Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Vertuchou.over-blog.com

Pourquoi il faut aimer Anne

11 Octobre 2016, 03:48am

Publié par vertuchou

Lundi 13 juillet (64)
Pourquoi il faut aimer Anne


Je le sais aujourd’hui plus que jamais.
J’ai reçu sa lettre anxieusement attendue.
Anne est ma joie
ma grâce
mon espérance.
Parfois je m’étonne de la place
qu’elle occupe dans ma vie.
Surprise de l’âme qui doute du bonheur !
Anne est semblable
à cette vague
violente et pure.
Elle donne et prend
mais elle sait qu’elle donne
et ne sait pas qu’elle prend.
Quand elle se brise
elle n’est pas écume
mais lumière.

François Mitterrand

Voir les commentaires

Poème XXV

10 Octobre 2016, 03:27am

Publié par vertuchou

Les bulles de savon que cet enfant
S’amuse à tirer d’une paille
Sont translucides de toute une philosophie.

Claires, inutiles et passagères comme la Nature,
Amies des yeux comme des choses,
Elles sont ce qu’elles sont
Selon une précision rondelette, aérienne,
Et personne, pas même l’enfant qui les abandonne,
Ne prétend qu’elles sont plus que ce qu’elles semblent être .

Certaines se voient à peine dans l'air lumineux.
Elles sont comme la brise qui passe en frôlant les fleurs
Et dont nous savons qu'elle passe, simplement
Parce qu'en nous quelque chose s'allège
Et accepte tout plus nettement.

Fernando Pessoa

Voir les commentaires

Corcovado

9 Octobre 2016, 03:22am

Publié par vertuchou

Voir les commentaires

Crimen amoris

8 Octobre 2016, 03:11am

Publié par vertuchou

A Villiers de l’Isle-Adam

Dans un palais, soie et or, dans Ecbatane,
De beaux démons, des Satans adolescents,
Au son d'une musique mahométane,
Font litière aux Sept Péchés de leurs cinq sens.

C'est la fête aux Sept Péchés : ô qu'elle est belle !
Tous les désirs rayonnaient en feux brutaux ;
Les Appétits, pages prompts que l'on harcèle,
Promenaient des vins roses dans des cristaux.

Des danses sur des rythmes d'épithalames
Bien doucement se pâmaient en longs sanglots
Et de beaux chœurs de voix d'hommes et de femmes
Se déroulaient, palpitaient comme des flots.

Et la bonté qui s'en allait de ces choses
Était puissante et charmante tellement
Que la campagne autour se fleurit de roses
Et que la nuit paraissait en diamant.

Or, le plus beau d'entre tous ces mauvais anges
Avait seize ans sous sa couronne de fleurs.
Les bras croisés sur les colliers et les franges,
Il rêve, l’œil plein de flammes et de pleurs.

En vain la fête autour se faisait plus folle,
En vain les Satans, ses frères et ses sieurs,
Pour l'arracher au souci qui le désole,
L'encourageaient d'appels de bras caresseurs :

Il résistait à toutes câlineries,
Et le chagrin mettait un papillon noir
A son cher front tout brûlant d'orfèvreries.
Ô l'immortel et terrible désespoir !

Il leur disait : " Ô vous, laissez-moi tranquille ! "
Puis, les ayant baisés tous bien tendrement,
Il s'évada d'avec eux d'un geste agile,
Leur laissant aux mains des pans de vêtement.

Le voyez-vous sur la tour la plus céleste
Du haut palais avec une torche au poing ?
Il la brandit comme un héros fait d'un ceste,
D'en bas on croit que c'est une aube qui point.

Qu'est-ce qu'il dit de sa voix profonde et tendre
Qui se marie au claquement clair du feu
Et que la lune est extatique d'entendre ?
"Oh ! je serai celui-là qui créera Dieu !

" Nous avons tous trop souffert, anges et hommes,
De ce conflit entre le Pire et le Mieux.
Humilions, misérables que nous sommes,
Tous nos élans dans le plus simple des vœux.

"Ô vous tous, ô nous tous, ô les pécheurs tristes,
Ô les gais Saints, pourquoi ce schisme têtu ?
Que n'avons-nous fait, en habiles artistes,
De nos travaux la seule et même vertu ?

"Assez et trop de ces luttes trop égales !
Il va falloir qu'enfin se rejoignent les
Sept Péchés aux Trois Vertus Théologales !
Assez et trop de ces combats durs et laids !

"Et pour réponse à Jésus qui crut bien faire
En maintenant l'équilibre de ce duel,
Par moi l'enfer dont c'est ici le repaire
Se sacrifie à l'amour universel !"

La torche tombe de sa main éployée,
Et l'incendie alors hurla s'élevant,
Querelle énorme d'aigles rouges noyée
Au remous noir de la fumée et du vent.

L'or fond et coule à flots et le marbre éclate ;
C'est un brasier tout splendeur et tout ardeur ;
La soie en courts frissons comme de l'ouate
Vole à flocons tout ardeur et tout splendeur.

Et les Satans mourants chantaient dans les flammes,
Ayant compris, comme s'ils étaient résignés.
Et de beaux chœurs de voix d'hommes et de femmes
Montaient parmi l'ouragan des bruits ignés.

Et lui, les bras croisés d'une sorte fière,
Les yeux au ciel où le feu monte en léchant,
Il dit tout bas une espèce de prière,
Qui va mourir dans l'allégresse du chant.

Il dit tout bas une espèce de prière,
Les yeux au ciel où le feu monte en léchant...
Quand retentit un affreux coup de tonnerre,
Et c'est la fin de l'allégresse et du chant.

On n'avait pas agréé le sacrifice :
Quelqu'un de fort et de juste assurément
Sans peine avait su démêler la malice
Et l'artifice en un orgueil qui se ment.

Et du palais aux cent tours aucun vestige,
Rien ne resta dans ce désastre inouï,
Afin que par le plus effrayant prodige
Ceci ne fût qu'un vain rêve évanoui...

Et c'est la nuit, la nuit bleue aux mille étoiles ;
Une campagne évangélique s'étend,
Sévère et douce, et, vagues comme des voiles,
Les branches d'arbre ont l'air d'ailes s'agitant.

De froids ruisseaux courent sur un lit de pierre ;
Les doux hiboux nagent vaguement dans l'air
Tout embaumé de mystère et de prière :
Parfois un flot qui saute lance un éclair.

La forme molle au loin monte des collines
Comme un amour encore mal défini,
Et le brouillard qui s'essore des ravines
Semble un effort vers quelque but réuni.

Et tout cela comme un cœur et comme une âme,
Et comme un verbe, et d'un amour virginal
Adore, s'ouvre en une extase et réclame
Le Dieu clément qui nous gardera du mal.

Paul Verlaine

Voir les commentaires

Un poème, un mystère

7 Octobre 2016, 02:50am

Publié par vertuchou

Un poème [est] un mystère dont le lecteur doit chercher la clef.

Nommer un objet, c’est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite du bonheur de deviner peu à peu ; le suggérer voilà le rêve. C’est le parfait usage de ce mystère qui constitue le symbole : évoquer petit à petit un objet pour montrer un état d’âme, ou, inverse- ment, choisir un objet, et en dégager un état d’âme par une série de déchiffrements

Stéphane Mallarmé

cité par Albert Thibaudet, La Poésie de Stéphane Mallarmé

Voir les commentaires

Temps béni

6 Octobre 2016, 02:55am

Publié par vertuchou

C'est ce qu'on appelle

un temps délicieux

un soleil léger

cuit à point

une brise légère

salée juste

un océan pur

un horizon droit.

Au milieu de ça

un homme invisible

qui ne se voit pas

qui ne sent pas

qui n'a plus de poids.

Un homme sans corps

à peine frôlé d’âme

aujourd'hui c'est moi

et j'entends la vie

qui glisse éternelle

entre mes vingt doigts .

Pierre Bourjut

Voir les commentaires

Bumpin' On Sunset

5 Octobre 2016, 03:08am

Publié par vertuchou

Voir les commentaires

Un baiser, mais à tout prendre, qu'est-ce ?

4 Octobre 2016, 03:04am

Publié par vertuchou

Un baiser, mais à tout prendre, qu'est-ce ?
Un serment fait d'un peu plus près, une promesse
Plus précise, un aveu qui veut se confirmer,
Un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer;
C'est un secret qui prend la bouche pour oreille,
Un instant d'infini qui fait un bruit d'abeille,
Une communion ayant un goût de fleur,
Une façon d'un peu se respirer le cœur,
Et d'un peu se goûter, au bord des lèvres, l'âme !


Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac

Voir les commentaires

Aujourd'hui

3 Octobre 2016, 03:03am

Publié par vertuchou

Aujourd'hui je peux vraiment savoir que je vous aime.

Parce que je vous aime comme on doit aimer : dans le renoncement.

Je vous aime sans vous avoir; Vous ne me donnez rien et je vous aime.


Alice Ferney, La conversation amoureuse

Voir les commentaires

L'adieu

2 Octobre 2016, 03:29am

Publié par vertuchou

Est-il vrai, mon amie,
Qu'il n'y a qu'un seul mot pour désigner
Dans la langue qu'on nomme la poésie
Le soleil du matin et celui du soir,
Un seul le cri de joie et le cri d'angoisse,
Un seul l'amont désert et les coups de haches,
Un seul le lit défait et le ciel d'orage,
Un seul l'enfant qui naît et le dieu mort ?...

Oui, je le crois, je veux le croire, mais quelles sont
Ces ombres qui emportent le miroir ?
Et vois, la ronce prend parmi les pierres
Sur la voie d'herbe encore mal frayée
Où se portaient nos pas vers les jeunes arbres.
Il me semble aujourd'hui, ici, que la parole
Est cette auge à demi brisée, dont se répand
À chaque aube de pluie l'eau inutile....

Yves Bonnefoy

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 > >>