Qui tollis peccata mundi
Antonio Vivaldi
(1678-1741)
extrait de "Gloria" (RV589/RV588)
Sara Mingardo, contralto
Concerto Italiano
Direction Rinaldo Alessandrini
Coups de cœur
Antonio Vivaldi
(1678-1741)
extrait de "Gloria" (RV589/RV588)
Sara Mingardo, contralto
Concerto Italiano
Direction Rinaldo Alessandrini
Quoique tes sourcils méchants
Te donnent un air étrange
Qui n'est pas celui d'un ange,
Sorcière aux yeux alléchants,
Je t'adore, ô ma frivole,
Ma terrible passion !
Avec la dévotion
Du prêtre pour son idole.
Le désert et la forêt
Embaument tes tresses rudes,
Ta tête a les attitudes
De l'énigme et du secret.
Sur ta chair le parfum rôde
Comme autour d'un encensoir ;
Tu charmes comme le soir,
Nymphe ténébreuse et chaude.
Ah ! les philtres les plus forts
Ne valent pas ta paresse,
Et tu connais la caresse
Qui fait revivre les morts !
Tes hanches sont amoureuses
De ton dos et de tes seins,
Et tu ravis les coussins
Par tes poses langoureuses.
Quelquefois, pour apaiser
Ta rage mystérieuse,
Tu prodigues, sérieuse,
La morsure et le baiser ;
Tu me déchires, ma brune,
Avec un rire moqueur,
Et puis tu mets sur mon coeur
Ton oeil doux comme la lune.
Sous tes souliers de satin,
Sous tes charmants pieds de soie,
Moi, je mets ma grande joie,
Mon génie et mon destin,
Mon âme par toi guérie,
Par toi, lumière et couleur !
Explosion de chaleur
Dans ma noire Sibérie !
Charles Baudelaire
Comme la nuit
quand le jour se replie
sur les corps irradiés
tu traduis
les espérances
en verbes mordorés
Comme la vague
immense et solitaire
tu déposes
au pied des hommes
les trésors portés
par l'océan des rêves
Comme une note
vibrante et blanche
tu composes
vive et enjouée
les tempos colorés
de la partition du matin
Comme le peintre
des lumières éphémères
tu dessines
les émotions translucides
sur la toile
du lendemain
Comme une flamme
brûlante et incandescendante
tu jaillis
à travers les volutes des chagrins
soufflant la vie
sur les braises du destin
La vie est une série de collisions avec l'avenir ;
ce n'est pas la somme de ce nous avons été,
mais de ce que nous désirons être.
José Ortega y Gasset
John Marin
(1870–1953)
The Red Sun-Brooklyn Bridge
(1922)
aquarelle
54,2 x 66,5 cm
Il y a entre "nous" et "toi" ce temps étrange.
Par-delà les monts d'étain noir où l'orage a planté ses lances
Il y a cette épaisse nuit, gorgée de feuillage, d'humide
Et tout un bruissement secret de fers, de peurs, de boucliers.
Je voudrais retrouver l'aurore intacte par-dessous ta tête
Mais je ne sais si la mésange aura passé le dur minuit
Ni si, de son bec entrouvert, tombera le fil du soleil.
Luc Bérimont
Au bout du téléphone, il y a votre voix
Et il y a les mots que je ne dirai pas
Tous ces mots qui font peur quand ils ne font pas rire
Qui sont dans trop de films, de chansons et de livres
Je voudrais vous les dire
Et je voudrais les vivre
Je ne le ferai pas
Je veux, je ne peux pas
Je suis seule à crever, et je sais où vous êtes
J'arrive, attendez-moi, nous allons nous connaître
Préparez votre temps, pour vous j'ai tout le mien
Je voudrais arriver, je reste, je me déteste
Je n'arriverai pas
Je veux, je ne peux pas
Je devrais vous parler
Je devrais arriver
Ou je devrais dormir
J'ai peur que tu sois sourd
J'ai peur que tu sois lâche
J'ai peur d'être indiscrète
Je ne peux pas vous dire que je t'aime peut-être
Refrain
Mais si tu crois un jour que tu m'aimes
Ne crois pas que tes souvenirs me gênent
Et cours, cours jusqu'à perdre haleine
Viens me retrouver
Si tu crois un jour que tu m'aimes
Et si ce jour-là tu as de la peine
A trouver où tous ces chemins te mènent
Viens me retrouver
Si le dégoût de la vie vient en toi
Si la paresse de la vie
S'installe en toi
Pense à moi
Pense à moi
Mais si tu crois un jour que tu m'aimes
Ne le considère pas comme un problème
Et cours, cours jusqu'à perdre haleine
Viens me retrouver
Si tu crois un jour que tu m'aimes
N'attends pas un jour, pas une semaine
Car tu ne sais pas où la vie t'ammène
Viens me retrouver
Si le dégoût de la vie vient en toi
Si la paresse de la vie
S'installe en toi
Pense à moi
Pense à moi
Françoise HARDY / Michel BERGER
C'est seulement quand le Moi est un problème qu'il y a un sens à écrire
Thomas Mann
Les chants des hommes sont plus beaux qu'eux-mêmes
plus lourds d'espoir
plus tristes
plus durables
Plus que les hommes j'ai aimé leurs chants
J'ai pu vivre sans les hommes
jamais sans les chants
Il m'est arrivé d'être infidèle à ma bien-aimée
jamais au chant que j'ai chanté pour elle
Jamais non plus les chants ne m'ont trompé.
Quel que soit leur langage
J'ai toujours compris tous les chants
Rien en ce monde
De tout ce que j'ai pu boire et manger
De tous les pays où j'ai voyagé
De tout ce que j'ai pu voir et entendre
De tout ce que j'ai pu toucher et comprendre
Rien Rien
Ne m'a rendu jamais aussi heureux
que les chants ...
Nazim Hikmet
Mon amour, ma bien aimée,
Me voici trop loin de toi
Comment survivre éloigné
De ton coeur et de tes bras ?
De mon coeur et de mes bras
Tiens, je l’avais oubliée,
Cette lettre et qui ma foi
Peut me l’avoir envoyer ?
Si tu savais quel ennui
Loin de nos jeux amoureux
Est-ce André ou Henri
Ou Paul aux si beaux yeux?
Rien ne distrait la folie
Qui l’entoure mais rien ne peut
Détourner mon coeur épris
Oh non, ça ne peut être lui
Mon coeur, mon feu, ma joie
Je reviendrai sois en sûre
Vrai c’est la première fois
que je vois cette écriture
Ton portrait posé sur moi
Me protège et me rassure
Cette lettre entre mes doigts
Serait-elle une imposture?
Oui l’Enfer est de ce monde
Mais le pire est de compter
Ces jours, ces heures, ces secondes
Qui nous tiennent séparés
J’ai beau chercher dans la ronde
De mes amoureux passés
Dans quel amnésie profonde
Cet amant là s’est noyé
Mon amour, ma toute belle
Je t’aime et je t’aime tant
Il n’y a rien d’éternel
Rien qui ne résiste au temps
Un baiser sur ta prunelle
Sur ta bouche tout autant
Rien qui ne résiste au temps
Et la mémoire est cruelle
Mais adieu ma vie, mon coeur
Il faut bien que je m’en aille
On m’appelle, il est six heure
A demain, vaille que vaille !
A moins que ton artilleur
N’ait pour seules funérailles
Que les tranchées et la peur
Le vacarme et la mitraille
Sur ces pages abimées
Il manque une ultime morsure
La certitude affirmée
D’une simple signature
Mon amour, si d’aventure,
Au front je devais tomber,
Je voudrais que tu me jure
De ne jamais m’oublier.
Juliette NOURREDINE