Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Vertuchou.over-blog.com

Sur le Livre des Amours de Pierre de Ronsard

20 Novembre 2018, 02:46am

Publié par vertuchou

Jadis plus d’un amant, aux jardins de Bourgueil,
A gravé plus d’un nom dans l’écorce qu’il ouvre,
Et plus d’un cœur, sous l’or des hauts plafonds du Louvre,
À l’éclair d’un sourire a tressailli d’orgueil.
 
Qu’importe ? Rien n’a dit leur ivresse ou leur deuil ;
Ils gisent tout entiers entre quatre ais de rouvre
Et nul n’a disputé, sous l’herbe qui les couvre,
Leur inerte poussière à l’oubli du cercueil.
 
Tout meurt. Marie, Hélène et toi, fière Cassandre,
Vos beaux corps ne seraient qu’une insensible cendre,
— Les roses et les lys n’ont pas de lendemain —
 
Si Ronsard, sur la Seine ou sur la blonde Loire,
N’eût tressé pour vos fronts, d’une immortelle main,
Aux myrtes de l’Amour le laurier de la Gloire.

José-Maria de Heredia

Voir les commentaires

Notre baiser fut brutal, passionné

19 Novembre 2018, 02:44am

Publié par vertuchou

Notre baiser fut brutal, passionné, étrangement adulte. Ensuite je rentrai seule à pied à la maison. En marchant très lentement. A mi-chemin, je m'arrêtai et contemplai un bout de trottoir que j'avais enjambé un millier de fois et connaissais intimement. Il y avait une fente dedans - profonde, longue, en dents de scie, et obscure. C'était le jour où les immenses et vieux peupliers de Virginie perdaient leur bourre cotonneuse. L'air était empli de duvet qui tombait, et l'herbe des fossés et les caniveaux étaient rembourrés d'une neige de lumière. J'avais cru que je me sentirais joyeuse, mais j'éprouvais une peine confuse, ou peut-être de la peur, car ma vie me paraissait une histoire vorace dont j'étais la source, et avec ce baiser j'avais maintenant commencé à me livrer tout entière aux mots.
 
Louise Erdrich, La malédiction des colombes

Voir les commentaires

J’aime mon corps / I like my body

18 Novembre 2018, 02:04am

Publié par vertuchou

J’aime mon corps quand il est avec ton
corps. C’est une si toute nouvelle chose.
Muscle améliore et nerf plus donne.
j’aime ton corps. j’aime ce qu’il fait,
j’aime ses comments. j’aime sentir l’échine
de ton corps et ses os,et la tremblante
-ferme-douce eur et que je veux
encore et encore et encore
embrasser, j’aime de toi embrasser ci et ça,
j’aime,lentement caressant le,choc du duvet
de ta fourrure électrique,et qu’est-ce qui arrive
à la chair s’écartant…Et des yeux les grosses miettes d’amour,

et possiblement j’aime le frisson

de sous moi toi si toute nouvelle

E.E. Cummings –

I like my body when it is with your
body. It is so quite new a thing.
Muscles better and nerves more.
I like your body. I like what it does,
I like its hows. I like to feel the spine
of your body and its bones,and the trembling
-firm-smooth ness and which I will
again and again and again
kiss, I like kissing this and that of you,
I like, slowly stroking the,shocking fuzz
of your electric furr,and what-is-it comes
over parting flesh….And eyes big love-crumbs,

and possibly I like the thrill

of under me you so quite new

 

Voir les commentaires

Annobon

17 Novembre 2018, 02:00am

Publié par vertuchou

Voir les commentaires

A la gloire du vent

16 Novembre 2018, 02:54am

Publié par vertuchou

— Toi qui t’en vas là-bas,
Par toutes les routes de la terre,
Homme tenace et solitaire,
Vers où vas-tu, toi qui t’en vas ?
 
— J’aime le vent, l’air et l’espace ;
Et je m’en vais sans savoir où,
Avec mon cœur fervent et fou,
Dans l’air qui luit et dans le vent qui passe.
 
— Le vent est clair dans le soleil,
Le vent est frais sur les maisons,
Le vent incline, avec ses bras vermeils,
De l’un à l’autre bout des horizons,
Les fleurs rouges et les fauves moissons.
 
— Le Sud, l’Ouest, l’Est, le Nord,
Avec leurs paumes d’or,
Avec leurs poings de glace,
Se rejettent le vent qui passe.
 
— Voici qu’il vient des mers de Naple et de Messine
Dont le geste des dieux illuminait les flots ;
Il a creusé les vieux déserts où se dessinent
Les blancs festons de sable autour des verts îlots.
Son souffle est fatigué, son haleine timide,
L’herbe se courbe à peine aux pentes du fossé ;
Il a touché pourtant le front des pyramides
Et le grand sphinx l’a vu passer.
 
— La saison change, et lentement le vent s’exhume
Vêtu de pluie immense et de loques de brume.
 
— Voici qu’il vient vers nous des horizons blafards,
Angleterre, Jersey, Bretagne, Ecosse, Irlande,
Où novembre suspend les torpides guirlandes
De ses astres noyés, en de pâles brouillards ;
Il est parti, le vent sans joie et sans lumière :
Comme un aveugle, il erre au loin sur l’océan
Et, dès qu’il touche un cap ou qu’il heurte une pierre,
L’abîme érige un cri géant.
 
— Printemps, quand tu parais sur les plaines désertes,
Le vent froidit et gerce encor ta beauté verte.
 
— Voici qu’il vient des longs pays où luit Moscou,
Où le Kremlin et ses dômes en or qui bouge
Mirent et rejettent au ciel les soleils rouges ;
Le vent se cabre ardent, rugueux, terrible et fou,
Mord la steppe, bondit d’Ukraine en Allemagne,
Roule sur la bruyère avec un bruit d’airain
Et fait pleurer les légendes, sous les montagnes,
De grotte en grotte, au long du Rhin.
 
— Le vent, le vent pendant les nuits d’hiver lucides
Pâlit les cieux et les lointains comme un acide.
 
— Voici qu’il vient du Pôle où de hauts glaciers blancs
Alignent leurs palais de gel et de silence ;
Âpre, tranquille et continu dans ses élans,
Il aiguise les rocs comme un faisceau de lances ;
Son vol gagne les Sunds et les Ourals déserts,
S’attarde aux fiords des Suèdes et des Norvèges
Et secoue, à travers l’immensité des mers,
Toutes les plumes de la neige.
 
— D’où que vienne le vent,
Il rapporte de ses voyages,
À travers l’infini des champs et des villages,
On ne sait quoi de sain, de clair et de fervent.
Avec ses lèvres d’or frôlant le sol des plaines,
Il a baisé la joie et la douleur humaines
Partout ;
Les beaux orgueils, les vieux espoirs, les désirs fous,
Tout ce qui met dans l’âme une attente immortelle,
Il l’attisa de ses quatre ailes ;
Il porte en lui comme un grand cœur sacré
Qui bat, tressaille, exulte ou pleure
Et qu’il disperse, au gré des saisons et des heures,
Vers les bonheurs brandis ou les deuils ignorés.
 
— Si j’aime, admire et chante avec folie
Le vent,
Et si j’en bois le vin fluide et vivant
Jusqu’à la lie,
C’est qu’il grandit mon être entier et c’est qu’avant
De s’infiltrer, par mes poumons et par mes pores,
Jusques au sang dont vit mon corps,
Avec sa force rude ou sa douceur profonde,
Immensément il a étreint le monde.

Emile Verhaeren

 

Voir les commentaires

la poésie pure

15 Novembre 2018, 02:49am

Publié par vertuchou

La poésie pure est la réalité habillée pas nue.

José Luis Alegre Cudós
 

Voir les commentaires

Mon amour parle-moi

14 Novembre 2018, 02:22am

Publié par vertuchou

Quand tu m’aimes, qu’à tes étreintes
Je m’abandonne avec émoi
Pour calmer mes tourments mes craintes
Mon amour parle-moi

Il faut peupler les nuits hostiles
Avec les cris de nos émois
Il faut charmer les nuits tranquilles
Mon amour parle-moi

Dans la nuit vouée aux mauvais sorts
Des fantômes jettent l’effroi
Et toi si tu es un mort ?
Mon amour parle-moi

Si tu m’aimes il faut le dire
Il faut me prouver tes émois
Il faut me prouver ton délire
Mon amour parle-moi

Même si tu dis des mensonges
si tu simules ton émoi
Pour que le songe se prolonge
Mon amour parle-moi.

 

Robert Desnos

Voir les commentaires

panneau mural Habiter

13 Novembre 2018, 02:35am

Publié par vertuchou

Le Corbusier, Pavillon des temps nouveaux, panneau mural Habiter (1937)

Le Corbusier, Pavillon des temps nouveaux, panneau mural Habiter (1937)

Voir les commentaires

Son image

12 Novembre 2018, 02:34am

Publié par vertuchou

Elle avait fui de mon âme offensée ;
Bien loin de moi je crus l’avoir chassée :
Toute tremblante, un jour, elle arriva,
Sa douce image, et dans mon cœur rentra :
Point n’eus le temps de me mettre en colère ;
Point ne savais ce qu’elle voulait faire ;
Un peu trop tard mon cœur le devina.
 
Sans prévenir, elle dit : « Me voilà !
Ce cœur m’attend. Par l’Amour, que j’implore,
Comme autrefois j’y viens régner encore. »
Au nom d’amour ma raison se troubla :
Je voulus fuir, et tout mon corps trembla.
Je bégayai des plaintes au perfide ;
Pour me toucher il prit un air timide ;
Puis, à mes pieds en pleurant, il tomba.
J’oubliai tout dès que l’Amour pleura.

Marceline Desbordes-Valmore

Voir les commentaires

Je ne peux pas oublier la guerre

11 Novembre 2018, 02:26am

Publié par vertuchou

Je ne peux pas oublier la guerre. Je le voudrais. Je passe des fois deux jours ou trois sans y penser et brusquement, je la revois, je la sens, je l’entends, je la subis encore. Et j’ai peur.... Vingt ans ont passé. Et depuis vingt ans, malgré la vie, les douleurs et les bonheurs, je ne me suis pas lavé de la guerre. L’horreur de ces quatre ans est toujours en moi. Je porte la marque. Tous les survivants portent la marquent. J’ai été soldat de deuxième classe dans l’infanterie pendant quatre ans, dans des régiments de montagnards. Avec M. V., qui était mon capitaine, nous sommes à peu prés les seuls survivants de la 6ème compagnie. Nous avons fait les Eparges, Verdun-Vaux, Noyons-Saint-Quentin, le Chemin des Dames, l’attaque de Pinon, Chevrillon, le Kemmel. La 6ème compagnie a été remplie cent fois et cent fois d’hommes. La 6ème compagnie était un petit récipient de la 27ème division comme un boisseau à blé. Quand le boisseau était vide d’hommes, enfin quand il n’en restait plus que quelques-uns au fond, comme des grains collés dans les rainures, on le remplissait de nouveau avec des hommes frais. On ainsi rempli la 6ème compagnie cent fois et cent fois d’hommes. Et cent fois on est allé la vider sous la meule. Nous sommes de tout ça les derniers vivants, V. et moi.

Jean Giono,  Refus d’obéissance

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 > >>