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Il faut que tu m’embrasse debout

9 Janvier 2021, 01:10am

Publié par vertuchou

Il faut que tu m’embrasse debout, je suis certaine d’admirer ta façon d’être plus grand que moi.
Il faut que le ciel me tombe sur la bouche. Que j’en aie le souffle court. Que je te dise des choses absurdes et précipitées. Que j’aie ton odeur partout sur moi. Que tu m’enlaces par derrière pendant que je suis en train de faire quelque chose de très important comme chercher dans on sac le paquet de cigarettes de mon frère parce que tu veux fumer. Que je te dise cette chose idiote et réelle : « Ca commence aujourd’hui. » C’est émouvant de t’embrasser, tu ne peux pas le savoir mais je te le dis. D’où viens-tu Jude ?
De quelle histoire ? Pas n’importe laquelle pour qu’il y ait ça sur ton visage, ce regard qui veut vivre à toute force parce qu’il vient de loin et regrette ce qu’il a vu là-bas. On va bientôt arriver à Londres, on va s’inventer une vie à deux qui nous enverra si bien en l’air.
Viens, que je te tienne par la taille dans la rue. Là, tout près.
Pourquoi je te regarde comme ça ? Parce que j’ai une foutue envie que tu m’étouffes dans le couloir du train. Et que je n’en réchappe pas.

Arnaud Cathrine, Les vies de Luka

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Mon amour, quel bonheur

1 Janvier 2021, 01:59am

Publié par vertuchou

Mon amour, quel bonheur ce sera de te revoir, d’entendre chanter tes voyelles, mon amour. Viens à la gare, car voici ce qui est arrivé (mais surtout ne te fâche pas), je n’arrive pas à me souvenir (pour l’amour de Dieu ne te fâche pas !) je n’arrive pas à me souvenir (tu me promets que tu ne te fâcheras pas ?), je n’arrive pas à me souvenir de ton numéro de téléphone !!! je me souviens qu’il y avait dedans un sept, mais ensuite… ?

[...]

Je t’embrasse, mon amour, profondément, jusqu’à en perdre connaissance, j’attends ta lettre, je t’aime, je me déplace avec précaution pour ne pas te casser, pour ne pas rompre le délicieux tintement de cristal que tu fais retentir en moi…

Berlin, 1924

Vladimir Nabokov, Lettre à sa femme Vera

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Les yeux ouverts, les yeux fermés, je vois

26 Décembre 2020, 01:16am

Publié par vertuchou

Les yeux ouverts, les yeux fermés, je vois, je sais. A l'heure où le désir s'échappe comme d'un loup qui couvre mon visage, cette femme nue au coin du bois anonyme et violée et précise et familière, est-ce celle sublimée et subtile qui s'avance et grandit et me choisit et me livre et me délivre dans la lumière oblique de ce qui est plus que ma vie ? Elle se détache et se confond avec celle qui habite entre mes bras. La meilleure. La révélée. La femme est flamme. Elle est nue comme une amande. Il y a des champs d'ivoire dans l'amour. Elle est chaste comme je suis chaste : un scandale d'innocence. C'est toujours l'âge du premier amour. Et voici que je tremble. Tout est chair. Sexe de l'iode, des lèvres, des sacs à fermoir, des rives, des rivages de ce lac calme où nous prenons dimensions. Si j'ouvre les yeux, je suis nageur qui fait provision d'oxygène pour mieux plonger dans le délire. Je me rassure, j'étais seul. Soudain, je suis tous. Je dois fonder quelque ville, quelque part. Puis la respiration devient broussaille. Je rejoins le réel, l'imaginaire, la mort attelée dans le dos.

    Réponse de Jean Malrieu à l'interrogation suivante : Comment se caractérisent vos représentations imaginaires dans l'acte d'amour ? Justifient-elles un jugement de valeur ? Sont-elles spontanées ou volontaires ? Se succèdent-elles dans un ordre fixe ? Lequel ?

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De toute évidence, elle se croyait seule

18 Décembre 2020, 01:12am

Publié par vertuchou

De toute évidence, elle se croyait seule. Elle sortait de son bain et n’avait passé qu’un large pantalon de marin et une courte veste échancrée qui laissait ses bras nus. Elle tordait maintenant ses cheveux humides : au creux de ses bras bougeait une touffe brune et au creux de ses seins un pli sombre. Elle tenait ses épingles dans sa bouche serrée, qui baignait tout le visage tendu d’une soudaine onde d’enfance ; dans son innocence tendue et son application maniaque d’écolière, on eût dit que cette bouche abandonnée, si crûment à son affaire, tirait la mangue, vivait avec une intensité de fleur carnassière dans le seul geste aveugle de happer et de retenir.

Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes

 

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Aussi tu me tiens le cœur

2 Décembre 2020, 01:13am

Publié par vertuchou

Aussi tu me tiens le cœur dans tes serres, ô belle victorieuse que tu es, comme un aigle tient sa proie. Tu m'as saisi par tous les côtés à la fois. Je t'aime parce que tu es une femme, je t'admire parce que tu es un esprit, je t'adore parce que tu es un ange. Oh ! quand tu t'envoleras, emporte-moi !.

Victor Hugo, Lettre à Léonie Biard, 1846.

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Quand on aime, quand on ressent de l’amour

28 Novembre 2020, 01:08am

Publié par vertuchou

Quand on aime, quand on ressent de l’amour, que ce soit pour un être humain, un animal, une fleur ou un coucher de soleil, on est porté au-delà de soi. Nos désirs, nos peurs et nos doutes se dissipent. Nos besoins de reconnaissance s’évanouissent. On ne cherche plus à se comparer, à exister plus que les autres. Notre âme s’élève tandis que nous sommes tout entier emplis de ce sentiment, de cet élan du cœur qui s’étend alors naturellement pour embrasser tous les êtres et toutes les choses de la vie.

 Laurent Gounelle,  Et tu trouveras le trésor qui dort en toi

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Je veux toi pour tisane

20 Novembre 2020, 01:25am

Publié par vertuchou

Je veux toi pour tisane. Le sucre de ta peau, ton goût de tabac d'arbre, le chat de ta gorge enroulé sur mon coeur, le chant de ton coeur déployé sur ma gorge, tes bras ouverts comme une table, tes pas de loup de nuit, ton sol précis sur mes graines de rêves, tes doigts sourciers sur mes glaises de soif, tes mers sur mes escales, tes bois à découvrir, mes rives à t'accueillir. Je veux tes mots revisités de fraises, tes mots rougis incendiés de neige. Je les veux qui enflamment qui touchent et qui m'existent. La sève de tes mains pour redevenir liane, l'arbre le fruit et la racine, le paysage en route, l'aimer à double tour d'où l'on ne sort jamais. Je veux le seringa troublé d'eau et de blanc, l'affolée de parfums de pollens et de miel, cette abeille innocente qui pille les corolles. Et plus que le désir, plus que le ciel à dire, plus que le tout à vivre, encore plus que le trop, je veux l'hiver épris des puissances d'été. Tes mains ouvertes, offertes pour les remplir de moi.
Mes mains ouvertes, offertes pour les remplir de toi. Pour me réinventer, je veux toi pour m'écrire et m'aimer sans boussole. Tes instances de vivre renversées sur mon souffle. Tes mots de pain nouveau accordé à ma faim. Tes yeux pour vêtement. Je veux toi pour tisane. Je veux toi au présent.

Ile Eniger, Le bleu des ronces

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Selon les règles du jeu

12 Novembre 2020, 01:08am

Publié par vertuchou

Selon les règles du jeu il s'allonge contre elle et presse la bouche contre son front, ses paupières, ses joues, son cou, ses épaules.
Ses épaules son cou ses paupières.
Peau brûlante goût de sel résistance de la chair dès que les lèvres s'y appuient odeur Vermeille goût de soleil goût de raisins de serre il ne respire plus ses propres mains ses reins ses jambes sont glacés les battements de son cœur se développent de plus en plus fort de plus en plus rapprochés irradiant sa gorge comme si une course, une fuite blessée le soulevait du sol et le laissait retomber plus lourdement à chaque foulée il fuit bien qu'il ne bouge pas ne l'embrasse même plus reste simplement serré contre elle poursuivi par le goût de raisins de sa chair et le faible parfum d'amandes de ses cheveux

Jean-René Huguenin, La Côte sauvage

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Que tu es belle, mon amie, que tu es belle !

4 Novembre 2020, 01:24am

Publié par vertuchou

Que tu es belle, mon amie, que tu es belle ! Tes yeux sont des colombes, Derrière ton voile. Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres, Suspendues aux flancs de la montagne de Galaad. Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues, Qui remontent de l'abreuvoir; Toutes portent des jumeaux, Aucune d'elles n'est stérile. Tes lèvres sont comme un fil cramoisi, Et ta bouche est charmante ; Ta joue est comme une moitié de grenade, Derrière ton voile. Ton cou est comme la tour de David, Bâtie pour être un arsenal ; Mille boucliers y sont suspendus, Tous les boucliers des héros. Tes deux seins sont comme deux faons, Comme les jumeaux d'une gazelle, Qui paissent au milieu des lis. Avant que le jour se rafraîchisse, Et que les ombres fuient, J'irai à la montagne de la myrrhe Et à la colline de l'encens. Tu es toute belle, mon amie, Et il n'y a point en toi de défaut. [...] Tu me ravis le cœur, ma sœur, ma fiancée, Tu me ravis le cœur par l'un de tes regards, Par l'un des colliers de ton cou. Que de charmes dans ton amour, ma sœur, ma fiancée ! Comme ton amour vaut mieux que le vin, Et combien tes parfums sont plus suaves que tous les aromates! Tes lèvres distillent le miel, ma fiancée ; Il y a sous ta langue du miel et du lait, Et l'odeur de tes vêtements est comme l'odeur du Liban. Tu es un jardin fermé, ma sœur, ma fiancée, Une source fermée, une fontaine scellée. [...] Lève-toi, aquilon ! viens, autan ! Soufflez sur mon jardin, et que les parfums s'en exhalent !

Cantique de Salomon, appelé aussi Cantique des cantiques

 

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Jamais il ne m’avait encore été donné

27 Octobre 2020, 01:46am

Publié par vertuchou

Jamais il ne m’avait encore été donné de dévorer des yeux à loisir, dans une telle lumière, avec tant de minutie, les traits de la femme que j’aimais. A la voir sous cet angle, sa beauté prenait une grandeur prodigieuse, me harcelait de sa richesse et de son ampleur… (…) une merveilleuse architecture (…) le dévalé abrupt des deux lignes reliant le nez à la bouche.
Ah : la surnaturelle substance que ce « visage de Naomi ».
… Dans ma main, le rasoir glissait le long de sa peau en pente douce, depuis la nuque jusqu’aux épaules. Le dos parfait de Naomi, d’une blancheur de lait, emplit mon champ visuel de sa masse ample et haute. (…) Mes mains, mes doigts ont folâtré gaiement sur cette neige à la beauté inquiétante.

Tanizaki,  Un amour insensé

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