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poetes d'hier

Toi Seul Qui Fait Des Miracles

16 Mars 2022, 08:17am

Publié par vertuchou

Toi seul qui fait des miracles
Toi seul Créateur, qui nous a créés,
Toi seul Rédempteur, qui nous a rachetés
Par ton très précieux sang.
 
En toi seul nous trouvons refuge,
En toi seul nous avons confiance,
Nul autre nous n'adorons,
Christ Jésus.
 
À toi nous présentons nos prières,
Entends nos supplications,
Et accorde-nous ce que nous demandons,
Roi bienveillant.
 
D'en aimer un autre
Serait tromperie de notre part :
Grandes seraient la bêtise
Et la faute.
 
Entends nos lamentations,
Comble-nous de ta bienveillance,
Ô roi des rois,
Afin qu'à ton seul service
Nous nous attachions avec joie
Pour l'éternité.

Josquin des Prés

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Seul

12 Mars 2022, 02:04am

Publié par vertuchou

Depuis l'heure de l'enfance, je n'ai pas été
Comme d'autres - je n'ai pas vu
Comme d'autres l'ont vu, je n'ai pas pu apporter
Mes passions d'un printemps commun -
De la même source, je n'ai pas pris
Ma douleur - je ne pouvais pas me réveiller
Mon cœur à la joie sur le même ton -
Et tout ce que j'aimais - j'aimais seul -
Puis - dans mon enfance - à l'aube
D'une vie très orageuse - a été dessiné
De toute profondeur du bien et du mal
Le mystère qui me lie encore…


Edgar Alan Poe

 

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À chaque fleur qui s'ouvre

8 Mars 2022, 01:59am

Publié par vertuchou

    À chaque fleur qui s'ouvre
    Aux branches de prunier,
    Le printemps un peu plus s'attiédit.

    Ah ! cette feuille sèche
    Qui se repose
    Caressant la pierre tombale !

    Hattori Ransetsu

 

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Ton cœur est un jardin tout rose.

8 Mars 2022, 01:05am

Publié par vertuchou

Ton cœur est un jardin tout rose
Qu’arrose le sang de mon cœur.
Les roses y chantent un chœur
De divins parfums où se pose,
Tel le blanc papillon vainqueur
 Sur le miel de la rose éclose,
Le rêve amoureux de mon cœur.

Ton cœur est un jardin tout rose.

Léopold Dauphin

 

 

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Mille chemins, un seul but

4 Mars 2022, 01:52am

Publié par vertuchou

Le chasseur songe dans les bois
À des beautés sur l’herbe assises,
Et dans l’ombre il croit voir parfois
Danser des formes indécises.

Le soldat pense à ses destins
Tout en veillant sur les empires,
Et dans ses souvenirs lointains
Entrevoit de vagues sourires.

Le pâtre attend sous le ciel bleu
L’heure où son étoile paisible
Va s’épanouir, fleur de feu,
Au bout d’une tige invisible.

Regarde-les, regarde encor
Comme la vierge, fille d’Ève,
Jette en courant dans les blés d’or
Sa chanson qui contient son rêve !

Vois errer dans les champs en fleur,
Dos courbé, paupières baissées,
Le poète, cet oiseleur,
Qui cherche à prendre des pensées.

Vois sur la mer les matelots
Implorant la terre embaumée,
Lassés de l’écume des flots,
Et demandant une fumée !

Se rappelant quand le flot noir
Bat les flancs plaintifs du navire,
Les hameaux si joyeux le soir,
Les arbres pleins d’éclats de rire !

Vois le prêtre, priant pour tous,
Front pur qui sous nos fautes penche,
Songer dans le temple, à genoux
Sur les plis de sa robe blanche.

Vois s’élever sur les hauteurs
Tous ces grands penseurs que tu nommes,
Sombres esprit dominateurs,
Chênes dans la forêt des hommes.

Vois, couvant des yeux son trésor,
La mère contempler, ravie,
Son enfant, cœur sans ombre encor,
Vase que remplira la vie !

Tous, dans la joie ou dans l’affront,
Portent, sans nuage et sans tache,
Un mot qui rayonne à leur front,
Dans leur âme un mot qui se cache.

Selon les desseins du Seigneur,
Le mot qu’on voit pour tous varie ;
– L’un a : Gloire ! l’autre a : Bonheur !
L’un dit : Vertu ! l’autre : Patrie !

Le mot caché ne change pas.
Dans tous les cœurs toujours le même ;
Il y chante ou gémit tout bas ;
Et ce mot, c’est le mot suprême !

C’est le mot qui peut assoupir
L’ennui du front le plus morose !
C’est le mystérieux soupir
Qu’à toute heure fait toute chose !

C’est le mot d’où les autres mots
Sortent comme d’un tronc austère,
Et qui remplit de ses rameaux
Tous les langages de la terre !

C’est le verbe, obscur ou vermeil,
Qui luit dans le reflet des fleuves,
Dans le phare, dans le soleil,
Dans la sombre lampe des veuves !

Qui se mêle au bruit des roseaux,
Au tressaillement des colombes ;
Qui jase et rit dans les berceaux,
Et qu’on sent vivre au fond des tombes !

Qui fait éclore dans les bois
Les feuilles, les souffles, les ailes,
La clémence au cœur des grands rois,
Le sourire aux lèvres des belles !

C’est le nœud des prés et des eaux !
C’est le charme qui se compose
Du plus tendre cri des oiseaux,
Du plus doux parfum de la rose !

C’est l’hymne que le gouffre amer
Chante en poussant au port des voiles !
C’est le mystère de la mer,
Et c’est le secret des étoiles !

Ce mot, fondement éternel
De la seconde des deux Romes,
C’est Foi dans la langue du ciel,
Amour dans la langue des hommes !

Aimer, c’est avoir dans les mains
Un fil pour toutes les épreuves,
Un flambeau pour tous les chemins,
Une coupe pour tous les fleuves !

Aimer, c’est comprendre les cieux.
C’est mettre, qu’on dorme ou qu’on veille,
Une lumière dans ses yeux,
Une musique en son oreille !

C’est se chauffer à ce qui bout !
C’est pencher son âme embaumée
Sur le côté divin de tout !
Ainsi, ma douce bien-aimée,

Tu mêles ton cœur et tes sens,
Dans la retraite où tu m’accueilles,
Aux dialogues ravissants
Des flots, des astres et des feuilles !

La vitre laisse voir le jour ;
Malgré nos brumes et nos doutes,
Ô mon ange ! à travers l’amour
Les vérités paraissent toutes !

L’homme et la femme, couple heureux,
À qui le cœur tient lieu d’apôtre,
Laissent voir le ciel derrière eux,
Et sont transparents l’un pour l’autre.

Ils ont en eux, comme un lac noir
Reflète un astre en son eau pure,
Du Dieu caché qu’on ne peut voir
Une lumineuse figure !

Aimons ! prions ! les bois sont verts,
L’été resplendit sur la mousse,
Les germes vivent entr’ouverts,
L’onde s’épanche et l’herbe pousse !

Que la foule, bien loin de nous
Suive ses routes insensées.
Aimons, et tombons à genoux,
Et laissons aller nos pensées !

L’amour, qu’il vienne tôt ou tard,
Prouve Dieu dans notre âme sombre.
Il faut bien un corps quelque part
Pour que le miroir ait une ombre.

Victor Hugo

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Ouvre

28 Février 2022, 01:40am

Publié par vertuchou

Ouvre les yeux, réveille-toi ;
Ouvre l'oreille, ouvre ta porte :
C'est l'amour qui sonne et c'est moi
Qui te l'apporte.

Ouvre la fenêtre à tes seins ;
Ouvre ton corsage de soie ;
Ouvre ta robe sur tes reins ;
Ouvre qu'on voie !

Ouvre à mon cœur ton cœur trop plein :
J'irai le boire sur ta bouche !
Ouvre ta chemise de lin :
Ouvre qu'on touche !

Ouvre les plis de tes rideaux :
Ouvre ton lit que je t'y traîne :
Il va s'échauffer sous ton dos.
Ouvre l'arène.

Ouvre tes bras pour m'enlacer ;
Ouvre tes seins que je m'y pose ;
Ouvre aux fureurs de mon baiser
Ta lèvre rose !

Ouvre tes jambes, prends mes flancs
Dans ces rondeurs blanches et lisses ;
Ouvre tes genoux tremblants...
Ouvre tes cuisses !

Ouvre tout ce qu'on peut ouvrir :
Dans les chauds trésors de ton ventre
J'inonderai sans me tarir
L'abîme où j'entre.

Edmond Haraucourt, Sire de Chambley

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Complainte amoureuse

24 Février 2022, 01:35am

Publié par vertuchou

Oui, dès l’instant que je vous vis,
Beauté féroce, vous me plûtes ;
De l’amour qu’en vos yeux je pris,
Sur-le-champ vous vous aperçûtes ;
Mais de quel air froid vous reçûtes
Tous les soins que pour vous je pris !
En vain je priai, je gémis :
Dans votre dureté vous sûtes
Mépriser tout ce que je fis.
Même un jour je vous écrivis
Un billet tendre que vous lûtes,
Et je ne sais comment vous pûtes
De sang-froid voir ce que j’y mis.
Ah ! Fallait-il que je vous visse,
Fallait-il que vous me plussiez,
Qu’ingénument je vous le disse,
Qu’avec orgueil vous vous tussiez !
Fallait-il que je vous aimasse,
Que vous me désespérassiez,
Et qu’en vain je m’opiniâtrasse,
Et que je vous idolâtrasse
Pour que vous m’assassinassiez !

Alphonse Allais


 

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Pour écrire un seul vers

20 Février 2022, 01:32am

Publié par vertuchou

Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin.
Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à ses parents qu’il fallait qu’on froissât
lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas (c’était une joie faite pour un autre), à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles, – et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela.

Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. Car les souvenirs eux-mêmes ne sont pas encore cela.
Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver  qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers.

Rainer Maria Rilke

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L’Atlantide

16 Février 2022, 01:29am

Publié par vertuchou

Quand le léger vaisseau, dans sa course rapide,
Tendant sa voile au vent, fuit sur l’onde limpide,
Et trace sur la mer un sillon lumineux,
Il semble que l’on voit sous le flot écumeux
Se dresser tout au fond de l’ancien Atlantique
Les palais d’une ville étrange et fantastique ;
Et sur l’onde ridée au souffle du zéphyr,
On entend murmurer, ainsi qu’un long soupir,
Celle qui dort ici sous la nappe liquide.
Comme dans son linceul : c’est la belle Atlantide.

Hélas ! ce lieu n’est plus qu’un immense tombeau.
Un vaste continent repose sous cette eau,
Presqu’ignoré de tous, englouti par les ondes ;
Nul bruit ne vient troubler ses retraites profondes,
Rien ne réveille plus les antiques cités.
De grands coraux ont crû dans les murs incrustés,
Et seuls de noirs requins viennent d’un air avide
Errer sous les palais de l’ancienne Atlantide.

Et pourtant cette ville eut ses jours de grandeur:
Avant de s’engloutir en cette profondeur,
Le grand Océan bleu venait mouiller ses plages,
Et les verts orangers ombrageant ses rivages
Inclinaient mollement leurs cimes sur les eaux,
Lorsqu’un zéphyr léger caressant leurs rameaux
Couvrait de leurs fruits d’or la rive verdoyante ;
Et plus loin vers les monts, magnifique, imposante,
On voyait se dresser la Ville aux grandes tours,
Avec ses hauts palais, pleins d’étranges contours,
Et le peuple joyeux dans la cité splendide,
Disait : « Vis à toujours ! éternelle Atlantide ».

Ils disaient : éternelle. -Ah ! ne savaient-ils pas,
Les pauvres malheureux, que tout passe ici-bas ?
Pensaient-ils retenir cette gloire éphémère ?
Un soir d’été pourtant ils sentirent la terre
Vaciller sous leurs pas. Puis un sourd grondement
Les frappa de terreur... Quand vint le jour naissant,
Tout avait disparu, rien que la mer immense.
... À l’horizon... partout, un horrible silence ;
Sur les vagues encor quelques tristes débris ;
Et comme un point perdu dans le vaste ciel gris,
Fuyait un Aigle noir, et son aile rapide
Effleurait les grands flots où dormait l’Atlantide.
Juin 1878

Alice de Chambrier

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Bacchante

12 Février 2022, 01:24am

Publié par vertuchou

J’aime invinciblement. J’aime implacablement.
Je sais qu’il est des cœurs de neige et de rosée ;
Moi, l’amour sous son pied me tient nue et brisée ;
Et je porte mes sens comme un mal infamant.
Ma bouche est détendue, et mes hanches sont mûres ;
Mes seins un peu tombants ont la lourdeur d’un fruit ;
Comme l’impur miroir d’un restaurant de nuit,
Mon corps est tout rayé d’ardentes meurtrissures.
Telle et plus âpre ainsi, je dompte le troupeau.
Les reins cambrés, je vais plus que jamais puissante ;
Car je n’ai qu’à pencher ma nuque pour qu’on sente
L’odeur de tout l’amour incrusté dans ma peau.

Albert Samain

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