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Restez un peu avec moi

10 Décembre 2017, 02:46am

Publié par vertuchou

Restez un peu avec moi. C'est inconfortable, j'en suis conscient,
mais nous n'allons pas dormir, n'est ce pas ?
Je ne sais rien de votre peau, de votre odeur.
Laissez-moi vous explorer, vous effeuiller
jusqu'à l'insupportable, jusqu'à ne plus accepter
d'être des mots écrits sur des coins de nappes en papier,
des pensées notées sur un carnet.
Vous méritez mieux que cela.
Vous êtes une étoile lointaine, pas trop j'espère
et je ne suis qu'un amant de papier.
Ne me brûlez pas…

Bernard Giraudeau, Cher amour

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La vie, c'est comme une dent

9 Décembre 2017, 03:00am

Publié par vertuchou

La vie, c'est comme une dent
D'abord on y a pas pensé,
On s'est contenté de mâcher
Et puis ça se gâte soudain
Ça vous fait mal, et on y tient
Et on la soigne et les soucis,
Et pour qu'on soit vraiment guéri
Il faut vous l'arracher, la vie.

Boris Vian

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For you

8 Décembre 2017, 02:29am

Publié par vertuchou

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Baiser rose, baiser bleu

7 Décembre 2017, 02:15am

Publié par vertuchou

Sonnet III.

À table, l'autre jour, un réseau de guipure,
Comme un filet d'argent sur un marbre jeté,
De votre sein, voilant à demi la beauté,
Montrait, sous sa blancheur, une blancheur plus pure.

Vous trôniez parmi nous, radieuse figure,
Et le baiser du soir, d'un faible azur teinté,
Comme au contour d'un fruit la fleur du velouté,
Glissait sur votre épaule en mince découpure.

Mais la lampe allumée et se mêlant au jeu,
Posait un baiser rose auprès du baiser bleu :
Tel brille au clair de lune un feu dans de l'albâtre.

À ce charmant tableau, je me disais, rêveur,
Jaloux du reflet rose et du reflet bleuâtre :
" Ô trop heureux reflets, s'ils savaient leur bonheur ! "

Saint-Gratien, le 25 juillet 1867.

Théophile Gautier

 

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Le poète ne retient ce qu’il découvre

6 Décembre 2017, 02:54am

Publié par vertuchou

Le poète ne retient ce qu’il découvre: l’ayant transcrit, le perd bientôt.

En cela réside sa nouveauté, son infini et son péril.

René Char

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Petit matin

5 Décembre 2017, 02:27am

Publié par vertuchou

Je te reconnaîtrai aux algues de la mer
Au sel de tes cheveux aux herbes de tes mains
Je te reconnaîtrai au profond des paupières
Je fermerai les yeux tu me prendras la main

Je te reconnaîtrai quand tu viendras pieds nus
Sur les sentiers brûlants d'odeurs et de soleil
Les cheveux ruisselants sur tes épaules nues
Et les seins ombragés des palmes du sommeil

Je laisserai alors s'envoler les oiseaux
Les oiseaux longs-courriers qui traversent les mers
Les étoiles aux vents courberont leurs fuseaux
Les oiseaux très pressés fuiront dans le ciel clair

Je t'attendrai en haut de la plus haute tour
Où pleurent nuit et jour les absents dans le vent
Quand les oiseaux fuiront je saurai que le jour
Est là marqué des pas de celle que j'attends

Complices du soleil je sens mon corps mûrir
De la patience aveugle et laiteuse des fruits
Ses froides mains de sel lentement refleurir
Dans le matin léger qui jaillit de la nuit

Claude Roy

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Union Square

4 Décembre 2017, 02:27am

Publié par vertuchou

Fred Lyon, Union Square, 1947

Fred Lyon, Union Square, 1947

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Nous n'irons plus au bois

3 Décembre 2017, 02:58am

Publié par vertuchou

Nous n'irons plus au bois , les lauriers sont coupés.
Les Amours des bassins, les Naïades en groupe
Voient reluire au soleil en cristaux découpés
Les flots silencieux qui coulaient de leurs coupes.

Les lauriers sont coupés, et le cerf aux abois
Tréssaille au son du cor ; nous n'irons plus au bois,
Où des enfants joueurs riait, la folle troupe,
Parmi les lys d'argent aux pleurs du ciel trempés;

Voici l'herbe qu'on fauche et les lauriers qu'on coupe.
Nous n'irons plus aux bois, les lauriers sont coupés.

Théodore de Banville

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Cette femme lui plait

2 Décembre 2017, 02:34am

Publié par vertuchou

Cette femme lui plait.
Oh, elle ne ressemble pas à celles qui ont éveillé en lui,
si fort parfois, le désir. Celles qu'en bon chasseur
il a su saisir dans une de ces étreintes brusques,
totales, qui, l'isolaient du monde et de la mémoire. […]
Ces femmes-là, il en garde un souvenir fragmenté. sein,
ventre, douceur d'une peau, une bouche et tant de façons
différentes de s'abandonner : dans le regard de l'autre
pour l'une, l'ouverture de la hanche pour une autre.
Kaléidoscope qu'il refait tourner parfois, cherchant toujours.
Toutes ces étreintes pour rien
Cette femme lui plait autrement que les femmes de l'étreinte.
Elle lui donne envie de s'approcher, d'essayer
de saisir ce qu'est une vie de femme.

Jeanne Benameur, Profanes

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Elle était venue

1 Décembre 2017, 02:07am

Publié par vertuchou

Elle était venue sur les marches tièdes

Et s'était assise.

Sa tête gentille était inclinée

Un peu de côté ;

Ses mains réunies étaient endormies

Au creux de sa jupe ;

Et elle croisait ses jambes devant elle,

L'un des pieds menus pointant vers le ciel.

Il dut le frôler, ce pied, pour passer

Et il dut la voir.

Il vit son poignet qui donnait envie

D'être à côté d'elle dans les farandoles

Où l'on est tiré, où il faut qu'on tire

Plus qu'on n'oserait...

Et il vit la ligne de son épaule

Qui donnait envie de l'envelopper

Dans un tendre châle.

Mais le désir lui vint de regarder sa bouche

Et ce fut le départ de tout.

Mais le besoin lui vint de rencontrer ses yeux

Et ce fut la cause de tout.

Charles Vildrac

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