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Élégie

10 Juin 2016, 03:49am

Publié par vertuchou

Que le bonheur arrive lentement !
Que le bonheur s'éloigne avec vitesse !
Durant le cours de ma triste jeunesse
Si j'ai vécu, ce ne fut qu'un moment.
Je suis puni de ce moment d'ivresse.
L'espoir qui trompe a toujours sa douceur,
Et dans nos maux du moins il nous console ;
Mais loin de moi l'illusion s'envole,
Et l'espérance est morte dans mon coeur.
Ce coeur, hélas ! que le chagrin dévore,
Ce coeur malade et surchargé d'ennui,
Dans le passé veut ressaisir encore
De son bonheur la fugitive aurore,
Et tous les biens qu'il n'a plus aujourd'hui ;
Mais du présent l'image trop fidèle
Me suit toujours dans ces rêves trompeurs,
Et sans pitié la vérité cruelle
Vient m'avertir de répandre des pleurs.
J'ai tout perdu ; délire, jouissance,
Transports brûlants, paisible volupté,
Douces erreurs, consolante espérance,
J'ai tout perdu : l'amour seul est resté.

Evariste de Parny

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Quand vous aimez

9 Juin 2016, 03:59am

Publié par vertuchou

Quand vous aimez quelqu'un, aimez-le passionnément et à tout moment,

c'est le temps en personne qui vous aime.

Philippe Sollers.

 


 

 

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Qui murmure mon nom

8 Juin 2016, 04:20am

Publié par vertuchou

Qui murmure mon nom,
Qui me nomme, au loin, qui demande
Où j'habite ? Moi qui n'ai jamais rien
Gagné, moi qui me suis toujours perdue,
Moi qui dans l'inconnu, dans les déserts
De glace, ai répandu la dilution,
Toute la poussière de mon trésor astral...

Qui soudain d'un seul coup
Me restitue le tout
Dans une gangue de lumière ?
Qui murmure mon nom, au loin,
Qui donc demande où je demeure ?


Maro Markarian

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Gasometro

7 Juin 2016, 03:43am

Publié par vertuchou

Italo Bertoglio, Gasometro, 1940

Italo Bertoglio, Gasometro, 1940

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Souvenance / Remembrance

6 Juin 2016, 03:41am

Publié par vertuchou

Froid dans la terre - et un lourd amas de neige posé sur toi
Loin, loin emporté, froid dans la lugubre tombe !
Ai-je oublié, mon unique Amour, de t'aimer,
Toi de moi enfin désuni par la vague du Temps qui tout désunit ?

Ah ! Dans ma solitude, mes pensées ne volent-elles plus, flottant
Au-dessus des montagnes sur ces rivages nordiques,
Reposant leurs ailes là où bruyères et fougères feuillues
À jamais recouvrent ton noble cœur, à tout jamais ?

Froid dans la terre — et quinze décembres farouches
De ces brunes collines descendus, se sont dissous en printemps :
Fidèle en vérité est l'âme qui se souvient
Après de telles années d'étrangeté et de souffrance !

Doux Amour de jeunesse, pardonne si je t'oublie,
Tandis que m'emporte la marée de ce monde :
D'autres désirs m'assaillent, et bien d'autres espoirs
Espoirs qui t'assombrissent, mais si impuissants à te nuire !

Aucune lumière n'est plus venue illuminer mon firmament,
Pas de seconde aurore n'a plus brillé pour moi ;
Le bonheur de ma vie, tout entier de ta chère vie me fut offert
Ce bonheur de ma vie, tout entier c'est avec toi qu'il gît.

Mais quand eurent péri les jours du rêve doré,
Que même le Désespoir fut impuissant à détruire ;
Alors j'ai appris comment chérir l'existence,
Plus forte encore, et nourrie sans le secours de la joie.

Alors j'ai retenu les larmes de l'inutile passion -
J'ai sevré ma jeune âme du manque de ton âme ;
Sévère, j'ai refusé son ardent désir de vite s'engloutir
Dans cette tombe déjà plus que mienne.

Et à cet instant, encore, je n'ose l'abandonner à la langueur,
Je n'ose m'abandonner à l'exquise douleur du souvenir,
Moi qui autrefois m'abreuvais de cette angoisse divine,
Comment pourrais-je rechercher encore le néant de ce monde ?

Emily Brontë

Cold in the earth - and deep snow piled upon thee
Far, far removed, cold in the dreary grave!
Have I forgot, my only Love, to love thee,
Severed at last by Time's all-severing wave?

Now, when alone, do my thoughts no longer hover
Over the mountains, on that northern shore,
Resting their wings where heath and fern-leaves cover
Thy noble heart for ever, ever more?

Cold in the earth - and fifteen wild Decembers,
From those brown hills, have melted into spring:
Faithful indeed, is the spirit that remembers
After such years of change and suffering!

Sweet Love of youth, forgive, if I forget thee,
While the world's tide is bearing me along;
Other desires and other hopes beset me,
Hopes which obscure, but cannot do thee wrong!

No later light has lightened up my heaven,
No second morn has ever shone for me;
All my life's bliss from thy dear life was given,
All my life's bliss is in the grave with thee.

But, when the days of golden dreams had perished,
And even Despair was powerless to destroy;
Then did I learn how existence could be cherished,
Strengthened, and fed without the aid of joy.

Then did I check the tears of useless passion -
Weaned my young soul from yearning after thine;
Sternly denied its burning wish to hasten
Down to that tomb already more than mine.

And even yet, I dare not let it languish,
Dare not indulge in memory's rapturous pain;
Once drinking deep of that divinest anguish,
How could I seek the empty world again?

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Ceux qui se sont aimés pendant leur vie

5 Juin 2016, 03:36am

Publié par vertuchou

"Ceux qui se sont aimés pendant leur vie et qui se font inhumer l'un à côté de l'autre

ne sont peut-être pas aussi fous qu'on pense. Peut-être leurs cendres se pressent,

se mêlent et s'unissent. [...]

Ô ma Sophie, il me resterait donc un espoir de vous toucher, de vous sentir,

de vous aimer, de vous chercher, de m'unir, de me confondre avec vous

lorsque nous ne serons plus.

S'il y avait dans nos principes une loi d'affinité, s'il nous était réservé

de composer un être commun; si je devais dans la suite des siècles refaire

un tout avec vous; si les molécules de votre amant dissous venaient à s'agiter,

à se mouvoir et à rechercher les vôtres éparses dans la nature !

Laissez-moi cette chimère. Elle m'est douce.

Elle m'assurerait l'éternité en vous et avec vous..."

Lettre de Diderot à Sophie Volland (15 octobre 1759)

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Nocturne

4 Juin 2016, 03:36am

Publié par vertuchou

Un long bras timbré d'or glisse du haut des arbres
Et commence à descendre et tinte dans les branches.
Les feuilles et les fleurs se pressent et s'entendent.
J'ai vu l'orvet glisser dans la douceur du soir.
Diane sur l'étang se penche et met son masque.
Un soulier de satin court dans la clairière
Comme un rappel de ciel qui rejoint l'horizon.
Les barques de la nuit sont prêtes à partir.

D'autres viendront s'asseoir sur la chaise de fer.
D'autres verront cela quand je ne serai plus.
La lumière oubliera ceux qui l'ont tant aimée.
Nul appel ne viendra rallumer nos visages.
Nul sanglot ne fera retentir notre amour.
Nos fenêtres seront éteintes.
Un couple d'étrangers longera la rue grise.
Les voix,
D'autres voix chanteront, d'autres yeux pleureront
Dans une maison neuve.
Tout sera consommé, tout sera pardonné,
La peine sera fraîche et la forêt nouvelle,
Et peut-être qu'un jour, pour de nouveaux amis,
Dieu tiendra ce bonheur qu'il nous avait promis.

Léon-Paul Fargue

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Equatorial Sunset Clouds

3 Juin 2016, 03:52am

Publié par vertuchou

Frank Wilbert Stokes, Equatorial Sunset Clouds

Frank Wilbert Stokes, Equatorial Sunset Clouds

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Il est d’étranges soirs...

2 Juin 2016, 03:47am

Publié par vertuchou

Il est d’étranges soirs, où les fleurs ont une âme,
Où dans l’air énervé flotte du repentir,
Où sur la vague lente et lourde d’un soupir
Le cœur le plus secret aux lèvres vient mourir.
Il est d’étranges soirs, où les fleurs ont une âme,
Et, ces soirs-là, je vais tendre comme une femme.

Il est de clairs matins, de roses se coiffant,
Où l’âme a des gaietés d’eaux vives dans les roches,
Où le cœur est un ciel de Pâques plein de cloches,
Où la chair est sans tache et l’esprit sans reproches.
Il est de clairs matins, de roses se coiffant,
Ces matins-là, je vais joyeux comme un enfant.

Il est de mornes jours, où las de se connaître,
Le cœur, vieux de mille ans, s’assied sur son butin,
Où le plus cher passé semble un décor déteint
Où s’agite un minable et vague cabotin.
Il est de mornes jours las du poids de connaître,
Et, ces jours-là, je vais courbé comme un ancêtre.

Il est des nuits de doute, où l’angoisse vous tord,
Où l’âme, au bout de la spirale descendue,
Pâle et sur l’infini terrible suspendue,
Sent le vent de l’abîme, et recule éperdue !
Il est des nuits de doute, où l’angoisse vous tord,
Et, ces nuits-là, je suis dans l’ombre comme un mort.

Albert Samain

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La seule signature

1 Juin 2016, 03:44am

Publié par vertuchou


La seule signature au bas de la vie blanche,

c'est la poésie qui la dessine.

René Char

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