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Vertuchou.over-blog.com

Vous

11 Mai 2018, 02:22am

Publié par vertuchou

Vous

revêtu de votre nudité, un habit de peau sensible et frissonnant, votre corps était contenu tout entier, compact et lumineux dans l'ombre qui vous cernait, une ombre épaisse. Dans votre main, votre sexe d'homme bandé et votre corps offert nu dans la lumière. Votre corps pour moi. Rien d'autre que cela. L'image, noire et blanche, était érotique, crûe et sidérante, sans énigme aucune, sans secret. Encore, venant de vous, ces paroles muettes qui m'étaient adressées “Vois, je suis nu, désire-moi… veux-tu ?”.

Votre corps était l'exhibition même. Pourtant, rien de provocant, rien de vulgaire à cela. Dans cet espace jusqu'alors inconnu de moi, j'ai rougi, j'ai frissonné et il n'y eut plus que vous. Plus rien d'autre autour. Seulement vous. Vous avez aspiré mon regard et, l'aspirant, vous avez happé tout mon être. Vous m'avez bue, en quelque sorte. J'étais envahie d'un trouble indicible. J'étais perdue. Délicieusement et définitivement perdue.

....

T'écrire encore… lettre #14
 

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Déshabillez-moi

10 Mai 2018, 01:49am

Publié par vertuchou

Déshabillez-moi
Déshabillez-moi
Oui, mais pas tout de suite
Pas trop vite
Sachez me convoiter
Me désirer
Me captiver
Déshabillez-moi
Déshabillez-moi
Mais ne soyez pas comme
Tous les hommes
Trop pressés.

Et d'abord, le regard
Tout le temps du prélude
Ne doit pas être rude, ni hagard
Dévorez-moi des yeux
Mais avec retenue
Pour que je m'habitue, peu à peu…

Déshabillez-moi
Déshabillez-moi
Oui, mais pas tout de suite
Pas trop vite
Sachez m'hypnotiser
M'envelopper
Me capturer
Déshabillez-moi
Déshabillez-moi

Avec délicatesse
En souplesse
Et doigté

Choisissez bien les mots
Dirigez bien vos gestes
Ni trop lents, ni trop lestes
Sur ma peau
Voilà, ça y est, je suis
Frémissante et offerte
De votre main experte, allez-y…

Déshabillez-moi
Déshabillez-moi
Maintenant tout de suite,
Allez vite
Sachez me posséder
Me consommer
Me consumer

Déshabillez-moi, déshabillez-moi
Conduisez-vous en homme
Soyez l'homme…
Agissez !

Déshabillez-moi
Déshabillez-moi
Et vous…
Déshabillez-vous !

Juliette Greco

Paroles : Robert Nyel
Musique : Gaby Verlor

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Brazil

9 Mai 2018, 01:47am

Publié par vertuchou

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La comptine du Quai aux Fleurs

8 Mai 2018, 02:14am

Publié par vertuchou

C'est ici que la légende
A mûri comme un grain lourd
Et que l'univers m'entende
Quand je chante mes amours

C'est ce peuple qui commence
Son histoire à Roncevaux
Roland l'ancienne romance
Et Fabien le chant nouveau

Comme on tresse avec la paille
Des paniers de deux couleurs
Je mêle aux noms de batailles
Les brins noirs de nos douleurs

La Bastille et la Commune
Les Bouvines et les Valmy
Jeanne et Péri ce n'est qu'une
Longue histoire mes amis

Châteaubriant Timbaud tombe
Brulez enfants d'Oradour
Au soleil des hécatombes
Sur la France il fait grand jour

Paris sonne sa revanche
Que de roses dans Paris
Dans Paris que de pervenches
Et le Luxembourg est pris

Pour achever ma comptine
Je marie en un bouquet
Au romarin l'églantine
La marguerite au muguet

De l'Etoile à La Villette
Et de Montrouge aux Lilas
Violettes violettes
Je vous donne à ces gens là

Louis Aragon

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Chaque jour

7 Mai 2018, 01:10am

Publié par vertuchou

Chaque jour naît vierge de poésie , on se réveille et on la renouvelle .

Erri de Luca

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Rien que cette lumière

6 Mai 2018, 02:22am

Publié par vertuchou

Rien que cette lumière que sèment tes mains
rien que cette flamme et tes yeux
ces champs cette moisson sur ta peau
rien que cette chaleur de ta voix
rien que cet incendie
rien que toi

Car tu es l'eau qui rêve
et qui persévère
l'eau qui creuse et qui éclaire
l'eau douce comme l'air
l'eau qui chante
celle de tes larmes et de ta joie

Solitaire que les chansons poursuivent
heureux du ciel et de la terre
forte et secrète vivante
ressuscitée
voici enfin ton heure tes saisons
tes années

Philippe Soupault - poèmes et poésies - 1973

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Nudes in Mirror

5 Mai 2018, 01:50am

Publié par vertuchou

Roy Lichtenstein, Nudes in Mirror, 1994, huile et magna sur toile, 254 x 213.4 cm.

Roy Lichtenstein, Nudes in Mirror, 1994, huile et magna sur toile, 254 x 213.4 cm.

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Je cherche les endroits

4 Mai 2018, 01:40am

Publié par vertuchou

    Je cherche les endroits où ta robe est allée,
    Où flotte un souvenir de ta jupe envolée,
    Où je retrouve encor dans l’air je ne sais quoi
    Qui me fait palpiter le cœur, et qui fut toi.
   

    Là, les yeux au plafond, pendant que mon cigare
    Exhale un lent nuage azuré qui s’égare
    Comme dans un brouillard matinal, je revois
    Ton sourire, ton beau sourire d’autrefois.
   

    Le passé me remonte à l’âme… et comme un pâtre
    Qui rêve solitaire au fond du soir bleuâtre
    Je regarde immobile en mon recueillement,
    Je regarde là-bas sur mon cœur doucement,
    Plus suave, on dirait, dans les ombres accrues,
    Tourner le chœur léger des choses disparues.
   

    Ton souvenir est comme un coffret de reliques
    Où dorment des joyaux d’amour mélancoliques
    Et que j’ouvre à genoux pour voir comme un trésor
    Tout mon passé dans l’ombre étinceler encor !
   

    Comme un écho profond l’amour en moi persiste.
    Le reproche est bavard ; la rancune égoïste.
    Je ne te dirai rien, sinon que je suis triste…
   

    Telle une fleur qu’on coupe et qui douce à souffrir
    Ne sait rien qu’exhaler ses parfums et mourir.


    Albert Samain

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Un homme et une femme devisent

3 Mai 2018, 02:18am

Publié par vertuchou

Un homme et une femme devisent. Derrière leurs propos anodins ce sont peut-être des mots de désir et d’amour qui passent. Ils le devinent, mais tremblent encore de se l’avouer. Pour exprimer la délicatesse des émotions qui le traversent, lui, le jeune homme commence à réciter quatre vers d’un poème. Je crois me rappeler qu’il s’agit du Pont Mirabeau… Mais peu importe ! Il s’arrête. Elle, la jeune femme, poursuit en récitant les quatre vers suivants.

    Silence.

Très proches, accoudés tous deux sur le bord d’une cheminée, les yeux dans les yeux, aussi spontanément que doucement, ils prononcent en duo les quatre derniers vers du poème.

    Silence.

Bouleversé, il murmure dans le souffle d’une caresse : « Nous avons été Un pendant un instant ». Elle répond brisant le sortilège : « Non, nous avons été seuls ensemble, ce n’est pas la même chose ».

Françoise Bétourné, L’amour est toujours réciproque dans la sphère d’aimance

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La demeure de Reverdy

2 Mai 2018, 02:28am

Publié par vertuchou

Je suis entré dans la demeure de Reverdy
sans connaître le poète,
sans connaître l’architecte,
sans connaître le maçon;
mais j’ai découvert la maison
sur ma route,
après un carrefour, dans un chemin de crête
à peine plus large que ses marches.
Elle m’a parue, de l’intérieur, toute petite
comme les paroles auxquelles on est habitué :
une maison pour le geste et le sommeil d’un homme;
mais elle étonne, comme la mémoire du monde,
avec ses miroirs encastrés
et le silence entre ses portes,
avec ses pierres des différents âges de la pensée
puis son étoile percée, le soir.

Août 1960

Edmond Jabès

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