Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Vertuchou.over-blog.com

Le serpent qui danse

20 Juin 2012, 05:04am

Publié par vertuchou

Que j’aime voir chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s’éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain

Tes yeux où rien ne se révèle
De doux ni d’amer,
Sont deux bijoux froids où se mêlent
L’or avec le fer

À te voir marcher en cadence
Belle d’abandon
On dirait un serpent qui danse
Au bout d’un bâton

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d’enfant
Se balance avec la mollesse
D’un jeune éléphant

Et ton corps se penche et s’allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ces vergues dans l’eau

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants
Quand l’eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents

Je crois boire un vin de Bohème,
Amer et vainqueur
Un ciel liquide qui parsème
D’étoiles mon cœur !

 

Charles Baudelaire

Voir les commentaires

Plus jamais

19 Juin 2012, 05:23am

Publié par vertuchou

    Plus jamais de chambre pour nous,
    Ni de baisers à perdre haleine
    Et plus jamais de rendez-vous
    Ni de saison, d'une heure à peine,
    Où reposer à tes genoux.

    Pourquoi le temps des souvenirs
    Doit-il me causer tant de peine
    Et pourquoi le temps du plaisir
    M'apporte-t-il si lourdes chaînes
    Que je ne puis les soutenir ?

    Rivage, oh ! rivage où j'aimais
    Aborder le bleu de ton ombre,
    Rives de novembre ou de mai
    Où l'amour faisait sa pénombre
    Je ne vous verrai plus jamais.

    Plus jamais. C’est dit. C'est fini
    Plus de pas unis, plus de nombre,
    Plus de toit secret, plus de nid,
    Plus de lèvres où fleurit et sombre
    L'instant que l'amour a béni.

    Quelle est cette nuit dans le jour ?
    Quel est dans le bruit ce silence ?
    Mon jour est parti pour toujours,
    Ma voix ne charme que l'absence,
    Tu ne me diras pas bonjour.

    Tu ne diras pas, me voyant,
    Que j'illustre les différences,
    Tu ne diras pas, le croyant,
    Que je suis ta bonne croyance
    Et que mon coeur est clairvoyant.

    Mon temps ne fut qu'une saison.
    Adieu saison vite passée.
    Ma langueur et ma déraison
    Entre mes mains sont bien placées
    Comme l'amour en sa maison.

    Adieu plaisirs de ces matins
    Où l'heure aux heures enlacée
    Veillait un feu jamais éteint.
    Adieu. Je ne suis pas lassée
    De ce que je n'ai pas atteint.

    Louise de Vilmorin

Voir les commentaires

Treasure Island

18 Juin 2012, 05:16am

Publié par vertuchou

 

Keith Jarret
Treasure Island
1975

Voir les commentaires

Auburn

17 Juin 2012, 05:17am

Publié par vertuchou

Tes yeux, tes cheveux indécis,
L'arc mal précis de tes sourcils,
La fleur pâlotte de ta bouche,
Ton corps vague et pourtant dodu,
Te donnent un air peu farouche
A qui tout mon hommage est dû.

Mon hommage, ah, parbleu ! tu l'as.
Tous les soirs, quels joie et soulas,
0 ma très sortable châtaine,
Quand vers mon lit tu viens, les seins
Roides, et quelque peu hautaine,
Sûre de mes humbles desseins.

Les seins roides sous la chemise,
Fière de la fête promise
A tes sens partout et longtemps.
Heureuse de savoir ma lèvre,
Ma main, mon tout, impénitents
De ces péchés qu'un fol s'en sèvre!

Sûre de baisers savoureux
Dans le coin des yeux, dans le creux
Des bras et sur le bout des mammes,
Sûre de l'agenouillement
Vers ce buisson ardent des femmes
Follement, fanatiquement !

Et hautaine puisque tu sais
Que ma chair adore à l'excès
Ta chair et que tel est ce culte
Qu'après chaque mort, - quelle mort ! -
Elle renaît, dans quel tumulte !
Pour mourir encore et plus fort.

Oui, ma vague, sois orgueilleuse
Car radieuse ou sourcilleuse,
Je suis ton vaincu, tu m'as tien :
Tu me roules comme la vague
Dans un délice bien païen,
Et tu n'es pas déjà si vague ?

Paul Verlaine

Voir les commentaires

L'aéroplane

16 Juin 2012, 05:17am

Publié par vertuchou

 

Victor-Brauner_laeroplane-1965-476x390.jpg

 

Victor Brauner

« L’aéroplane »

1965

 

Huile sur toile et bois découpé polychromé

476x390

Voir les commentaires

Pour le moment

15 Juin 2012, 04:46am

Publié par vertuchou

La vie est simple et gaie

Le soleil clair tinte avec un bruit doux

Le son des cloches s’est calmé

Ce matin la lumière traverse tout

Ma tête est une rampe allumé

Et la chambre où j’habite est enfin éclairée

Un seul rayon suffit

Un seul éclat de rire

Ma joie qui secoue la maison

Retient ceux qui voudraient mourir

Par les notes de sa chanson

Je chante faux

Ah que c’est drôle

Ma bouche ouverte à tous les vents

Lance partout des notes folles

Qui sortent je ne sais comment

Pour voler vers d’autres oreilles

Entendez je ne suis pas fou

Je ris au bas de l’escalier

Devant la grande porte ouverte

Dans le soleil éparpillé

Au mur parmi la vigne verte

Et mes bras sont tendus vers vous

C’est aujourd’hui que je vous aime

 

Pierre Reverdy

Voir les commentaires

Les poèmes

14 Juin 2012, 04:23am

Publié par vertuchou

Les poèmes sont des bouts d'existence incorruptibles

que nous lançons à la gueule répugnante de la mort.


René Char

Voir les commentaires

La quête

13 Juin 2012, 04:27am

Publié par vertuchou

Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d'une possible fievre
Partir ou personne ne part.

Aimer jusqu'à la déchirure
Aimer, même trop, meme mal
Tenter, sans force et sans armure
D'atteindre l'inaccessible étoile.

Telle est ma quête
Suivre l'étoile
Peu m'importent mes chances
Peu m'importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
Sans questions ni repos
Se damner
Pour l'or d'un mot d'amour
Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon coeur serait tranquille
Et les villes s'éclabousseraient de bleu
Parce qu'un malheureux.......

Brûle encore,bien qu'ayant tout brûlé
Brûle encore, même trop, même mal
Pour atteindre à s'en écarteler....
Pour atteindre l'inaccessible étoile.....

 

Jacques Brel

 

 





Voir les commentaires

Leurs yeux toujours purs

12 Juin 2012, 05:12am

Publié par vertuchou

Jours de lenteur, jours de pluie,
Jours de miroirs brisés et d'aiguilles perdues,
Jours de paupières closes à l'horizon des mers,
D'heures toutes semblables, jours de captivité,

Mon esprit qui brillait encore sur les feuilles
Et les fleurs, mon esprit est nu comme l'amour,
L'aurore qu'il oublie lui fait baisser la tête
Et contempler son corps obéissant et vain.

Pourtant, j'ai vu les plus beaux yeux du monde,
Dieux d'argent qui tenaient des saphirs dans leurs mains,
De véritables dieux, des oiseaux dans la terre
Et dans l'eau, je les ai vus.

Leurs ailes sont les miennes, rien n'existe
Que leur vol qui secoue ma misère,
Leur vol d'étoile et de lumière,
Leur vol de terre, leur vol de pierre
Sur les flots de leurs ailes,

Ma pensée soutenue par la vie et la mort.

Paul Eluard

Voir les commentaires

Salut

11 Juin 2012, 04:17am

Publié par vertuchou

Rien, cette écume, vierge vers
À ne désigner que la coupe;
Telle loin se noie une troupe
De sirènes mainte à l'envers.

Nous naviguons, ô mes divers
Amis, moi déjà sur la poupe
Vous l'avant fastueux qui coupe
Le flot de foudres et d'hivers;

Une ivresse belle m'engage
Sans craindre même son tangage
De porter debout ce salut

Solitude, récif, étoile
À n'importe ce qui valut
Le blanc souci de notre toile.

Stéphane Mallarmé

 

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 > >>