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Ne m'aimez pas

10 Avril 2013, 05:06am

Publié par vertuchou

Ne m'aimez pas !... Je veux pouvoir prier pour vous,
Comme pour les amis dont le soir, à genoux,
Je me souviens — afin qu'éloignant la tempête,
Dieu leur donne un ciel pur pour abriter leur tête.

Je veux, de vos bonheurs, prendre tout haut ma part,
Le front calme et serein, sans craindre aucun regard ;
Je veux, quand vous entrez, vous donner un sourire,
Trouver doux de vous voir, en osant vous le dire.

Je veux, si vous souffrez, partageant vos destins,
Vous dire : « Qu'avez-vous ? » et vous tendre les mains.
Je veux, si par hasard votre raison chancelle,
Vous réserver l'appui de l'amitié fidèle,
Et qu'entraîné par moi dans le sentier du bien,
Votre pas soit guidé par la trace du mien.

Je veux, si je me blesse aux buissons de la route,
Vous chercher du regard, et sans crainte, sans doute,
Murmurer à voix basse : « Ami, protégez-moi ! »
Et prenant votre bras, m'y pencher sans effroi.

Je veux qu'en nos vieux jours, au déclin de la vie,
Nous détournant pour voir la route... alors finie,
Nos yeux, en parcourant le long sillon tracé,
Ne trouvent nul remords dans les champs du passé.

Laissez les sentiments qu'on brise ou qu'on oublie ;
Gardons notre amitié, que ce soit pour la vie !
Votre sœur, chaque jour, vous suivra pas à pas...
Oh ! je vous en conjure, ami, ne m'aimez pas !

Sophie d'Arbouville.

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Éloge du lointain

9 Avril 2013, 05:11am

Publié par vertuchou

 

Dans la source de tes yeux
vivent les nasses des pêcheurs de la mer délirante.
Dans la source de tes yeux
la mer tient sa parole.

J’y jette,
cœur qui a séjourné chez des humains,
les vêtements que je portais et l’éclat d’un serment:

Plus noir au fond du noir, je suis plus nu.
Je ne suis, qu’une fois renégat, fidèle.
Je suis toi, quand je suis moi.

Dans la source de tes yeux
je dérive et rêve de pillage.

Une nasse a capturé dans ses mailles une nasse:
nous nous séparons enlacés.

Dans la source de tes yeux
un pendu étrangle la corde.

 

Paul Célan

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The dark end of the street

8 Avril 2013, 05:09am

Publié par vertuchou

 

At the dark end of the street 
that is where we always meet 
hiding in shadows where we don't belong 
living in darkness, to hide alone 

You and me, at the dark end of the street 
You and me 

I know a time has gonna take it's toll 
we have to pay for the love we stole 
It's a sin and we know it's wrong 
Oh, our love keeps going on strong 

Steal away to the dark end of the street 
You and me 

They gonna find us, they gonna find us 
They gonna find us love someday 

You and me, at the dark end of the street 
You and me 

When the daylight all goes around 
And by chance we're both down the town 
Please meet, just walk, walk on by 
Oh, darling, please don't you cry 

You and me, at the dark end of the street 
You and me

The dark end of the street

 

 

Chanson écrite par Dan Penn and Chips Moman

et enregistrée par James Carr

 

 

 

 


 

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Projetez vos envies,

7 Avril 2013, 05:26am

Publié par vertuchou

Projetez vos envies, elles glissent entre mes doigts, murmurez-les, mes lèvres s'entr'ouvrent,

aspirer votre air, goûter votre langue, vous embrasser goulûment, et déjà nos hanches,

et votre désir sous la toile, et mes cuisses autour de votre taille, et vos mains

sur mes fesses, et puis l'instant fragile, votre sexe dans le mien.
Mais nous resterons loin, et quand nous nous croiserons, à l'occasion,

si je garde les yeux baissés, n'allez point croire que je vous méprise.

C'est de l'impudeur de mon regard dont je me protège, de cette impatience

à vous toucher, de cette urgence de baiser qui embrase chaque instant partagé.

Mais regardez mes lèvres. Regardez mes doigts. Ils dessinent sur ma bouche

le tracé de votre langue, ma main qui serre mon bras ou enlace mon cou,

comme si c'était vous. Quand je serai seule, peut-être mes doigts mimeront

vos gestes, illusoire apaisement.
Après toutes les impudeurs, malgré tous les mots,

les soupirs et l'émoi, je reste cette femme qui rougit.


Nora Gaspard

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Parce que tu m'as parlé de vice

6 Avril 2013, 04:57am

Publié par vertuchou

Tu m'as parlé de vice en ta lettre d'hier
Le vice n'entre pas dans les amours sublimes
Il n'est pas plus qu'un grain de sable dans la mer
Un seul grain descendant dans les glauques abîmes
Nous pouvons faire agir l'imagination
Faire danser nos sens sur les débris du monde
Nous énerver jusqu'à l'exaspération
Ou vautrer nos deux corps dans une fange immonde
Et liés l'un à l'autre en une étreinte unique
Nous pouvons défier la mort et son destin
Quand nos dents claqueront en claquement panique
Nous pouvons appeler soir ce qu'on dit matin
Tu peux déifier ma volonté sauvage
Je peux me prosterner comme vers un autel
Devant ta croupe qu'ensanglantera ma rage
Nos amours resteront pures comme un beau ciel
Qu'importe qu'essoufflés muets bouches ouvertes
Ainsi que deux canons tombés de leur affût
Brisés de trop s'aimer nos corps restent inertes
Notre amour restera bien toujours ce qu'il fut
Ennoblissons mon coeur l'imagination
La pauvre humanité bien souvent n'en a guère
Le vice en tout cela n'est qu'une illusion
Qui ne trompe jamais que les âmes vulgaires...

Guillaume Apollinaire

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Entry Point

4 Avril 2013, 05:17am

Publié par vertuchou

James-Wyper--Entry-Point--2012.jpg

 

James Wyper

 Entry Point

2012


peinture acrylique

sur bouleau

40x40 inches

 

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Ciel brouillé

3 Avril 2013, 04:55am

Publié par vertuchou

On dirait ton regard d'une vapeur couvert ;
Ton oeil mystérieux (est-il bleu, gris ou vert ?)
Alternativement tendre, rêveur, cruel,
Réfléchit l'indolence et la pâleur du ciel.

Tu rappelles ces jours blancs, tièdes et voilés,
Qui font se fondre en pleurs les coeurs ensorcelés,
Quand, agités d'un mal inconnu qui les tord,
Les nerfs trop éveillés raillent l'esprit qui dort.

Tu ressembles parfois à ces beaux horizons
Qu'allument les soleils des brumeuses saisons...
Comme tu resplendis, paysage mouillé
Qu'enflamment les rayons tombant d'un ciel brouillé !

Ô femme dangereuse, ô séduisants climats !
Adorerai-je aussi ta neige et vos frimas,
Et saurai-je tirer de l'implacable hiver
Des plaisirs plus aigus que la glace et le fer ?

Charles Baudelaire

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Jamais plus / Nunca mais

2 Avril 2013, 05:13am

Publié par vertuchou

Jamais plus

Tu marcheras dans les chemins de la nature

 

Jamais plus tu ne pourras sentir

Invulnérable, réelle et dense -

Pour toujours perdu

Ce que plus que tout tu as cherché

La plénitude de chaque présence.

 

Et ce sera toujours le même rêve, la même absence

 

                                   _____

 

 

Nunca mais

Caminharás nos caminhos naturais.

 

Nunca mais te poderás sentir

Invulnerável, real e densa -

Para sempre está perdido

O que mais do que tudo procuraste

A plenitude de cada preseça.

 

E será sempre o mesmo sonho, a mesma ausência.

 
   
Sophia Mello Breyner Andresen

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Chet Baker

1 Avril 2013, 05:51am

Publié par vertuchou

 

 


 


Chet Baker Quartet


Chet Baker-trompette
Gérard Gustin-piano
Jimmy Bond-basse
Bert Dahlander-batterie
1955

1. Chet Baker - Summertime
2. Chet Baker - You Go To My Head
3. Chet Baker - Tenderly
4. Chet Baker - Lover Man
5. Chet Baker - There's A Small Hotel
6. Chet Baker - Autumn In New York
7. Chet Baker - These Foolish Things
8. Chet Baker - I'll Remember April

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Si tu viens

31 Mars 2013, 04:55am

Publié par vertuchou

Si tu viens, je prendrai tes lèvres dès la porte,
Nous irons sans parler dans l’ombre et les coussins,
Je t’y ferai tomber, longue comme une morte,
Et, passionnément, je chercherai tes seins.

À travers ton bouquet de corsage, ma bouche
Prendra leur pointe nue et rose entre deux fleurs,
Et t’écoutant gémir du baiser qui les touche,
Je te désirerai, jusqu’aux pleurs, jusqu’aux pleurs !

— Or, les lèvres au sein, je veux que ma main droite
Fasse vibrer ton corps — instrument sans défaut —
Que tout l’art de l’Amour inspiré de Sapho
Exalte cette chair sensible intime et moite.

Mais quand le difficile et terrible plaisir
Te cambrera, livrée, éperdument ouverte,
Puissè-je retenir l’élan fou du désir
Qui crispera mes doigts contre ton col inerte !

Lucie Delarue-Mardrus

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