La poésie toujours
La poésie toujours a sa demeure dans le ventre des montagnes
là où toutes les pierres ont un visage
Ada Mondès
Coups de cœur
La poésie toujours a sa demeure dans le ventre des montagnes
là où toutes les pierres ont un visage
Ada Mondès
Tu es là mon amour,
et je n’ai lieu qu’en toi.
J’élèverai vers toi la source de mon être,
et t’ouvrirai ma nuit de femme,
plus claire que ta nuit d’homme ;
et la grandeur en moi d’aimer t’enseignera
peut-être la grâce d’être aimé.
Licence alors aux jeux du corps !
Offrande, offrande, et faveur d’être !
La nuit t’ouvre une femme :
son corps, ses havres, son rivage ;
et sa nuit antérieure ou gît toute mémoire.
L’amour en fasse son repaire !
St John Perse
Lune dans le ciel bleu, depuis quand es-tu là ?
Je te pose la question, une coupe à la main.
L’homme ne peut pas monter sur la lune claire ;
Mais la lune se promène toujours avec l’homme.
Miroir aérien brillant sur la porte rouge du palais ;
Elle répand un éclat pur quand la brume se dissipe.
On la voit se lever dans la nuit au-dessus de la mer ;
On oublie qu’elle se noyait dans les nuages du matin.
Le lièvre blanc y pile la drogue magique jour et nuit ;
Chang’e y habite seule, sans connaître de voisins*.
Les gens d’aujourd’hui, n’ont pas vu la lune d’antan ;
La lune d’aujourd’hui, elle, a éclairé les gens de jadis.
Gens d’aujourd’hui et de jadis : de l’eau qui coule ;
Mais c’est toujours la même lune qu’on contemple.
Puisse au moment où nous chantons face au vin
L’éclat du clair de lune illuminer nos coupes dorées.
Li Bai
* Chang’e (ou Heng’e), enfuie dans la lune, en devint la déesse.
Un enfant peut toujours enseigner trois choses à un adulte; être content sans raison, s’occuper toujours à quelque-chose et savoir exiger de toutes ses forces ce qu’il désire.
Paulo Coelho
il est un silence tendu
aussi bruyant et plus
assourdissant que plainte
opaque révolte serrée poitrine
pressée sous la veste bras repliés
silence
imposé par le lieu
soumis à la décision d’un-e autre
Anelyse Simao
Vous dont je ne sais pas le nom ô ma voisine
Mince comme une abeille ô fée apparaissant
Parfois à la fenêtre et quelquefois glissant
Serpentine onduleuse à damner ô voisine
Et pourtant soeur des fleurs ô grappe de glycine
En robe verte vous rappelez Mélusine
Et vous marchez à Petits Pas comme dansant
Et quand vous êtes en robe bleu-pâlissant
Vous semblez Notre-Dame des fleurs ô voisine
Madone dont la bouche est une capucine
Sinueuse comme une chaîne de monts bleus
Et lointains délicate et longue comme un ange
Fille d'enchantements mirage fabuleux
Une fée autrefois s'appelait Mélusine
Ô songe de mensonge avril miraculeux ...
Guillaume Apollinaire
Elle vint à moi, s’agenouilla au bord du lit d’un geste tendre, m’entoura de ses bras tout frais du vent de mer, et il me sembla que je prenais sur ses lèvres le goût du sel.
Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes
Comme s'il y avait
un ciel
et levant les yeux
une terre
Comme s'il y avait
du bleu lumineux
du brun mat
Comme s'il y avait
des mots terrestres
des mots supraterrestres
Comme s'il y avait
un mot tien un mot mien
toi et moi
Rose Ausländer