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Vertuchou.over-blog.com

Non l’amour n’est pas mort

11 Janvier 2013, 05:42am

Publié par vertuchou

 Non l’amour n’est pas mort en ce coeur et ces yeux et cette bouche

qui proclamait ses funérailles commencées.

Ecoutez j’en ai assez du pittoresque et des couleurs et du charme.

J’aime l’amour, sa tendresse et sa cruauté.

Mon amour n’a qu’un seul nom,

qu’une seule forme.

Tout passe. Des bouches se collent à cette bouche.

Mon amour n’a qu’un nom, qu’une forme.

Et si quelque jour tu t’en souviens

O toi, forme et nom de mon amour,

Un jour sur la mer entre l’Amérique et l’Europe,

À l’heure où le rayon final du soleil se réverbère sur la surface ondulée des vagues,

ou bien une nuit d’orage sous un arbre dans la campagne

ou dans une rapide automobile,

Un matin de printemps boulevard Malesherbes,

Un jour de pluie,

À l’aube avant de te coucher,

Dis-toi, je l’ordonne à ton fantôme familier, que je fus seul à t’aimer davantage

et qu’il est dommage que tu ne l’aies pas connu.

Dis-toi qu’il ne faut pas regretter les choses : Ronsard avant moi

et Baudelaire ont chanté le regret des vieilles et des mortes

ui méprisèrent le plus pur amour.

Toi quand tu seras morte

Tu seras belle et toujours désirable.

Je serai mort déjà, enclos tout entier en ton corps immortel, en ton image étonnante

présente à jamais parmi les merveilles perpétuelles de la vie et de l’éternité,

mais si je vis

Ta voix et son accent, ton regard et ses rayons,

L’odeur de toi et celle de tes cheveux et beaucoup d’autres choses encore vivront en moi,

Et moi qui ne suis ni Ronsard ni Baudelaire,


Moi qui suis Robert Desnos et qui pour t’avoir connue et aimée,


Les vaux bien ;


Moi qui suis Robert Desnos, pour t’aimer


Et qui ne veux pas attacher d’autre réputation à ma mémoire sur la terre méprisable.

 

Robert Desnos

 

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La poésie, c’est une belle femme

10 Janvier 2013, 05:40am

Publié par vertuchou

 

La poésie, c’est une belle femme nue qui se baladerait sur les Champs-Élysées

et qu’on ne remarquerait pas.

Qu’on ne verrait pas.

Sinon brièvement, les aveugles.

 

Georges Perros

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Une cantate imaginaire

9 Janvier 2013, 05:27am

Publié par vertuchou

 

 


 

 

Johann Sebastian Bach.
Une cantate imaginaire


Sinfonia extraite de la Cantate BWV 42
"Getrost!" extrait de la Cantate BWV 133
"Wie furchtsam wankten meine Schritte" extrait de la Cantate BWV 33
Sinfonia extraite de la Cantate BWV 174
Sinfonia extraite de la Cantate BWV 4
"Stirb in mir, Welt und alle deine liebe" extrait de la Cantate BWV 169
"Ebarme dich" extrait de la Passion St Matthieu BWV 244
Sinfonia extraite de la Cantate BWV 21
"Nichts kann mich erretten" extrait de la Cantate BWV 74

 

 

Nathalie Stutzmann, Orfeo 55.
Festival d'Ambronay, 6 october 2012.

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Crépuscule d’automne

8 Janvier 2013, 05:25am

Publié par vertuchou

Sous le souffle étouffé des vents ensorceleurs
J’entends sourdre sous bois les sanglots et les rêves :
Car voici venir l’heure où dans des lueurs brèves
Les feuilles des forêts entonnent, choeur en pleurs,
L’automnal requiem des soleils et des sèves.

Comme au fond d’une nef qui vient de s’assombrir
L’on ouït des frissons de frêles banderolles,
Et le long des buissons qui perdent leurs corolles
La maladive odeur des fleurs qui vont mourir
S’évapore en remous de subtiles paroles.

Sous la lune allumée au nocturne horizon
L’âme de l’angelus en la brume chantonne :
L’écho tinte au lointain comme un glas monotone
Et l’air rêve aux frimas de la froide saison
A l’heure où meurt l’amour, à l’heure où meurt l’automne !

Stuart Merill

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Nous éclatons de rire

7 Janvier 2013, 05:48am

Publié par vertuchou

Nous éclatons de rire. Nous nous allongeons ensemble et faisons l’amour,

doucement, tendrement, nous nageons en plein amour, et pour la première fois,

l’orgasme m’envahit par surprise, sans que j’y pense, presque paisiblement,

comme une aube qui se lève lentement, un lent épanouissement né de l’abandon,

de la décontraction, né du non-être.

Aucun effort pour l’atteindre. Tombant comme la pluie, noyant l’esprit et le faisant fleurir.

 

Anaïs Nin
Journal V / 1947-1955

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La voix qui t'est due

6 Janvier 2013, 05:20am

Publié par vertuchou

Oui, derrière les gens,
Je te cherche.
Ni dans ton nom, s’il est dit,
Ni dans ton visage, s’il est peint.
Au-delà, au-delà , plus loin.
Au-delà de toi, je te cherche.
Ni dans ton miroir, ni dans ton écriture, ni dans ton âme
Au-delà, plus loin.

Et au-delà, plus loin
De moi je te cherche, Tu n’es pas
Ce que je sens de toi.
Tu n’es pas
Ce qui bat
Avec mon sang dans les veines,
Sans être moi.
Au-delà, plus loin je te cherche.

Pour te trouver, cesser
De vivre en toi, en moi,
Et les autres.
Vivre déjà au-delà de tout,
A l’autre bout de tout
- pour te trouver -
comme si c’était mourir.

Pedro Salinas

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Noir de monde

5 Janvier 2013, 05:54am

Publié par vertuchou

En moi gronde une ville
Grouille la foule dessaoulée
Ses envies au hachoir
À moi s’agrippent des grappes de tyrans
Des archanges aux blanches canines
Qu’on me disperse
Je suis noir de monde
Qu’on me dispense
Du son des leçons
Qu’on me dissipe

En moi se vautrent des divans
De l’aorte à la carotide
Circulent des rumeurs
À faire pâlir
Qu’on me disperse
Je suis noir de monde
Qu’on me dispense
Du son des leçons
Qu’on me distribue
À tous les Jésus

Je voudrais t’aimer comme un seul homme
Arrêter d’inonder la Somme
Avoir l’amour en bandoulière
L’amour en bandoulière

En moi gronde une ville
Grouille la foule dessaoulée
Ses envies au hachoir
À moi s’agrippent des grappes de tyrans
Des archanges aux blanches canines
Tueurs de mémoire à la conscience obèse
Jouent du Varèse

Qu’on me disloque
Qu’on me dispatche
Qu’on m’évapore
Qu’on me disperse
Je suis noir de monde
Qu’on me dispense
Du son des leçons
Qu’on me distribue
À tous les Jésus

Je voudrais t’aimer comme un seul homme
Arrêter d’inonder la Somme
Avoir l’amour en bandoulière
L’amour en bandoulière

Qu’on me disloque
Qu’on me disperse
Qu’on m’évapore
Qu’on me disperse

 

Alain Bashung

 

 

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Le viaduc de l'Estaque

4 Janvier 2013, 05:34am

Publié par vertuchou

Braque.jpg

 

Georges Braque

1882 -1963

 

Le viaduc de l'Estaque
1907

 

huile sur toile 

65.1 x 81 cm

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Haylli

3 Janvier 2013, 05:30am

Publié par vertuchou

Le soleil se lève,
La lune se lève.
Ils disent :
Cet amour ne durera pas.

Le soleil n’est pas mon père,
La lune n’est pas mère
Pour faire que
Cet amour ne dure pas.

Tout père que tu sois,
Toute mère aussi,
Tu ne pourras jamais
Nous séparer.

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Homme et femme

2 Janvier 2013, 05:27am

Publié par vertuchou

Il suffirait de quelques mots, vous l'inconnue, moi l'inconnu, pour que soudain nous prenions

forme.
Le vent dirait « amour », la pluie dirait « misère », et déjà comme

un cœur battrait sous le soupçon,

et déjà comme un corps se mettrait en musique.
Sortis de notre énigme et prêts pour la naissance, grâce au verbe tout

nu, grâce à quelle syllabe ? nous ferions dans le monde une entrée de

bonheur,

et nous serions réels sans besoin d'exister,

et nous serions vivants sans besoin d'être en vie.

Oserait-on alors nous offenser, consonnes ?

Oserait-on alors nous effacer, voyelles ?

Nous serions tous les deux la chair communicable,

la chaleur conjuguée, la peau qui se récite.

 


  Alain Bosquet

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