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Coups de cœur
J'écrirai à nouveau sur toi
J'écrirai à nouveau sur toi
parce que c'est sans fin,
un au revoir non dit
Cela ne peut pas être la fin.
Charles Bukowski
Un bon poète
Un bon poète n'est pas plus utile à l'Etat qu'un bon joueur de quilles.
Malherbe
La tristesse du diable
Silencieux, les poings aux dents, le dos ployé,
Enveloppé du noir manteau de ses deux ailes,
Sur un pic hérissé de neiges éternelles,
Une nuit, s’arrêta l’antique Foudroyé.
La terre prolongeait en bas, immense et sombre.
Les continents battus par la houle des mers ;
Au-dessus flamboyait le ciel plein d’univers ;
Mais Lui ne regardait que l’abîme de l’ombre.
Il était là, dardant ses yeux ensanglantés
Dans ce gouffre où la vie amasse ses tempêtes,
Où le fourmillement des hommes et des bêtes
Pullule sous le vol des siècles irrités.
Il entendait monter les hosannas serviles,
Le cri des égorgeurs, les Te Deum des rois,
L’appel désespéré des nations en croix
Et des justes râlant sur le fumier des villes.
Ce lugubre concert du mal universel,
Aussi vieux que le monde et que la race humaine,
Plus fort, plus acharné, plus ardent que sa haine,
Tourbillonnait autour du sinistre Immortel.
Il remonta d’un bond vers les temps insondables
Où sa gloire allumait le céleste matin,
Et, devant la stupide horreur de son destin,
Un grand frisson courut dans ses reins formidables.
Et se tordant les bras, et crispant ses orteils,
Lui, le premier rêveur, la plus vieille victime,
Il cria par delà l’immensité sublime
Où déferle en brûlant l’écume des soleils :
- Les monotones jours, comme une horrible pluie,
S’amassent, sans l’emplir, dans mon éternité ;
Force, orgueil, désespoir, tout n’est que vanité ;
Et la fureur me pèse, et le combat m’ennuie.
Presque autant que l’amour la haine m’a menti :
J’ai bu toute la mer des larmes infécondes.
Tombez, écrasez-moi, foudres, monceaux des mondes !
Dans le sommeil sacré que je sois englouti !
Et les lâches heureux, et les races damnées,
Par l’espace éclatant qui n’a ni fond ni bord,
Entendront une Voix disant : Satan est mort !
Et ce sera ta fin, Oeuvre des six Journées !
Charles Leconte de Lisle
Bumayé
Bumayé
Pourrais-tu ignorer
Pourrais-tu ignorer
Que chaque jour, pour Toi
Un ciel entier s'éclaire ?
À tous les pas de cet élan
Qu'est notre vie
Tous les jeux de cette rage
J'ai ouvert les bras
Et gémi
Et sur le grand vent refermé
Au long des temps
Mes bras heureux brûlent encore
De leur désir.
Anita Conti
Variations sur un thème d'Haendel
La cage
Dehors du soleil.
Ce n’est qu’un soleil
mais les hommes le regardent
et ensuite ils chantent.
Je ne sais rien du soleil.
Je sais la mélodie de l’ange
et le sermon brûlant
du dernier vent.
Je sais crier jusqu’à l’aube
quand la mort se pose nue
sur mon ombre.
Je pleure sous mon nom.
J’agite des mouchoirs dans la nuit
et des bateaux assoiffés de réalité
dansent avec moi.
Je cache des clous
pour maltraiter mes rêves malades.
Dehors, du soleil.
Je m’habille de cendres.
Comme le vent sans ailes enfermé dans mes yeux
tel est l’appel de la mort.
Seul un ange m’enlacera au soleil.
Mais où l’ange,
où sa parole ?
Oh ! perforer de vin la douce nécessité d’être.
Alejandra Pizarnik
On peut donner bien des choses
On peut donner bien des choses à ce que l’on aime. Des paroles, un repos, du plaisir. Tu m’as donné le plus précieux de tout : le manque. Il m’était impossible de me passer de toi, même quand je te voyais tu me manquais encore. »
Christian Bobin
L'été a tout emporté
L'été a tout emporté
ta chevelure entremêlée dans la tempête
notre rendez-vous à une heure
L'été a tout emporté
tes yeux noirs le foulard
la petite église avec la veilleuse
L'été a tout emporté
avec nous deux main dans la main
L'été a tout emporté
les demi-mots effacés
les voiles lacérées des navires
Dans les embruns et les algues
il a tout pris et emporté au loin
les serments qui palpitaient dans le vent
L'été a tout emporté
avec nous deux main dans la main
Odysséas Elytis