemin creux à son arme d'amour. Du souffle long de la dormeuse j'ai laissé mes fesses offrir leur lumière et proposer leur ombre, par amour je l'ai fait, par amour il l'a compris, et je crois qu'il s'est endormi.

 Alina Reyes, Sept Nuits

 

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Cet amour, Adèle, m’a complètement subjugué

8 Décembre 2021, 01:18am

Publié par vertuchou

Cet amour, Adèle, m’a complètement subjugué. Tempérament brûlant, esprit fier, âme ambitieuse, il a tout dompté en moi, tout concentré sur toi seule, tout changé en un seul désir, en un seul sentiment, en une seule pensée, et ce désir, ce sentiment, cette pensée, qui constituent toute ma vie, sont pour toi. À présent, je vis imparfait. Tu me manques, c’est-à-dire, tout me manque. Nos rares et courtes entrevues me soulagent, mais ne me satisfont pas entièrement. J’ai besoin de te voir souvent, j’ai besoin de te voir toujours. Ce sentiment est si profondément incorporé à mon être, qu’il est devenu un instinct. L’invincible désir de te voir m’entraîne toujours dans tous les lieux où je puis en avoir la moindre espérance. Aussi, suis-je souvent bien près de toi sans que tu t’en doutes. Je voudrais être déguisé ou invisible pour être à tous moments à côté de ma femme, suivre tous ses pas, m’attacher à tous ses mouvements. Je ne respire bien que dans ton atmosphère. Chère amie, oh ! quand m’appartiendras-tu !

Victor Hugo, lettre à la fiancée 1822

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A la fin je baiserai ton cœur

1 Décembre 2021, 01:30am

Publié par vertuchou

A la fin je baiserai ton cœur parce que je te veux, je mordrai la peau qui bat sur ton cœur parce que je te veux, et quand j'aurai ton cœur sous mes lèvres tu seras à moi, vraiment, avec ma bouche dans ton cœur tu seras à moi, pour toujours, si tu ne me crois pas alors ouvre les yeux mon bien-aimé seigneur et regarde-moi, je suis là, quelqu'un pourra-t-il jamais effacer cet instant, mon corps que la soie ne recouvre plus, tes mains qui le touchent, tes yeux qui le regardent, tes doigts dans mon sexe, ta langue sur mes lèvres, toi qui glisses sous moi, et prends mes hanches, et me soulèves, et me laisses glisser sur ton sexe, doucement, quelqu'un pourrait-il effacer cela, toi qui en moi lentement bouges, tes mains sur mon visage, tes doigts dans ma bouche, le plaisir dans tes yeux, ta voix, tu bouges lentement et cela me fait presque mal, mon plaisir, ma voix,mon corps sur le tien, ton dos qui me soulève, tes bras qui ne me laissent pas partir, les coups à l'intérieur de moi, la violence et la douceur, je vois tes yeux chercher les miens, ils veulent savoir jusqu'où me faire mal, jusqu'où tu veux, mon bien-aimé seigneur, il n'y a pas de fin, cela ne peut finir, ne le vois-tu pas ? personne jamais ne pourra effacer cet instant, pour toujours tu lanceras ta tête en arrière, en criant, pour toujours je fermerai les yeux, laissant mes larmes se détacher de mes cils, ma voix dans la tienne, ta violence à me tenir serrée, il n'y a plus de temps pour fuir ni de force pour résister, cet instant-là devait être, cet instant est, crois-moi, mon bien-aimé seigneur, et cet instant sera, maintenant et à jamais, il sera, jusqu'à la fin.


 -Alessandro Baricco, Soie

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Lui : Ton mari, il sait cette histoire ?

29 Novembre 2021, 01:45am

Publié par vertuchou

Lui : Ton mari, il sait cette histoire ?
Elle hésite.
Elle : Non.
Lui : Il n'y a que moi alors ?
Elle : Oui.
Il se lève de la table, la prend dans ses bras, la force à se lever à son tour, et l'enlace très fort, scandaleusement. Les gens regardent. Ils ne comprennent pas. Il est dans une joie violente. Il rit.
Lui : Il n'y a que moi qui sache. Moi seulement.
En même temps qu'elle ferme les yeux, elle dit.
Elle : Tais-toi.
Elle se rapproche encore plus de lui. Elle lève sa main, et, très légèrement, elle lui caresse la bouche avec sa main. Elle dit, presque dans un bonheur soudain.
Elle : Ah ! Que c'est bon d'être avec quelqu'un quelquefois.
Ils se séparent, très lentement. (...)
Lui : Parle encore.
Elle : Oui.
Elle cherche. N'y arrive pas.
Lui : Parle. (...)
Elle : Dans quelques années, quand je t'aurai oublié, et que d'autres histoires comme celle-là, par la force encore de l'habitude, arriveront encore, je me souviendrai de toi comme de l'oubli de l'amour même. Je penserai à cette histoire comme à l'horreur de l'oubli. Je le sais déjà"

Marguerite Duras, Hiroshima mon amour

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Vous êtes entrée chez moi

12 Novembre 2021, 01:48am

Publié par vertuchou

Vous êtes entrée chez moi, brutalement, comme une voleuse. Vous n’y avez laissé qu’un grand amour, un vide, une douleur. Je n’en ai pas été surpris, tout m’y préparait. J’ai souffert de crises morales trop violentes, trop fortes, depuis quelques années, surtout deux ans, qu’il fallait logiquement que cela vînt à finir, d’une façon ou d’une autre. L’autre, j’en ai peur, aurait été terrible. Il me fallait la Vie, ou la Fin. La Vie, Simone, c’est Vous. Vous l’êtes dans toute sa fraîcheur, sa pureté, et un peu, dans son désenchantement, parce que vous possédez, à un degré très rare, la conscience imminente des choses qui passent. Et cela me fait vous aimer d’autant plus, puisque cela me rapproche de vous. Vous avez la perception douloureuse de la vie, avant même d’avoir vécu.

Alain Grandbois,  Lettre à Simone Routier, 10 août 1920.

 

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Adieu, charmante cousine

5 Novembre 2021, 01:26am

Publié par vertuchou

Adieu, charmante cousine. Adieu, beauté incomparable ! Adieu, pure et céleste âme. Adieu, tendre et inséparable amie, femme unique sur la terre. Vous êtes le seul objet digne de mon cœur. Daignez vous rappeler quelquefois la mémoire d’un infortuné qui n’existait que pour partager avec vous les sentiments de son âme, et qui cessa de vivre au moment où il s’éloigna de vous. Si jamais…
 
Jean-Jacques Rousseau.

 

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Ses lèvres touchèrent son cerveau

29 Octobre 2021, 01:11am

Publié par vertuchou

Ses lèvres touchèrent son cerveau alors qu'elles touchaient ses lèvres, comme si elles étaient le véhicule d'un discours vague et entre elles il ressentait une pression inconnue et timide, plus sombre que l'évanouissement du péché, plus doux que le son ou l'odeur.

James Joyce, Un portrait de l'artiste en tant que jeune homme

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L'amour est un principe mystérieux

21 Octobre 2021, 01:06am

Publié par vertuchou

L'amour est un principe mystérieux, le désamour plus encore,

on arrive à savoir pourquoi on aime, jamais vraiment pourquoi on n'aime plus.

Hélène Grémillon

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Les femmes baisent pour un tas d'excellentes raisons

9 Octobre 2021, 01:43am

Publié par vertuchou

... Les femmes baisent pour un tas d'excellentes raisons qui n'ont rien avoir avec le plaisir physique. Comment un homme pourrait-il le savoir ? Comment Stéphane pourrait-il se douter que ma bonne raison à moi, là, tout de suite, est de faire se toucher les deux continents que nous représentons et qui, sans ces contions météorologiques passagères, cet ouragan, ne se rapprocheraient jamais l'un de l'autre ? C'est pour cette magie - pour le voir s'abandonner, redevenir aussi jeune, aussi malléable que moi, pour entendre sa voix grave prendre des aigus désespérés de petit garçon lorsque je l'enfourche, et regarder Stéphane ouvrir grand ses yeux, pétrifié semble-t-il par la puissance que je prends, assise sur lui.

Emma Becker, La Maison

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Elle se sent femme aujourd'hui,

2 Octobre 2021, 01:58am

Publié par vertuchou

Elle se sent femme aujourd'hui, auprès de cet homme qui l'a révélée. Cette main, elle n'est pas près de la lâcher. Dans les années qui suivront, elle la serrera souvent, dans la rue, au parc, à la maternité, en dormant, en jouissant, en pleurant, en mettant au monde leurs enfants. Cette main, elle la tient pour longtemps.

Laetitia Colombani, La tresse.

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