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A ton retour, je vais te donner une vraie fête

21 Octobre 2014, 04:13am

Publié par vertuchou

"A ton retour, je vais te donner une vraie fête de l’amour littéraire - ce qui veut dire baiser et parler et parler et encore baiser - et une bouteille d’Anjou entretemps, ou un vermouth-cassis. Anaïs, je vais littéralement t’écarteler. Que Dieu me pardonne si jamais cette lettre est ouverte par erreur. Je n’y peux rien. Je t’aime. Je te veux. Tu es mon pain et mon vin, tu fais fonctionner cette foutue machine, pour ainsi dire. Être sur toi est une chose, mais me rapprocher de toi en est une autre. Je me sens proche de toi, je ne forme qu’un avec toi, tu es à moi, que cela soit admis ou pas. Chaque jour d’attente est pour moi une torture. Je les compte lentement, douloureusement. …"

- Lettre d'Henry Miller à Anaïs Nin

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Nuits de juin

20 Octobre 2014, 04:05am

Publié par vertuchou

L’été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte
La plaine verse au loin un parfum enivrant ;
Les yeux fermés, l’oreille aux rumeurs entrouverte,
On ne dort qu’à demi d’un sommeil transparent.


Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.

Victor Hugo

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Grille de parole

19 Octobre 2014, 04:05am

Publié par vertuchou

Les yeux, aveugles au monde, dans le mouroir d'à-pics : je viens,
dur plant au cœur.
Je viens.

Falaise miroir de lune. Chute.
(Lueur tachée de souffle. Sang épars sur zones étroites.
Âme se dissipant en formation nuageuse, une fois encore proche de la configuration nette.
Ombre décadigitale - position crispée.)

Les yeux aveugles au monde,
les yeux dans le mouroir d'à-pics,
les yeux les yeux :

Le lit de neige sous nous deux, le lit de neige.
Cristal après cristal,
treillagées dans des grilles à profondeur de temps, nous tombons,
nous tombons et gisons et tombons.

Et tombons :
Nous étions. Nous sommes.
Nous ne faisons qu'une chair avec la nuit.
Dans les couloirs, les couloirs.

Paul Celan

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Musée du Prado

18 Octobre 2014, 04:45am

Publié par vertuchou

Elliott Erwitt  Musée du Prado 1995

Elliott Erwitt Musée du Prado 1995

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Le rêve et la poésie

17 Octobre 2014, 04:42am

Publié par vertuchou

Le poème est semblable à un rêve : à la fois souvenir et image ; réalité qui se déploie, non selon les lignes de la vie mais selon celles du destin. Ce n’est pas quelque chose qui nous arrive, mais une partie toujours présente de notre monde, une apostrophe de la totalité.
Un battement lointain dans notre sang, un hymne, un murmure, le rythme d’un cœur, que l’enfant qui joue éternellement au fond de nous est seul à entendre : il relève la tête, écoute… le bruit se rapproche et l’oreille commence à distinguer des mots, puis tout s’enfonce à nouveau dans le silence, au-delà de toute réponse, de toute responsabilité. Un rêve que l’on oublie avant que survienne le fouet vengeur de la conscience, une lettre écrite sur le sable, léchée par la censure des vagues.

- Doris Kareva -

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Rose, eût-il fallu te laisser dehors

16 Octobre 2014, 05:51am

Publié par vertuchou

Rose, eût-il fallu te laisser dehors,
chère exquise ?
Que fait une rose là où le sort
sur nous s'épuise ?

Point de retour. Te voici
qui partages
avec nous, éperdue, cette vie, cette vie
qui n'est pas de ton âge.

Rainer Maria Rilke

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Poème

15 Octobre 2014, 04:21am

Publié par vertuchou

Tintamarre du vent
sur le toit
et dans les murs, la nuit durant

la nuit sans fin

Au matin le givre
a fleuri
un rameau sur deux du verger oublié.

Avant l'aube le ciel emplit d'oiseaux
silencieux : leur tour d'honneur dans l'arène du rivage,
sous le ciel noir

Seule la vie
nous surprendra sans fin. La mort
viendra trop tard.

Gérard Bayo

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Nono au bord de mer

14 Octobre 2014, 04:27am

Publié par vertuchou

Henri Lebasque (1865-1937)  Nono au bord de mer

Henri Lebasque (1865-1937) Nono au bord de mer

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Ballade de la vie extérieure

13 Octobre 2014, 04:25am

Publié par vertuchou

Et les enfants grandissent, le regard profond,
ne sachant rien, ils grandissent, et meurent,
Et tous les êtres vont leur chemin.

Et les fruits sucrés naissent des fruits amers,
Et tombent, la nuit venue, comme des oiseaux morts,
Et gisent là quelques jours et se décomposent.

Et le vent souffle sans trêve ni repos
Et nous percevons et prononçons tant de mots,
Et sentons le plaisir et la fatigue de nos corps.

Et des routes sillonnent les prés et il y a
Des villages emplis de flambeaux, d’arbres et d’étangs
Et d’autres, menaçants et désséchés, comme morts…

Pourquoi les a -t-on bâtis? Pourquoi sont -ils si nombreux et divers?
Pourquoi les rires alternent avec les larmes, et avec la pâleur livide?

A quoi bon tout cela, et tous ces jeux,
Pour nous, qui sommes adultes et éternellement seuls,
Et qui marchons sans jamais chercher aucun but?

A quoi bon avoir vu tant de choses?
Et pourtant, quiconque prononce le mot “Soir”, dit beaucoup,
Un mot d’où s’écoule tant de sens et tant de tristesse,
Comme un miel lourd coulant des alvéoles vides.

Hugo von Hofmannsthal

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la poésie est l’éternité

12 Octobre 2014, 04:23am

Publié par vertuchou

"La poésie mène au même point que chaque forme de l’érotisme,

à l’indistinction, à la confusion des objets distincts.

Elle nous mène à l’éternité, elle nous mène à la mort,

à la continuité : la poésie est l’éternité.

C’est la mer allée avec le soleil."

Georges Bataille, Larmes d'Eros

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