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Sonnet

7 Mars 2011, 05:44am

Publié par vertuchou

Que suis-je, hélas ! et de quoi sert ma vie ?

Je ne suis fors qu'un corps privé de cœur,

Une ombre vaine, un objet de malheur,

Qui n'a plus rien que de mourir envie.

 
Plus ne portez, ô ennemis, d'envie

A qui n'a plus l'esprit à la grandeur,

Ja consommé d'excessive douleur.

Votre ire en bref se verra assouvie.


Et vous, amis, qui m'avez tenue chère,

Souvenez-vous que sans heur, sans santé,

Je ne saurais aucun bon œuvre faire.


Souhaitez donc fin de calamité

Et que ci-bas, étant assez punie,

J'aye ma part en la joie infinie.

 
Marie Stuart

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Il est mort le soleil

6 Mars 2011, 05:22am

Publié par vertuchou

Il est mort,
Il est mort, le soleil
Quand tu m'as quittée
Il est mort, l'été
L'amour et le soleil,
C'est pareil.

Il est mort,
Il est mort, le soleil
Mais je suis la seule à porter le deuil
Et le jour ne franchit plus mon seuil.

Hier, on dormait sur le sable chaud
Hier pour nous il faisait beau
Il faisait beau même en hiver
C'était hier

Il est mort,
Il est mort, le soleil
L'ombre est sur ma vie,
Dans mon cœur, la pluie
Et mon âme s'habille de gris.

Hier, la couleur que j'aimais le mieux
C'était la couleur de tes yeux
C'était la couleur de la mer
C'était hier.

Il est mort,
Il est mort, le soleil
Quand tu m'as quittée
Il est mort, l'été
L'amour et le soleil,
C'est pareil,
Il est mort, le soleil.

 

Paroles de Pierre Delanoë

Musique d'Hubert Giraud

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L'adieu

5 Mars 2011, 05:34am

Publié par vertuchou

Nous sommes revenus à notre origine.
Ce fut le lieu de l'évidence, mais déchirée.
Les fenêtres mêlaient trop de lumières,
Les escaliers gravissaient trop d'étoiles
Qui sont des arches qui s'effondrent, des gravats,
Le feu semblait brûler dans un autre monde.

Et maintenant des oiseaux volent de chambre en chambre,
Les volets sont tombés, le lit est couvert de pierres,
L'âtre plein de débris du ciel qui vont s'éteindre.
Là nous parlions, le soir, presque à voix basse
A cause des rumeurs des voûtes, là pourtant
Nous formions nos projets : mais une barque,
Chargée de pierres rouges, s'éloignait
Irrésistiblement d'une rive, et l'oubli
Posait déjà sa cendre sur les rêves
Que nous recommencions sans fin, peuplant d'images
Le feu qui a brûlé jusqu'au dernier jour.

Est-il vrai, mon amie,
Qu'il n'y a qu'un seul mot pour désigner
Dans la langue qu'on nomme la poésie
Le soleil du matin et celui du soir,
Un seul le cri de joie et le cri d'angoisse,
Un seul l'amont désert et les coups de haches,
Un seul le lit défait et le ciel d'orage,
Un seul l'enfant qui naît et le dieu mort ?

Oui, je le crois, je veux le croire, mais quelles sont
Ces ombres qui emportent le miroir ?
Et vois, la ronce prend parmi les pierres
Sur la voie d'herbe encore mal frayée
Où se portaient nos pas vers les jeunes arbres.
Il me semble aujourd'hui, ici, que la parole
Est cette auge à demi brisée, dont se répand
A chaque aube de pluie l'eau inutile.

L'herbe et dans l'herbe l'eau qui brille, comme un fleuve.
Tout est toujours à remailler du monde.
Le paradis est épars, je le sais,
C'est la tâche terrestre d'en reconnaître
Les fleurs disséminées dans l'herbe pauvre,
Mais l'ange a disparu, une lumière
Qui ne fut plus soudain que soleil couchant.

Et comme Adam et Ève nous marcherons
Une dernière fois dans le jardin.
Comme Adam le premier regret, comme Ève le premier
Courage nous voudrons et ne voudrons pas
Franchir la porte basse qui s'entrouvre
Là-bas, à l'autre bout des longes, colorée
Comme auguralement d'un dernier rayon.
L'avenir se prend-il dans l'origine
Comme le ciel consent à un miroir courbe,
Pourrons-nous recueillir de cette lumière
Qui a été le miracle d'ici
La semence dans nos mains sombres, pour d'autres flaques
Au secret d'autres champs « barrées de pierres » ?

Certes, le lieu pour vaincre, pour nous vaincre, c'est ici
Dont nous partons, ce soir. Ici sans fin
Comme cette eau qui s'échappe de l'auge.

 

Yves Bonnefoy

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Vague (e la nave va)

4 Mars 2011, 06:07am

Publié par vertuchou

 

 


extrait de l'album d' Anouar Brahem "Le Voyage de Sahar" 

Anouar Brahem à l'oud, François Couturier au piano et Jean-Louis Matinier à l'accordéon.

Les photographies ont  été réalisées par le photographe australien Bill Robinson  

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Dis, quand reviendras-tu ?

3 Mars 2011, 05:13am

Publié par vertuchou

Voilà combien de jours, voilà combien de nuits,
Voilà combien de temps que tu es reparti,
Tu m'as dit cette fois, c'est le dernier voyage,
Pour nos cœurs déchirés, c'est le dernier naufrage,
Au printemps, tu verras, je serai de retour,
Le printemps, c'est joli pour se parler d'amour,
Nous irons voir ensemble les jardins refleuris,
Et déambulerons dans les rues de Paris,

Dis, quand reviendras-tu,
Dis, au moins le sais-tu,
Que tout le temps qui passe,
Ne se rattrape guère,
Que tout le temps perdu,
Ne se rattrape plus,

Le printemps s'est enfui depuis longtemps déjà,
Craquent les feuilles mortes, brûlent les feux de bois,
A voir Paris si beau dans cette fin d'automne,
Soudain je m'alanguis, je rêve, je frissonne,
Je tangue, je chavire, et comme la rengaine,
Je vais, je viens, je vire, je me tourne, je me traîne,
Ton image me hante, je te parle tout bas,
Et j'ai le mal d'amour, et j'ai le mal de toi,

Dis, quand reviendras-tu,
Dis, au moins le sais-tu,
Que tout le temps qui passe,
Ne se rattrape guère,
Que tout le temps perdu,
Ne se rattrape plus,

J'ai beau t'aimer encore, j'ai beau t'aimer toujours,
J'ai beau n'aimer que toi, j'ai beau t'aimer d'amour,
Si tu ne comprends pas qu'il te faut revenir,
Je ferai de nous deux mes plus beaux souvenirs,
Je reprendrai la route, le monde m'émerveille,
J'irai me réchauffer à un autre soleil,
Je ne suis pas de celles qui meurent de chagrin,
Je n'ai pas la vertu des femmes de marins,

Dis, quand reviendras-tu,
Dis, au moins le sais-tu,
Que tout le temps qui passe,
Ne se rattrape guère,
Que tout le temps perdu,
Ne se rattrape plus..

 

 

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Lascia chio pianga

2 Mars 2011, 05:11am

Publié par vertuchou

 

 


 

"Lascia Chio pianga"

extrait de Rinaldo

opéra de Georg Friedrich Haendel, créé le 24 février 1711

Angela Gheorghiu - Soprano
Orchestre of the Royal opera house,
Convent Garden

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Il n'y a pas d'amour heureux

1 Mars 2011, 05:34am

Publié par vertuchou

    Rien n'est jamais acquis à l'homme. Ni sa force
    Ni sa faiblesse ni son coeur. Et quand il croit
    Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix;
    Et quand il croit serrer son bonheur il le broie.
    Sa vie est un étrange et douloureux divorce;
    Il n'y a pas d'amour heureux.
 
    Sa vie, elle ressemble à ces soldats sans armes
    Qu'on avait habillés pour un autre destin.
    A quoi peut leur servir de ce lever matin
    Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains.
    Dites ces mots ma vie et retenez vos larmes;
    Il n'y a pas d'amour heureux.
 
    Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
    Je te porte en moi comme un oiseau blessé
    Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
    Répétant après moi les mots que j'ai tressés
    Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
    Il n'y a pas d'amour heureux.
 
    Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard
    Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
    Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
    Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
    Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
    Il n'y a pas d'amour heureux.
 
    Il n'y a pas d'amour qui ne soit douleur.
    Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri.
    Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri.
    Et pas plus que de toi l'amour de la patrie
    Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs.
    Il n'y a pas d'amour heureux.
 
    Mais c'est notre amour à tous les deux.


    Louis Aragon

 

 


 

 

 








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L’esclave

28 Février 2011, 19:03pm

Publié par vertuchou

Le vigilant derviche à la prière appelle
Du haut des minarets teints des feux du couchant.
Voici l’heure au lion qui poursuit la gazelle ;
Une rose au jardin moi je m’en vais cherchant.
Musulmane aux longs yeux, d’un maître que je brave
Fille délicieuse, amante des concerts,
Est-il un sort plus doux que d’être ton esclave,
Toi que je sers, toi que je sers ?

Jadis, lorsque mon bras faisait voler la prame
Sur le fluide azur de l’abîme calmé,
Du sombre désespoir les pleurs mouillaient ma rame :
Un charme m’a guéri : j’aime et je suis aimé.
Le noir rocher me plaît ; la tour que le flot lave
Me sourit maintenant aux grèves de ces mers :
Le flambeau du signal y luit pour ton esclave,
Toi que je sers, toi que je sers !

Belle et divine es-tu, dans toute ta parure,
Quand la nuit au harem je glisse un pied furtif !
Les tapis, l’aloès, les fleurs et l’onde pure,
Sont par toi prodigués à ton jeune captif.
Quel bonheur ! au milieu du péril que j’aggrave,
T’entourer de mes bras, te parer de mes fers,
Mêler à tes colliers l’anneau de ton esclave,
Toi que je sers, toi que je sers !

Dans les sables mouvants, de ton blanc dromadaire
Je reconnais de loin le pas sûr et léger ;
Tu m’apparais soudain : un astre solitaire
Est moins doux sur la vague au pauvre passager ;
Du matin parfumé le souffle est moins suave,
Le palmier moins charmant au milieu des déserts.
Quel sultan glorieux égale ton esclave,
Toi que je sers, toi que je sers !

Mon pays, que j’aimais jusqu’à l’idolâtrie,
N’est plus dans les soupirs de ma simple chanson ;
Je ne regrette plus ma mère et ma patrie ;
Je crains qu’un prêtre saint n’apporte ma rançon.
Ne m’affranchis jamais ! laisse-moi mon entrave !
Oui, sois ma liberté, mon Dieu, mon univers !
Viens, sous tes beaux pieds nus, viens fouler ton esclave,
Toi que je sers, toi que je sers !

Tunis, 1807

François-René de Chateaubriand

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On rêve sur un poème

27 Février 2011, 05:08am

Publié par vertuchou

On rêve sur un poème comme on rêve sur un être. La compréhension,

comme le désir, comme la haine, est faite de rapports entre la chose à comprendre

et les autres, comprises ou incomprises.

C'est l'espoir ou le désespoir qui déterminera pour le rêveur éveillé,

pour le poète, l'action de son imagination. Qu'il formule cet espoir

ou ce désespoir et ses rapports avec le monde changeront immédiatement.

Paul Eluard

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Bande-moi les yeux...

26 Février 2011, 06:01am

Publié par vertuchou

Bande-moi les yeux
J’aime la nuit
Mon cœur est noir

Pousse-moi dans la nuit
Tout est faux
Je souffre

Le monde sent la mort
Les oiseaux volent les yeux crevés
Tu es sombre comme un ciel noir.

 

Georges Bataille

 

lake03

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