Sappho
Je soupire à l’aube, et je soupire
Quand le jour morne est passé
Je soupire au couchant, et je soupire encore
Quand la nuit apporte le sommeil aux hommes.
Oh ! Qu’il vaudrait mieux mourir
Que d’ainsi pleurer et toujours soupirer
Et dans le sommeil sans rêve de la mort
Ne pas me soucier qu’aucun ne pleure mon sort ;
Être délivrée de mon poids de pesanteur
Et dans l’oubli de l’oubli
Me reposer des peines, des soucis et des larmes
À travers la longue nuit qui ne connaît pas de lendemain
Vivre sans amour, mourir inconnue,
Oubliée, abandonnée et seule.
Christina Rossetti