Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Vertuchou.over-blog.com

Mon amour

21 Janvier 2017, 03:26am

Publié par vertuchou

Mon amour

Il y a une source de soleil, ruisselante, qui éclaboussera votre corps de lumière.
L’étoffe lourde et soyeuse de ses rayons ardents qui enrobera votre éblouissante nudité.
Il y aura vos regards humides, troubles comme l’étang, étincelants de clarté noire
votre chevelure affolée de lueurs, votre chevelure comme l’olivier en flammes
votre bouche écarlate, affamée, entrouverte sur la morsure à fleur de dents
et ce sourire obsédant d’enfant tourmenté
cette brûlure fulgurante du plaisir, qui vous déchire la peau et vous dévore les membres…

Je serai là
...
Jacques Higelin, Lettres d'amour d'un soldat de vingt ans

Voir les commentaires

La chambre vide

20 Janvier 2017, 03:13am

Publié par vertuchou

Le moment où la nuit pénètre le jour
est invisible
comme les deux corps qui s'aiment et s'oublient.

De longs silences les traversent
plus musique que la plus pure musique,
un espace pour disparaître et demeurer pourtant.

Ils ne savent que l'instant
qui n’en finit pas d’être l'autre,

ils ne savent que le sang dans la lenteur des mains,

dans la moiteur de l'impossible
le lent éclair qui trace et foudroie leur image

Jacques Ancet

 

Voir les commentaires

Rhapsodie hongroise no 2, en ut dièse mineur

19 Janvier 2017, 03:16am

Publié par vertuchou

Franz Liszt, Rhapsodie hongroise no 2, S. 244/2, deuxième d'une série de dix-neuf Rhapsodies hongroises, 1847

Voir les commentaires

La coquette et l'abeille

18 Janvier 2017, 03:12am

Publié par vertuchou

Chloé, jeune, jolie, et surtout fort coquette,
Tous les matins, en se levant,
Se mettait au travail, j'entends à sa toilette ;
Et là, souriant, minaudant,
Elle disait à son cher confident
Les peines, les plaisirs, les projets de son âme.
Une abeille étourdie arrive en bourdonnant.
Au secours ! Au secours ! Crie aussitôt la dame :
Venez, Lise, Marton, accourez promptement ;
Chassez ce monstre ailé. Le monstre insolemment
Aux lèvres de Chloé se pose.
Chloé s'évanouit, et Marton en fureur
Saisit l'abeille et se dispose
A l'écraser. Hélas ! Lui dit avec douceur
L'insecte malheureux, pardonnez mon erreur ;
La bouche de Chloé me semblait une rose,
Et j'ai cru... ce seul mot à Chloé rend ses sens.
Faisons grâce, dit-elle, à son aveu sincère :
D'ailleurs sa piqûre est légère ;
Depuis qu'elle te parle, à peine je la sens.
Que ne fait-on passer avec un peu d'encens !

Jean-Pierre Claris de Florian  

Voir les commentaires

Le poème se nourrit de mouvements

17 Janvier 2017, 03:09am

Publié par vertuchou

Le poème se nourrit de mouvements ; mouvements de cet être intérieur

que certains appelleraient « âme ». Son rythme est celui de la vague.

Son destin est de traverser.


Andrée Chedid

Voir les commentaires

La femme aux trois visages

16 Janvier 2017, 03:07am

Publié par vertuchou

Qui dit qu’elle a un double visage
Les visages
Elle en a trois :
Le premier indéchiffrable, pour le monde extérieur ;
Le second, dissimulé sous le voile de sa propre contemplation.
Le troisième, son visage de l’amour
Qu’une fois, en un moment d’éternité, elle tourna vers moi.

Robert Graves

Voir les commentaires

Blaues Pferdchen, Kinderbild

15 Janvier 2017, 03:05am

Publié par vertuchou

Franz Marc, Blaues Pferdchen, Kinderbild (Petit Cheval bleu, tableau pour enfants), 1912

Franz Marc, Blaues Pferdchen, Kinderbild (Petit Cheval bleu, tableau pour enfants), 1912

Voir les commentaires

De la Mélancolie (Ode)

14 Janvier 2017, 03:02am

Publié par vertuchou

Non, non ! ne va point au Léthé, ni consommer
Le vin vénéneux de l’aconit aux fortes racines ;
Ne souffre pas non plus à ton front pâle le baiser
De la belladone, raisin vermeil de Proserpine ;
Ne te fais pas un chapelet des baies de l’if ;
Que ni le carabe ni le sphinx tête de mort
Ne soient ta lugubre Psyché, ni l’effraie duvetée
Une compagne à tes mystères douloureux ;
Ou l’ombre s’unira à l’ombre sommeilleuse
Pour noyer en ton âme l’angoisse qui veillait.

Mais quand du haut des cieux l’accès de mélancolie
Soudain s’abattra comme une nuée de larmes,
Redonnant vigueur aux fleurs qui ployaient,
Couvrant le vert coteau d’un suaire d’Avril,
Qu’une rose du matin rassasie ton chagrin,
Ou l’arc-en-ciel naissant de la vague et du sable,
Ou la profusion des globes de pivoines ;
Que si quelque courroux embellit ta maîtresse,
Tiens serrée sa main douce et permets son délire,
Buvant profond, profond dans ses yeux sans pareils.

Elle demeure en la Beauté – Beauté qui doit périr ;
Et en la Joie, dont la main à ses lèvres à lui
Pour toujours dit adieu ; auprès du douloureux Plaisir,
Un poison que sa bouche, comme une abeille, aspire ;
Oui, c’est dans le temple même des Délices
Que se cache l’autel de la Mélancolie :
Seul le voit celui qui d’une langue énergique
A son palais délicat fait éclater les raisins de la Joie :
Son âme goûtera de Mélancolie le triste pouvoir,
Appendue parmi ses nuageux trophées.

John Keats     (traduction : Alain Praud)

Voir les commentaires

Je te faisais toujours de grands discours

13 Janvier 2017, 02:57am

Publié par vertuchou


     Je te faisais toujours de grands discours, après ton départ. Je te parlais tout le temps, même si j'étais seule. Pendant des mois, j'ai marché en te parlant. Maintenant je ne sais pas quoi dire. C'était plus facile juste quand je t'imaginais. J'imaginais même que tu me répondais. On avait de grandes conversations, tous les deux. C'était presque comme si tu étais là. Je pouvais t'entendre, te voir, sentir ton odeur. Je pouvais entendre ta voix. Il y a eu des moments où c'est ta voix qui me réveillait. Elle me réveillait au milieu de la nuit juste comme si tu étais dans la chambre avec moi.

Et puis… ça s'est effacé lentement. Je ne pouvais plus me représenter comment tu étais. J'ai essayé de te parler tout haut comme avant, mais il n'y avait plus rien. Je ne pouvais plus t'entendre. Et alors… j'ai abandonné. Tout s'est arrêté. Et alors tu… as disparu. Maintenant je travaille ici. J'entends ta voix tout le temps. Chaque homme a ta voix.

Sam Shepard,  Paris,Texas

Réalisateur : Wim Wenders
 

Voir les commentaires

Silence

12 Janvier 2017, 08:11am

Publié par vertuchou

Le silence descend en nous,
Tes yeux mi-voilés sont plus doux ;
Laisse mon cœur sur tes genoux.

Sous ta chevelure épandue
De ta robe un peu descendue
Sort une blanche épaule nue.

La parole a des notes d'or ;
Le silence est plus doux encor,
Quand les cœurs sont pleins jusqu'au bord.

Il est des soirs d'amour subtil,
Des soirs où l'âme, semble-t-il,
Ne tient qu'à peine par un fil...

Il est des heures d'agonie
Où l'on rêve la mort bénie
Au long d'une étreinte infinie.

La lampe douce se consume ;
L'âme des roses nous parfume.
Le Temps bat sa petite enclume.

Oh ! s'en aller sans nul retour,
Oh ! s'en aller avant le jour,
Les mains toutes pleines d'amour !

Oh ! s'en aller sans violence,
S'évanouir sans qu'on y pense
D'une suprême défaillance...

Silence !... Silence !... Silence !...

Albert Samain

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 > >>