/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fdelicate%2Fimages%2Fheader%2Fheader.jpg)
Coups de cœur
Odelette
Si j'ai parlé
De mon amour, c'est à l'eau lente
Qui m'écoute quand je me penche
Sur elle ; si j'ai parlé
De mon amour, c'est au vent
Qui rit et chuchote entre les branches ;
Si j'ai parlé de mon amour, c'est à l'oiseau
Qui passe et chante
Avec le vent ;
Si j'ai parlé
C'est à l'écho,
Si j'ai aimé de grand amour,
Triste ou joyeux,
Ce sont tes yeux ;
Si j'ai aimé de grand amour,
Ce fut ta bouche grave et douce,
Ce fut ta bouche ;
Si j'ai aimé de grand amour,
Ce furent ta chair tiède et tes mains fraiches,
Et c'est ton ombre que je cherche.
Henri de Régnier
La tâche du poète
La tâche du poète est de montrer un arbre, avant que notre intellect nous dise que c'est un arbre.
Yves Bonnefoy
Lectures transatlantiques
Ramper avec le serpent
se glisser parmi les lignes
rugir avec la panthère
interpréter moindre signe
se prélasser dans les sables
se conjuguer dans les herbes
fleurir de toute sa peau
Plonger avec le dauphin
naviguer de phrase en phrase
goûter le sel dans les voiles
Aspirer dans le grand vent
la guérison des malaises
interroger l’horizon
sur la piste d’Atlantides
Se sentir pousser des ailes
adapter masques et rôles
planer avec le condor
se faufiler dans les ruines
caresser des chevelures
brûler dans tous les héros
s’éveiller s’émerveiller
Michel Butor
One More Night
Photographie
Ton sourire m'attire comme
Pourrait m'attirer une fleur
Photographie tu es le champignon brun
De la forêt
Qu'est sa beauté
Les blancs y sont
Un clair de lune
Dans un jardin pacifique
Plein d'eaux vives et de jardiniers endiablés
Photographie tu es la fumée de l'ardeur
Qu'est sa beauté
Et il y a en toi
Photographie
Des tons alanguis
On y entend
Une mélopée
Photographie tu es l'ombre
Du Soleil
Qu'est sa beauté
Guillaume Apollinaire
A chaque effondrement
A chaque effondrement de preuve, la poésie répond par une salve d'avenir.
— René Char
Le bal du 14 Juillet
Ce soir, un bal sera donné,
Je ne pourrais y aller,
Mais je vais en rêver
Et ce sera comme si j’y étais.
Je t’attendrais sur ce pont,
Décoré pour l’occasion
De rubans de papiers
Et de bannières colorées.
Je porterais une jolie robe pour l’occasion,
C’est quand même la fête de ta nation,
Une date, quand un pays a retrouvé sa liberté
Doit comme il se faut être fêtée.
Ce soir dans mes rêves, je vais danser
Et je me réjouis que tu sois mon cavalier,
Je te donne rendez-vous sur le pont
Pour le bal de ce 14 juillet aux lampions.
Michèle Hardenne
Gelbes Haus mit Apfelbaum
Un rêve
En des visions de la sombre nuit,
j’ai bien rêvé de joie défunte,
— mais voici qu’un rêve tout éveillé de vie et de lumière
m’a laissé le cœur brisé.
Ah ! qu’est-ce qui n’est pas un rêve le jour
pour celui dont les yeux portent
sur les choses d’alentour un éclat
retourné au passé ?
Ce rêve béni, ce rêve béni,
pendant que grondait le monde entier,
m’a réjoui comme un cher rayon guidant
un esprit solitaire.
Oui, quoique cette lumière, dans l’orage et la nuit,
tremblât comme de loin,
que pouvait-il y avoir, brillant avec plus de pureté,
sous l’astre de jour de Vérité.
Edgar Poe
- traduction par Stéphane Mallarmé.