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Vertuchou.over-blog.com

A une femme

21 Mars 2018, 01:54am

Publié par vertuchou

Enfant ! si j'étais roi, je donnerais l'empire,
Et mon char, et mon sceptre, et mon peuple à genoux
Et ma couronne d'or, et mes bains de porphyre,
Et mes flottes, à qui la mer ne peut suffire,
Pour un regard de vous !

Si j'étais Dieu, la terre et l'air avec les ondes,
Les anges, les démons courbés devant ma loi,
Et le profond chaos aux entrailles fécondes,
L'éternité, l'espace, et les cieux, et les mondes,
Pour un baiser de toi !

Victor Hugo

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Je t'ai vu, et tout a disparu

20 Mars 2018, 02:46am

Publié par vertuchou

Je t'ai vu, et tout a disparu ; je t'ai vu, et ton image seule est restée là, devant mes yeux.

Dès lors, plus d'autres plaisirs ; mon bonheur, mon orgueil, ma vie, tout s'est confondu,

anéanti dans le désir de te plaire et le besoin de t'aimer ; mais aussi quelle source

inépuisable de félicité, et comme elle rend froids et insipides tous les plaisirs

que l'on goûte sans elle !


Constance de Theis, Vingt-quatre heures d'une femme sensible

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Ouverture

19 Mars 2018, 02:14am

Publié par vertuchou

Je te touche et je vois ton corps et tu respires
Ce ne sont plus les jours du vivre séparés
C'est toi tu vas tu viens et je suis ton empire
Pour le meilleur et pour le pire
Et jamais tu ne fus aussi lointaine à mon gré

Ensemble nous trouvons au pays des merveilles
Le plaisir sérieux couleur de l'absolu
Mais lorsque je reviens à nous que je m'éveille
Si je soupire à ton oreille
Comme des mots d'adieu tu ne les entends plus.

Elle dort Longuement je l'écoute se taire
C'est elle dans mes bras présente et cependant
Plus absente d'y être et moi plus solitaire
D'être plus près de son mystère
Comme un joueur qui lit aux dés le point perdant.

Le jour qui semblera l'arracher à l'absence
Me la rend plus touchante et plus belle que lui
De l'ombre elle a gardé les parfums et l'essence
Elle est comme un songe des sens
Le jour qui la ramène est encore une nuit

Buissons quotidiens à quoi nous nous griffâmes
La vie aura passé comme un air entêtant
Jamais rassasié de ces yeux qui m'affament
Mon ciel mon désespoir ma femme
Treize ans j'aurais guetté ton silence chantant

Comme le coquillage enregistre la mer
Grisant mon coeur treize ans treize hivers treize étés
J'aurais tremblé treize ans sur le seuil des chimères
Treize ans d'une peur douce-amère
Et treize ans conjuré des périls inventés

O mon enfant le temps n'est pas à notre taille
Que sont mille et une nuit pour des amants
Treize ans c'est comme un jour et c'est un feu de paille
Qui brûle à nos pieds maille à maille
Le magique tapis de notre isolement

Louis Aragon

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Femme dans la nuit

18 Mars 2018, 02:37am

Publié par vertuchou

Joan Miró, Femme dans la nuit, 1974, huile sur toile

Joan Miró, Femme dans la nuit, 1974, huile sur toile

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Les deux rondeaux

17 Mars 2018, 01:49am

Publié par vertuchou

À ma Dame Jehanne Gaillarde de Lyon, femme de grant scavoir

D’avoir le prix en science et doctrine
Bien mérita de Pisan la Christine
Durant ses jours ; mais ta plume dorée
D’elle serait à présent adorée,
S’elle vivait par volonté divine.
Car tout ainsi que le feu l’or affine,
Le temps a fait notre langue plus fine,
De qui tu as l’éloquence assurée
D’avoir le prix.

Donques ma main, rends-toi humble et bénigne,
En donnant lieu à la main féminine :
N’écris plus rien en rythme mesuré,
Fors que tu es une main bienheurée
D’avoir touché celle qui est tant digne

D’avoir le prix.

--- Clément Marot

  Response au précédent rondeau par ma dicte Dame Jehanne Gaillarde

De m’acquitter je me trouve surprise
D’un faible esprit, car à toi n’ai savoir
Correspondant : tu le peux bien savoir,
Vu qu’en cet art plus qu’autre l’on te prise.
Si fusse autant éloquente, et apprise,
Comme tu dis, je ferais mon devoir
De m’acquitter.

Si veux prier la grâce en toi comprise,
Et les vertus, qui tant te font valoir,
De prendre en gré l’affectueux vouloir
Dont ignorance a rompu l’entreprise

De m’acquitter.

--- Jeanne Gaillarde

 

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Tout homme bien portant

16 Mars 2018, 02:13am

Publié par vertuchou

Tout homme bien portant
peut se passer de manger pendant deux jours, de poésie, jamais

Baudelaire

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Vivre

15 Mars 2018, 02:07am

Publié par vertuchou

Autrefois quand l'automne
était sève pesante et comme un corps coupé
dont le sang lentement partait par les sous-bois,
quand les corbeaux criaient sur les terres labourées,

Pressentant une fête étrange à l'horizon,
Oh, je t'ai appelée, suscitée dans les airs.

Et la fête est venue
plus tard et de très loin
avec ton corps.

Eugène Guillevic

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Fandango

14 Mars 2018, 02:33am

Publié par vertuchou

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A la Femme Aimée

13 Mars 2018, 01:43am

Publié par vertuchou

Lorsque tu vins, à pas réfléchis, dans la brume,
Le ciel mêlait aux ors le cristal et l’airain.
Ton corps se devinait, ondoiement incertain,
Plus souple que la vague et plus frais que l’écume.
Le soir d’été semblait un rêve oriental
De rose et de santal.

Je tremblais. De longs lys religieux et blêmes
Se mouraient dans tes mains, comme des cierges froids.
Leurs parfums expirants s’échappaient de tes doigts
En le souffle pâmé des angoisses suprêmes.
De tes clairs vêtements s’exhalaient tour à tour
L’agonie et l’amour.

Je sentis frissonner sur mes lèvres muettes
La douceur et l’effroi de ton premier baiser.
Sous tes pas, j’entendis les lyres se briser
En criant vers le ciel l’ennui fier des poètes
Parmi des flots de sons languissamment décrus,
Blonde, tu m’apparus.

Et l’esprit assoiffé d’éternel, d’impossible,
D’infini, je voulus moduler largement
Un hymne de magie et d’émerveillement.
Mais la strophe monta bégayante et pénible,
Reflet naïf, écho puéril, vol heurté,
Vers ta Divinité.

Renée Vivien

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Elle ne le regarde pas au visage

12 Mars 2018, 02:36am

Publié par vertuchou

Elle ne le regarde pas au visage. Elle ne le regarde pas. Elle le touche. Elle touche la douceur du sexe, de la peau, elle caresse la couleur dorée, l‘inconnue nouveauté. Il gémit, il pleure. Il est dans un amour abominable.
En pleurant, il le fait. D‘abord il y a la douleur. Et puis après cette douleur est prise à son tour, elle est changée, lentement arrachée, emportée vers la jouissance, embrassée à elle.


Marguerite Duras, L'Amant

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