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poetes d'hier

L'amour flotte sur moi,

13 Janvier 2022, 01:59am

Publié par vertuchou

L'amour flotte sur moi, il étend son nuage,
L'amour roule à mes pieds un torrent qui fait rage.
Amour bas qui m'embourbe, amour d'eau traversière,
Mon désir a choisi une ville et des frères.
Et la tendresse sait où trouver en mon cœur
Un gîte où s'abriter, un lieu où faire halte.
Mais tout autour de moi, autour de ma demeure,
Seuls les vents de l'amour tourbillonnent ,m'exaltent.

Abû Nuwâs

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Huitain

9 Janvier 2022, 01:02am

Publié par vertuchou

Tes yeux sont deux grands lacs pleins d’ombre
Étoilés d’ors capricieux.
 
J’aime noyer en ces beaux yeux
Tous mes soucis ; ma fièvre y sombre
Calmant, aux flots silencieux
De leur nuit scintillante et sombre,
Son désir infini des cieux.
 
Tes yeux sont deux grands lacs pleins d’ombre.

Léopold Dauphin

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Vos yeux, belle Diane, ont autant de puissance

3 Janvier 2022, 01:08am

Publié par vertuchou

Vos yeux, belle Diane, ont autant de puissance
Qu'une arquebuse à roue, et vos sourcils voûtés,
Ce sont deux arcs turquois, qui rendent surmontés
Les coeurs qui pensent plus faire de résistance,

Votre front c'est le marbre, où l'archer qui m'offense
Aiguise à mon malheur ses traits de tous côtés,
Votre chaste estomac, le séjour des beautés,
La prison qui me garde en votre obéissance.

Pour mieux me détenir, de votre poil doré
Avez fait les liens dont je suis enserré,
Puis votre dur refus est mon dernier supplice.

Ainsi donc je reçois par la rigueur du sort,
Par la vôtre, Madame, et pour votre service,
Le feu, le fer, prison, les chaînes et la mort.

Philippe Desportes

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dans un lieu où je n’ai jamais voyagé, avec plaisir

29 Décembre 2021, 01:27am

Publié par vertuchou

dans un lieu où je n’ai jamais voyagé, avec plaisir
au delà de toute expérience, tes yeux possèdent leur silence :
dans ton geste le plus frêle se trouvent des choses qui me piègent,
ou que je ne peux pas toucher parce qu’elles sont trop proches

le moindre de tes regards m’ouvrira facilement
bien que je me sois serré tels des doigts,
tu m’ouvres toujours pétale par pétale comme le printemps ouvre
( touchant habilement, mystérieusement) sa première rose

ou si tu souhaites me refermer, ma vie et
moi-même nous fermerons avec beauté, soudainement,
tel le moment où le cœur de cette fleur imagine
la neige tomber doucement partout ;

rien que nous sommes censés percevoir dans ce monde ne saurait égaler
la puissance de ta fragilité intense : dont la texture
me captive par la couleur de ses pays,
et décrit la mort et l’éternité avec chaque respiration

( je ne sais pas ce qu’il y a en toi qui ferme
et ouvre ; seul quelque chose en moi comprend que
la voix de tes yeux est plus profonde que toutes les roses )
personne, même pas la pluie, n’a de si petites mains

E.E. Cummings

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Parce que tu m’as parlé de vice

25 Décembre 2021, 01:43am

Publié par vertuchou

Tu m’as parlé de vice en ta lettre d’hier
Le vice n’entre pas dans les amours sublimes
Il n’est pas plus qu’un grain de sable dans la mer
Un seul grain descendant dans les glauques abîmes

Nous pouvons faire agir l’imagination
Faire danser nos sens sur les débris du monde
Nous énerver jusqu’à l’exaspération
Ou vautrer nos deux corps dans une fange immonde

Et liés l’un à l’autre en une étreinte unique
Nous pouvons défier la mort et son destin
Quand nos dents claqueront en claquement panique
Nous pouvons appeler soir ce qu’on dit matin

Tu peux déifier ma volonté sauvage
Je peux me prosterner comme vers un autel
Devant ta croupe qu’ensanglantera ma rage
Nos amours resteront pures comme un beau ciel

Qu’importe qu’essoufflés muets bouches ouvertes
Ainsi que deux canons tombés de leur affût
Brisés de trop s’aimer nos corps restent inertes
Notre amour restera bien toujours ce qu’il fut

Ennoblissons mon cœur l’imagination
La pauvre humanité bien souvent n’en a guères
Le vice en tout cela n’est qu’une illusion
Qui ne trompe jamais que les âmes vulgaires

Nîmes, le 3 février 1915

Guillaume Appollinaire

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La mince couche de glace

17 Décembre 2021, 01:21am

Publié par vertuchou

La mince couche de glace
Était une barrière
Pour endiguer mes larmes.

Uejima Onitsura

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Elle passe des heures émues

13 Décembre 2021, 01:19am

Publié par vertuchou

Elle passe des heures émues
appuyée à sa fenêtre,
tout au bord de son être,
distraite et tendue.

Comme les lévriers en
se couchant leurs pattes disposent,
son instinct de rêve surprend
et règle ces belles choses

que sont ses mains bien placées.
C'est par là que le reste s'enrôle.
Ni les bras, ni les seins, ni l'épaule,
ni elle-même ne disent : assez !

Rainer Maria Rilke

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Rien

7 Décembre 2021, 01:16am

Publié par vertuchou

Rien
Du vent
Fin
Comme absent

Et dans cette vanité des vanités
Tranchante, l'aurore.

17 juin 1922

Marina Tsvetaïeva

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À la plus belle

2 Décembre 2021, 01:56am

Publié par vertuchou

Nul ne l’a vue et, dans mon cœur,
Je garde sa beauté suprême ;
(Arrière tout rire moqueur !)
Et morte, je l’aime, je l’aime.

J’ai consulté tous les devins,
Ils m’ont tous dit : « C’est la plus belle ! »
Et depuis j’ai bu tous les vins
Contre la mémoire rebelle.

Oh ! ses cheveux livrés au vent !
Ses yeux, crépuscule d’automne !
Sa parole qu’encor souvent
J’entends dans la nuit monotone.

C’était la plus belle, à jamais,
Parmi les filles de la terre…
Et je l’aimais, oh ! je l’aimais
Tant, que ma bouche doit se taire.

J’ai honte de ce que je dis ;
Car nul ne saura ni la femme,
Ni l’amour, ni le paradis
Que je garde au fond de mon âme.

Que ces mots restent enfouis,
Oubliés, (l’oubliance est douce)
Comme un coffret plein de louis
Au pied du mur couvert de mousse.

Charles Cros

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Si tu viens

28 Novembre 2021, 01:52am

Publié par vertuchou

Si tu viens, je prendrai tes lèvres dès la porte,
Nous irons sans parler dans l'ombre et les coussins,
Je t'y ferai tomber, longue comme une morte,
Et, passionnément, je chercherai tes seins.

A travers ton bouquet de corsage, ma bouche
Prendra leur pointe nue et rose entre deux fleurs,
Et t'écoutant gémir du baiser qui les touche,
Je te désirerai, jusqu'aux pleurs, jusqu'aux pleurs !

- Or, les lèvres au sein, je veux que ma main droite
Fasse vibrer ton corps - instrument sans défaut -
Que tout l'art de l'Amour inspiré de Sapho
Exalte cette chair sensible intime et moite.

Mais quand le difficile et terrible plaisir
Te cambrera, livrée, éperdument ouverte,
Puissé-je retenir l'élan fou du désir
Qui crispera mes doigts contre ton col inerte !

 
Lucie Delarue-Mardrus

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