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Vertuchou.over-blog.com

Toucher la Lumière

28 Avril 2025, 00:50am

Publié par vertuchou

Par une nuit de pleine lune
essaye de fixer la galaxie
Tu verras qu’elle est cours d’eau
avec tes bras pour affluents
ta poitrine pour estuaire

Aujourd’hui le ciel a écrit son poème
à l’encre blanche
Il l’a appelé neige

Ton rêve rajeunit tandis que tu vieillis
Le rêve grandit en marchant
vers l’enfance

Le rêve est une jument
qui au loin nous emporte
sans jamais se déplacer

Le nuage est las de voyager
Il descend à la plus proche rivière
pour laver sa chemise
A peine a-t-il mis les pieds dans l’eau
que la chemise se dissout
et disparaît

Une rose sort de son lit
prend les mains du matin
pour se frotter les yeux

Le palmier parle avec son tronc
la rose avec son odeur

Le vent et l’espace vagabondent
main dans la main

Arc-en-ciel ?
Unité du ciel et de la terre
tressés en une seule corde

Il marche sur les versants de l’automne
appuyé au bras du printemps

Le ciel pleure lui aussi
mais il essuie ses larmes
avec le foulard de l’horizon

Quand vient la fatigue
le vent déroule le tapis de l’espace
afin de s’y allonger

Dans la forêt de mes jours
aucune place
sauf pour le vent

Pour toucher la lumière
tu dois t’appuyer sur ton ombre

Je sens parfois que le vent
est un enfant qui crie
porté sur mes épaules

Comment décrire à l’arbre
le goût de son fruit ?
A l’arc
le travail de la corde ?

Telle une main
la lumière se déplace
sur le corps des ténèbres

C’est l’épaule de l’espace
qui s’effondre là-bas
sous les nuages noirs

L’espace dans l’œil de la guillotine
est lui aussi tête à couper

Tu ne peux être lanterne
si tu ne portes la nuit
sur tes épaules

Je conclurai un pacte avec les nuages
pour libérer la pluie
Un autre avec le vent
pour qu’il nous libère
les nuages et moi

La parole est demeure dans l’exil
chemin dans la patrie

Qu’il est étrange ce pacte
entre les vagues et le rivage –
le rivage écrit le sable
les vagues effacent l’écriture

Mémoire – ton autre demeure
où tu ne peux pénétrer
qu’avec un corps devenu
souvenir.

Adonis

 

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J'aurais aimé fondre en larmes

27 Avril 2025, 00:37am

Publié par vertuchou

J'aurais aimé fondre en larmes, mais je ne pouvais pas pleurer. Dans ce monde, Il est une tristesse si profonde qu'elle ne peut pas même prendre la forme des larmes. C'est une de ces choses que tu ne peux expliquer, et même si tu le pouvais, personne ne comprendrait. Et cette tristesse, sans changer de forme, s'accumule silencieusement dans ton cœur comme la neige par une nuit sans vent.

Haruki Murakami, La fin des temps.

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Comme Rimbaud

26 Avril 2025, 00:46am

Publié par vertuchou

Je suis sale comme Rimbaud
Je suis lâche comme Villon
Débauchée comme Hugo
Syphilitique comme Baudelaire
Mais peut-être après tout
N'aimez-vous pas la poésie

Je suis faux-j'ton comm' Racine
Exhibitionniste comm' Rousseau
Esclavagiste comm' Voltaire
Je n'existe pas comm' Shakespeare
Mais peut-être après tout
N'aimez-vous pas la littérature

Je suis bête comm' Michel Ange
Alcoolique comme Utrillo

Léche-bottes comme Vélasquez
Epileptique comme Van Gogh
Mais peut-être après tout
N'aimez-vous pas la peinture

Je suis putain comme Lulli
Et sourde comme Beethoven
Plagiaire comme Sébastien Bach
Cupide comme Albinoni
Mais peut-être après tout
N'aimez-vous pas la musique

Je suis gloutonne comme Colette
Souillon comme Marie Curie
Collabo comme Anne de Bretagne
Je n'suis pas un homme comme Jeanne d'Arc
Mais peut-être après tout
N'aimez-vous pas les femme"

Brigitte Fontaine

 

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Miroir

25 Avril 2025, 01:00am

Publié par vertuchou

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Devant le ciel de ma vie

24 Avril 2025, 01:32am

Publié par vertuchou

Devant le ciel de ma vie je me tiens
ignorant, m’étonnant. La grandeur des étoiles.
Ce qui monte, descend. Dans quel silence.
Suis-je vraiment ? Ai-je une part ? Ou échappé-je
au pur influx ? Les marées dans mon sang
suivent-elles cet ordre ? Oh, j’ai désir
de rejeter tous les désirs, et toute attache,
d’habituer mon cœur au plus lointain. Mieux vaut
pour lui vivre en l’effroi de ses étoiles
que sous un faux abri, et par le proche rassuré.

Rainer Maria Rilke

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La poésie est le pivot

23 Avril 2025, 00:25am

Publié par vertuchou

La poésie est le pivot de celui qui se cherche dans ses contradictions, dans le déséquilibre de ses forces, la voix d'un appel insensé, présence en dépit des fantasmes.

Pierre Seghers

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Qu'est-ce qu'on connaît

22 Avril 2025, 00:44am

Publié par vertuchou

Qu'est-ce qu'on connaît de quelqu'un si on se sait pas comment elle respire après avoir baisé, si elle garde les yeux ouverts ou fermés si on n'écoute pas, longtemps, le bruit et le temps qu'elle met pour une respiration, où elle pose son visage et comment il est maintenant, plus le temps est long où elle respire et que tu l'écoutes, sans bouger, respirer, plus tu connais tout d'elle.

Bernard-Marie Koltès, La nuit juste avant les forêts.

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Ballade pour piano n°1 en sol min op.23

21 Avril 2025, 00:10am

Publié par vertuchou

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Compagne savoureuse et bonne

20 Avril 2025, 01:54am

Publié par vertuchou

Compagne savoureuse et bonne
À qui j'ai confié le soin
Définitif de ma personne,
Toi mon dernier, mon seul témoin,
Viens çà, chère, que je te baise,
Que je t'embrasse long et fort,
Mon cœur près de ton cœur bat d'aise
Et d'amour pour jusqu'à la mort :
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.

Je vais gueux comme un rat d'église
Et toi tu n'as que tes dix doigts ;
La table n'est pas souvent mise
Dans nos sous-sols et sous nos toits ;
Mais jamais notre lit ne chôme,
Toujours joyeux, toujours fêté
Et j'y suis le roi du royaume
De ta gaîté, de ta santé !
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.

Après nos nuits d'amour robuste
Je sors de tes bras mieux trempé,
Ta riche caresse est la juste,
Sans rien de ma chair de trompé,
Ton amour répand la vaillance
Dans tout mon être, comme un vin,
Et, seule, tu sais la science
De me gonfler un cœur divin.
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.

Qu'importe ton passé, ma belle,
Et qu'importe, parbleu ! le mien :
Je t'aime d'un amour fidèle
Et tu ne m'as fait que du bien.
Unissons dans nos deux misères
Le pardon qu'on nous refusait
Et je t'étreins et tu me serres
Et zut au monde qui jasait !
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.

Paul Verlaine.

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Écrire de la poésie

19 Avril 2025, 00:24am

Publié par vertuchou

Écrire de la poésie c'est déjà traduire [...]. 

Aucune langue n'est langue maternelle.

Écrire de la poésie c'est transcrire.


Lettre de Marina Tsetaieva à Rainer Maria Rilke

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