/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fdelicate%2Fimages%2Fheader%2Fheader.jpg)
Coups de cœur
Confidences
Je dis que l'avenir se souviendra de nous.
Je désire et je brûle.
A nouveau, l'Amour, le briseur de membres,
Me tourmente, doux et amer.
Il est insaisissable, il rampe.
A nouveau l'amour a mon cœur battu,
Pareil au vent qui, des hauteurs,
Sur les chênes s'est abattu.
Tu es venue, tu as bien fait:
J'avais envie de toi.
Dans mon cœur tu as allumé
Un feu qui flamboie.
Je ne sais ce que je dois faire,
Et je sens deux âmes en moi.
Je ne sais quel désir me garde possédée
De mourir, et de voir les rives
Des lotus, dessous la rosée.
Et moi, tu m'as oubliée
Sapphô
Elle le connaît depuis une minute à peine
Elle le connaît depuis une minute à peine lorsqu'ils s'approchent à se toucher -il a dit "bonjour", peut-être, quelqu'un les a présentés dans cette soirée, un samedi à Paris.
Ils restent quelques secondes immobiles et muets, souriant, puis elle jette ses bras vers lui, autour de son cou, elle ferme les yeux; il la reçoit, le corps est chaud sous ses mains, il est à elle.
Ils se parlent que plusieurs heures après, dans une chambre de cet appartement où ils ne sont jamais venus ni l'un ni l'autre, ils se disent leur nom.
'est le nom qu'elle porte, maintenant.
La rencontre telle qu'elle advient constitue pour elle un sommet de perfection. Il n'y a pas de mots, on échappe au bruit des mensonges. L'amour, c'est quand on ne dit rien - qu'est-ce qu'on pourrait dire, qui vaille ?
Camille Laurens, Dans ces bras-là
Un jour qu'il faisait nuit
Un jour qu'il faisait nuit
Il s'envola au fond de la rivière.
Les pierres en bois d'ébène les fils de fer en or et la croix sans branche.
Tout rien.
Je la hais d'amour comme tout chacun.
Le mort respirait des grandes bouffées de vide.
Le compas traçait des carrés et des triangles à cinq côtés.
Après cela il descendit au grenier.
Les étoiles de midi resplendissaient.
Le chasseur revenait carnassière pleine de poissons sur la rive au milieu de la Seine.
Un ver de terre marque le centre du cercle sur la circonférence.
En silence mes yeux prononcèrent un bruyant discours.
Alors nous avancions dans une allée déserte où se pressait la foule.
Quand la marche nous eut bien reposé nous eûmes le courage de nous asseoir puis au réveil nos yeux se fermèrent et l'aube versa sur nous les réservoirs de la nuit.
La pluie nous sécha.
Robert Desnos
Silhouettes à la fenêtre
Caligula - Ier chant
L'hiver s'enfuit ; le printemps embaumé
Revient suivi des Amours et de Flore ;
Aime demain qui n'a jamais aimé,
Qui fut amant, demain le soit encore !
Hiver était le seul maître des temps,
Lorsque Vénus sortit du sein de l'onde ;
Son premier souffle enfanta le printemps,
Et le printemps fit éclore le monde.
L'été brûlant a ses grasses moissons,
Le riche automne a ses treilles encloses,
L'hiver frileux son manteau de glaçons,
Mais le printemps a l'amour et les roses.
L'hiver s'enfuit, le printemps embaumé
Revient suivi des Amours et de Flore ;
Aime demain qui n'a jamais aimé,
Qui fut amant, demain le soit encore !
Gérard de Nerval
La poésie est quelque chose
La poésie est quelque chose qui marche dans les rues, qui passe à nos côtés.
Toutes les choses ont leur mystère, et la poésie est le mystère que toutes choses ont.
Vous passez par un homme, vous regardez une femme, vous voyez la marche d'un chien
et dans chaque objet il y a de la poésie.
Federico García Lorca
La lessive
Nos chemises pliées tout en haut de
l'armoire, qui attendaient parfois des
jours et des semaines. Et nos mains se
hâtaient vers les odeurs de propre
qu'elles avaient gardées de leur passé de
voile... dans le vent du suroît qui
secouait la corde tendue de la maison à
la bâtisse à bois...J'y songe quand
j'écris. Quand je plie mon poème. Et
que je viens l'étendre sous le vent de
vos yeux.
Gilles Vigneault
Once I Loved
Avant que vous comptiez dix
Avant que vous comptiez dix
tout change : le vent ôte
cette clarté des hautes
tiges de maïs,
pour la jeter ailleurs ;
elle vole, elle glisse
le long d'un précipice
vers une clarté-soeur
qui déjà, à son tour,
prise par ce jeu rude,
se déplace pour
d'autres altitudes.
Et comme caressée
la vaste surface reste
éblouie sous ces gestes
qui l'avaient peut-être formée.
Rainer Maria Rilke