La poésie est l’enfance
La poésie est l’enfance, retrouvée à volonté.
Paul Verlaine
Coups de cœur
La poésie est l’enfance, retrouvée à volonté.
Paul Verlaine
Ô mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour
Et la blessure est encore vibrante,
Ô mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour.
Ô mon Dieu, votre crainte m'a frappé
Et la brûlure est encor là qui tonne,
Ô mon Dieu, votre crainte m'a frappé.
Ô mon Dieu, j'ai connu que tout est vil
Et votre gloire en moi s'est installée,
Ô mon Dieu, j'ai connu que tout est vil.
Noyez mon âme aux flots de votre Vin,
Fondez ma vie au Pain de votre table,
Noyez mon âme aux flots de votre Vin.
Voici mon sang que je n'ai pas versé,
Voici ma chair indigne de souffrance,
Voici mon sang que je n'ai pas versé.
Voici mon front qui n'a pu que rougir,
Pour l'escabeau de vos pieds adorables,
Voici mon front qui n'a pu que rougir.
Voici mes mains qui n'ont pas travaillé,
Pour les charbons ardents et l'encens rare,
Voici mes mains qui n'ont pas travaillé.
Voici mon cœur qui n'a battu qu'en vain,
Pour palpiter aux ronces du Calvaire,
Voici mon cœur qui n'a battu qu'en vain.
Voici mes pieds, frivoles voyageurs,
Pour accourir au cri de votre grâce,
Voici mes pieds, frivoles voyageurs.
Voici ma voix, bruit maussade et menteur,
Pour les reproches de la Pénitence,
Voici ma voix, bruit maussade et menteur.
Voici mes yeux, luminaires d'erreur,
Pour être éteints aux pleurs de la prière,
Voici mes yeux, luminaires d'erreur.
Hélas ! Vous, Dieu d'offrande et de pardon,
Quel est le puits de mon ingratitude,
Hélas ! Vous, Dieu d'offrande et de pardon,
Dieu de terreur et Dieu de sainteté,
Hélas ! ce noir abîme de mon crime,
Dieu de terreur et Dieu de sainteté,
Vous, Dieu de paix, de joie et de bonheur,
Toutes mes peurs, toutes mes ignorances,
Vous, Dieu de paix, de joie et de bonheur,
Vous connaissez tout cela, tout cela,
Et que je suis plus pauvre que personne,
Vous connaissez tout cela, tout cela,
Mais ce que j'ai, mon Dieu, je vous le donne.
Paul Verlaine
A quoi servent les jours ?
Les jours sont là où vivre.
Ils viennent, ils nous réveillent
A longueur de temps.
Ils sont là pour y être heureux :
Où vivrait-on hors les jours ?
Ah ! Résoudre cette question
Fait venir le prêtre et le docteur
Dans leurs longs manteaux
A toute allure à travers champs.
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Days
What are days for?
Days are where we live.
They come, they wake us
Time and time over.
They are to be happy in:
Where can we live but days?
Ah, solving that question
Brings the priest and the doctor
In their long coats
Running over the fields.
Philip Larkin
Une peau délicate se déploie sur ma langue. Elle la caresse.
Une peau délicate caresse ma langue.
Mes mains résonnent pleines des fruits.
Remplies d’abandon.
Ce qui doit arriver dans l’ histoire arrive maintenant dans mes mains.
Tu vivifies ma journée.
La sidères.
Ton odeur a chamboulé ma journée.
Elle tourbillonne, Bascule.
Ma journée tourbillonne et bascule dans la tienne.
Mon cœur une bouche brûlante docile condamnée
par la caresse de ton cœur parfumée
à subsister béante balbutiante de lèvres privée.
Dimitra Kotoula
La poésie est une solitude...
et nous sommes des moines qui échangent des silences.
Jean Cocteau
Si la nuit te dépose au plus haut de la mer
N’offense en toi la mer par échouage des anciens dieux
Seules les fleurs savant comme on gravit l’éternité
Nous t’appelons terre blessée ô combien notre temps
Sera bref, ainsi l’eau dont on ne voit le lit
Tu es douce à celui que tu éloignes de ta nuit
Tel un gravier trop lourd enfoui aux grèves de minuit
J’ai mené ma rame entre les îles je t’ai nommée
Loin avant que tu m’aies désigné pour asile et souffle
Je t’ai nommée Insaisissable et Toute-enfuie
Ton rire a séparé les eaux bleues des eaux inconnues.
Édouard Glissant
Frédéric Chopin, Nocturnes, au piano Brigitte Engerer
Mon bras pressait la taille frêle
Et souple comme le roseau ;
Ton sein palpitait comme l’aile
D’un jeune oiseau.
Longtemps muets, nous contemplâmes
Le ciel où s’éteignait le jour.
Que se passait-il dans nos âmes ?
Amour ! amour !
Comme un ange qui se dévoile,
Tu me regardais, dans ma nuit,
Avec ton beau regard d’étoile,
Qui m’éblouit.
Victor Hugo
paroles Léon Agel
musique : Emile Carrara