Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Vertuchou.over-blog.com

Les amours

11 Juillet 2018, 02:51am

Publié par vertuchou

Ange divin, qui mes plaies embaume,
Le truchement et le héraut des dieux,
De quelle porte es-tu coulé des cieux,
Pour soulager les peines de mon âme ?

Toi, quand la nuit par le penser m'enflamme,
Ayant pitié de mon mal soucieux,
Ore en mes bras, ore devant mes yeux,
Tu fais nager l'idole de ma Dame.

Demeure, Songe, arrête encore un peu !
Trompeur, attends que je me sois repu
De ce beau sein dont l'appétit me ronge,

Et de ces flancs qui me font trépasser :
Sinon d'effet, souffre au moins que par songe
Toute une nuit je les puisse embrasser.

Pierre de Ronsard

Voir les commentaires

Peinture et poésie

10 Juillet 2018, 02:44am

Publié par vertuchou

Peinture et poésie se font comme on fait l'amour : un échange de sang,

une étreinte totale, sans aucune prudence, sans nulle protection.

Le grand saut, à chaque fois.

Joan Miró

Voir les commentaires

Ah bien c'est du joli

9 Juillet 2018, 02:53am

Publié par vertuchou

Je vous l'avais bien dit Ah
C'est bien de votre faute Ah
Bien la peine de faire le malin Ah
Vous l'avez bien cherché Ah
Ça vous fera une belle jambe Ah
Vous voilà dans de beaux draps Ah
Maintenant vous êtes bien avancé Ah
Je vous fais bien mes compliments Ah
Vous parlez d'une belle réussite Ah
En effet voilà du beau travail Ah
Vous êtes un joli monsieur Ah
Il y a bien de quoi se vanter Ah
Vous avez fait un joli coup Ah
Et tout est bien qui finit bien Ah

Philippe Souplaut

Voir les commentaires

N'n Siata

8 Juillet 2018, 16:49pm

Publié par vertuchou

Voir les commentaires

La coccinelle

7 Juillet 2018, 02:46am

Publié par vertuchou

Elle me dit : « Quelque chose
Me tourmente. » Et j'aperçus
Son cou de neige, et, dessus,
Un petit insecte rose.

J'aurais dû - mais, sage ou fou,
A seize ans on est farouche,
Voir le baiser sur sa bouche
Plus que l'insecte à son cou.

On eût dit un coquillage ;
Dos rose et taché de noir.
Les fauvettes pour nous voir
Se penchaient dans le feuillage.

Sa bouche fraîche était là :
Je me courbai sur la belle,
Et je pris la coccinelle ;
Mais le baiser s'envola.

« Fils, apprends comme on me nomme,
Dit l'insecte du ciel bleu,
Les bêtes sont au bon Dieu ;
Mais la bêtise est à l'homme. »

Victor Hugo

Voir les commentaires

Je touche tes lèvres, je touche d'un doigt le bord de tes lèvres

6 Juillet 2018, 02:41am

Publié par vertuchou

Je touche tes lèvres, je touche d'un doigt le bord de tes lèvres. Je dessine ta bouche comme si elle naissait de ma main, comme si elle s'entrouvrait pour la première fois et il me suffit de fermer les yeux pour tout défaire et tout recommencer. Je fais naître chaque fois la bouche que je désire, la bouche que ma main choisit et qu'elle dessine sur ton visage, une bouche choisie entre toutes, choisie par moi avec une souveraine liberté pour la dessiner de ma main sur ton visage et qui, par un hasard que je ne cherche pas à comprendre, coïncide exactement à ta bouche qui sourit sous la bouche que ma main te dessine.
Tu me regardes, tu me regardes de tout près, tu me regardes de plus en plus près, nous jouons au cyclope, nos yeux grandissent, se rejoignent, se superposent, et les cyclopes se regardent, respirent confondus, les bouches se rencontrent, luttent tièdes avec leurs lèvres, appuyant à peine la langue sur les dents, jouant dans leur enceinte où va et vient un air pesant dans un silence et un parfum ancien. Alors mes mains s'enfoncent dans tes cheveux, caressent lentement la profondeur de tes cheveux, tandis que nous nous embrassons comme si nous avions la bouche pleine de fleurs ou de poissons, de mouvement vivants, de senteur profonde. Et si nous nous mordons, la douleur est douce et si nous sombrons dans nos haleines mêlées en une brève et terrible noyade, cette mort instantanée est belle. Et il y a une seule salive et une seule saveur de fruit mûr, et je te sens trembler contre moi comme une lune dans l'eau.

Voir les commentaires

Complainte

5 Juillet 2018, 02:29am

Publié par vertuchou

Tout a pris dans ma bouche
une saveur persistante de larmes;
le repas quotidien, le chant
et jusqu’à la prière.

Je n’ai pas d’autre métier
après celui-ci silencieux de t’aimer,
que cet office de larmes,
que tu m’ as laissé.

Mes yeux serrés
sur de brûlantes larmes!
bouche convulsive et tourmentée
où tout me devient prière !

J’ai une de ces hontes
de vivre de cette façon lâche!
Je ne vais pas à ta recherche
et je ne parviens pas non plus à t’oublier!

Un remords me saigne
de regarder un ciel
que ne voient pas tes yeux,
de toucher des roses
nourries de la chaux de tes os!

Chair de misère,
branche honteuse, morte de fatigue,
qui ne descend pas dormir à ton côté,
et qui se presse, tremblante,
conte le téton impur de la Vie !

Gabriela Mistral

Voir les commentaires

Le bocal aux poissons rouges

4 Juillet 2018, 02:11am

Publié par vertuchou

Jean Metzinger, le bocal aux poissons rouges, 1926, huile sur toile, 73 × 100 cm

Jean Metzinger, le bocal aux poissons rouges, 1926, huile sur toile, 73 × 100 cm

Voir les commentaires

l'Amour et la folie

3 Juillet 2018, 02:40am

Publié par vertuchou

Tout est mystère dans l'Amour,
Ses flèches, son carquois, son flambeau, son enfance:
Ce n'est pas l'ouvrage d'un jour
Que d'épuiser cette science.
Je ne prétends donc point tout expliquer ici:
Mon but est seulement de dire, à ma manière,
Comment l'aveugle que voici
(C'est un dieu), comment, dis-je, il perdit la lumière;
Quelle suite eut ce mal, qui peut-être est un bien
J'en fais juge un amant, et ne décide rien.
La Folie et l'Amour jouaient un jour ensemble:
Celui-ci n'était pas encor privé des yeux.
Une dispute vint : l'Amour veut qu'on assemble
Là-dessus le conseil des Dieux;
L'autre n'eut pas la patience;
Elle lui donne un coup si furieux,
Qu'il en perd la clarté des cieux.
Vénus en demande vengeance.
Femme et mère, il suffit pour juger de ses cris:
Les Dieux en furent étourdis,
Et Jupiter, et Némésis,
Et les Juges d'Enfer, enfin toute la bande.
Elle représenta l'énormité du cas;
Son fils, sans un bâton, ne pouvait faire un pas:
Nulle peine n'était pour ce crime assez grande:
Le dommage devait être aussi réparé.
Quand on eut bien considéré
L'intérêt du public, celui de la partie,
Le résultat enfin de la suprême cour
Fut de condamner la Folie
A servir de guide à l'Amour.

Jean de la Fontaine

Voir les commentaires

Et si l’inutilité

2 Juillet 2018, 02:40am

Publié par vertuchou

Et si l’inutilité, la gratuité, le don, l’insouciance,
le plaisir, la recherche désintéressée, la poésie,
la création hasardeuse engendraient de la valeur ?
Et si les marchands dépendaient – ô combien ! – des poètes ?
Et si la fourmi n’était rien sans la cigale ?
Voici venu le temps d’affirmer, contre les économistes,
que l’inutile crée de l’utilité, que la gratuité crée de la richesse,
que l’intérêt ne peut exister sans le désintéressement. »

Bernard Maris

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 > >>