Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Vertuchou.over-blog.com

Arménie

9 Février 2016, 04:39am

Publié par vertuchou

Azur et argile, argile et azur,
Que te faut-il de plus ? Pareil au shah myope
Qui scrute sa bague turquoise, plisse plutôt les yeux
Pour mieux voir le livre des argiles sonores,
La terre écrite, le livre séreux, l’argile bien-aimée
Qui nous tourmente comme la musique et comme le mot

Tiflis, 16 octobre-5 novembre 1930.

Ossip Mandelstam,

Voir les commentaires

I Put A Spell On You

8 Février 2016, 03:41am

Publié par vertuchou

Samantha Fish, at the 2013 North Atlantic Blues Festival in Rockland, Maine

Voir les commentaires

Jeanne chante ; elle se penche

7 Février 2016, 04:33am

Publié par vertuchou

Jeanne chante ; elle se penche
Et s'envole ; elle me plaît ;
Et, comme de branche en branche,
Va de couplet en couplet.

De quoi donc me parlait-elle ?
Avec sa fleur au corset,
Et l'aube dans sa prunelle,
Qu'est-ce donc qu'elle disait ?

Parlait-elle de la gloire,
Des camps, du ciel, du drapeau,
Ou de ce qu'il faut de moire
Au bavolet d'un chapeau ?

Son intention fut-elle
De troubler l'esprit voilé
Que Dieu dans ma chair mortelle
Et frémissante a mêlé ?

Je ne sais. J'écoute encore.
Etait-ce psaume ou chanson ?
Les fauvettes de l'aurore
Donnent le même frisson.

J'étais comme en une fête ;
J'essayais un vague essor ;
J'eusse voulu sur ma tête
Mettre une couronne d'or,

Et voir sa beauté sans voiles,
Et joindre à mes jours ses jours,
Et prendre au ciel les étoiles,
Et qu'on vint à mon secours !

J'étais ivre d'une femme ;
Mal charmant qui fait mourir.
Hélas ! je me sentais l'âme
Touchée et prête à s'ouvrir ;

Car pour qu'un cerveau se fêle
Et s'échappe en songes vains,
Il suffit du bout de l'aile
D'un de ces oiseaux divins.

Victor Hugo

Voir les commentaires

La poésie se fait dans un lit

6 Février 2016, 04:28am

Publié par vertuchou

La poésie se fait dans un lit comme l’amour. Ses draps défaits sont l’aurore des choses.
— André Breton

Voir les commentaires

Prière laïque

5 Février 2016, 04:00am

Publié par vertuchou

Notre mer qui n’es pas aux cieux
et qui de ton sel embrasses
les limites de ton île et du monde,
que ton sel soit béni
que ton fond soit béni
accueille les embarcations bondées
sans route sur tes vagues,
les pêcheurs sortis de la nuit,
et leurs filets parmi les créatures,
qui retournent au matin avec leur pêche
de naufragés sauvés.

Notre mer qui n’es pas aux cieux,
à l’aube tu es couleur de blé
au crépuscule du raisin des vendanges
nous t’avons semée de noyés plus que
n’importe quel âge des tempêtes.

Notre mer qui n’es pas aux cieux,
tu es plus juste que la terre ferme
même à soulever des murs de vagues
que tu abats en tapis.
Garde les vies, les visites tombées
comme des feuilles sur une allée,
sois leur un automne,
une caresse, des bras, un baiser sur le front,
de père et mère avant de partir.

Erri de Luca

Voir les commentaires

Audrey Hepburn in car...

4 Février 2016, 04:02am

Publié par vertuchou

Henry Wolf : Audrey Hepburn in car, looking at herself in the mirror as Richard Avedon watches her, 1959

Henry Wolf : Audrey Hepburn in car, looking at herself in the mirror as Richard Avedon watches her, 1959

Voir les commentaires

Pour faire un poème dadaïste

3 Février 2016, 03:00am

Publié par vertuchou

Pour faire un poème dadaïste
Prenez un journal
Prenez des oiseaux
Choisissez dans ce journal un article ayant la longueur que vous comptez donner à votre poème.
Découpez l'article.
Découpez ensuite avec soin chacun des mots qui forment cet article et mettez-les dans un sac.
Agitez doucement.
Sortez ensuite chaque coupure l'une après l'autre dans l'ordre où elles ont quitté le sac.
Copiez consciencieusement.
Le poème vous ressemblera.
Et vous voici un écrivain infiniment original et d'une sensibilité charmante, encore qu'incomprise du vulgaire.

Tristan Tzara

Voir les commentaires

Rosaire d'amour

2 Février 2016, 04:13am

Publié par vertuchou

J'aime tes belles mains longues et paresseuses,
Qui, pareilles au lis, n'ont jamais travaillé,
Mais savent le secret des musiques berceuses
Qui parlent à voix lente au cœur émerveillé. —
J'aime tes belles mains longues et paresseuses.

J'aime tes petits pieds vifs et spirituels,
Petits pieds éloquents de la cheville aux pointes,
Que les saints, oubliant leurs graves rituels,
Pliés sur deux genoux, baiseraient à mains jointes. —
J'aime tes petits pieds vifs et spirituels.

J'aime ta chevelure abondante et houleuse,
Flots noirs en harmonie avec ton cou bistré.
Je crois bien que jamais une main de fileuse
Ne tria d'écheveau si fin et si lustré. —
J'aime ta chevelure abondante et houleuse.

J'aime tes yeux vert d'eau, j'aime tes yeux songeurs.
Quand je regarde en eux, je pense aux mers profondes
Dont le mystère échappe aux plus hardis plongeurs ;
Je rêve d'un abîme où s'égarent les sondes. —
J'aime tes yeux vert d'eau, j'aime tes yeux songeurs.

J'aime ta bouche en fleur dont la corolle s'ouvre,
Pur carmin sur un fond de neige éblouissant.
C'est à prendre en pitié tous les trésors du Louvre.
J'aime ta bouche en fleur, fleur de chair, fleur de sang. —
J'aime ta bouche en fleur dont la corolle s'ouvre.

Vous, la belle de nuit et la belle de jour,
Me pardonnerez-vous cette ingrate analyse ?
Si j'ai mal égrené le rosaire d'amour,
C'est qu'un cher souvenir trop capiteux me grise. —
Grâce, belle de nuit ; grâce, belle de jour.

André Lemoyne

 

Voir les commentaires

Le baiser

1 Février 2016, 03:23am

Publié par vertuchou

Amour, s'élevant des brumes,
promets-moi ceci et seulement ceci
Que le souffle sacré me touche
comme un chant du vent,
douce communion d'un baiser


Soleil, flirtant à travers le gris,
entre et atteins-moi d'un rayon
tombant qui s'évanouirait en silence
Juste pour me montrer
comment faire don de mon cœur

Et arriva un chœur cristallin,
apparut pendant mon sommeil pour m'appeler de mon nom
Et lorsqu'il descendit et s'approcha
en disant : "Le temps de mourir est passé",
un nouveau chant fut alors chanté
jusqu'à ce que quelque part nos souffles s'unissent


Étoiles, éclatant dans le ciel,
entendez le cri de mort de la triste nova,
souvenir chatoyant.
Venez me soutenir
alors que vous m'apprenez à voler


Soleil, filtrant à travers le gris
entre et atteins-moi d'un rayon
tombant qui s'évanouirait en silence
Juste pour me montrer
comment faire don de mon cœur


Et plus tard hôtes étincelants
venez combler mes rêves, descendez sur des rayons ardents
Je les ai vus tomber dans leur clarté
là où gisent nos pauvres corps
Apaisez-nous doucement et dites :
« Nous allons essuyer vos larmes »

Amour, s'élevant des brumes,
promets-moi ceci et seulement ceci
Que le souffle sacré me touche
comme un chant du vent
douce communion d'un baiser

Judee Sill

Voir les commentaires

<< < 1 2 3