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Vertuchou.over-blog.com

Le regard

11 Octobre 2023, 01:40am

Publié par vertuchou

Strephon m'a embrassé au printemps,
Robin à l'automne,
Mais Colin ne m'a regardé
Et jamais embrassé du tout.

Le baiser de Strephon était perdu dans la plaisanterie,
Robin est perdu dans le jeu,
Mais le baiser dans les yeux de Colin
Me hante nuit et jour.

Sara Teasdale
 

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La poésie doit être faite par tous.

10 Octobre 2023, 01:42am

Publié par vertuchou

La poésie doit être faite par tous. Non par un. Toutes les tours d'ivoire seront démolies, toutes les paroles seront sacrées et l'homme s'étant enfin accordé à la réalité qui est sienne, n'aura plus qu'à fermer les yeux pour que s'ouvrent les portes du merveilleux.

Paul Éluard

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Tu m'as dit

9 Octobre 2023, 01:08am

Publié par vertuchou

A J.

Quand nous parcourions la plage normande,
Tu m'as dit un jour, un jour de printemps :
« Sais-tu bien, ami, ce que je demande,
Parmi tant de vœux dans l'esprit flottants ?
Indéfiniment sur la même grève,
Au même rocher par les flots battu,
Près de toi m'asseoir pour le même rêve ! »
— Ces mots adorés, les redirais-tu ?
Quand nous voyagions dans les Pyrénées,
Tu m'as dit un jour, un beau jour d'été

« Oh ! voir avec toi s'enfuir les journées !
Te sentir ainsi seul à mon côté !
Sans que rien nous lasse et nous décourage,
Ensemble gravir des pics ignorés,
Et, d'un même cœur, y braver l'orage ! »
— Les redirais-tu, ces mots adorés ?

Aux bois du Morvan, quand sèchent les chênes,
Tu m'as dit un jour d'octobre brumeux :
« Nous aurons aussi nos bises prochaines,
Et nous vieillirons, dépouillés comme eux ;
Mais qu'importe au front que demain soit sombre,
Si le souvenir garde sa vertu ?
Qu'importe avec toi le soleil ou l'ombre ? »
— Ces mots adorés, les redirais-tu ?
Quand, rentrés au nid, nous lisions ensemble,

Tu m'as dit un soir, un long soir d'hiver :
« Vivre ainsi toujours, ami, que t'en semble ?
Nous chauffer toujours à ce feu si clair ?
Et, lorsqu'il faudra déployer la voile
Pour conduire ailleurs nos cœurs préparés,
Débarquer tous deux dans la même étoile ! »
— Les redirais-tu, ces mots adorés ?


Eugène Manuel

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Indiscretion

8 Octobre 2023, 01:38am

Publié par vertuchou

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Poème du temps retrouvé

7 Octobre 2023, 01:01am

Publié par vertuchou

Une fois pour toutes
Tu as nommé
Le monde où je dois vivre

Chaque chose
Est signe
Avant d’être chair

L’arbre le blé
La vigne

Le sang des terres
M’emporte

Tu fus ma naissance

En toi
Ma mort aura lieu

J’écoute
Venir ta vie.

Hélène Cadou

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À présent, l’avenir

6 Octobre 2023, 01:54am

Publié par vertuchou

À présent, l’avenir n’appartient qu’à eux. Ils étaient corps à corps, leur âme en osmose et leurs peaux en fusion. Hannele, la tête sur le torse de Giovanni, écoutait sa calme respiration. Elle finit par fermer les yeux. Derrière les fins rideaux, un rayon de soleil vint réveiller les jeunes gens endormis.
 
Alyson Lascaux, L'enfant de la Seine

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J'aime les gens qui doutent

5 Octobre 2023, 01:53am

Publié par vertuchou

J'aime les gens qui doutent
Les gens qui trop écoutent
Leur cœur se balancer

J'aime les gens qui disent
Et qui se contredisent
Et sans se dénoncer

J'aime les gens qui tremblent
Que parfois ils ne semblent
Capables de juger

J'aime les gens qui passent
Moitié dans leurs godasses
Et moitié à côté

J'aime leur petite chanson
Même s'ils passent pour des cons

J'aime ceux qui paniquent
Ceux qui sont pas logiques
Enfin, pas comme il faut

Ceux qui, avec leurs chaînes
Pour pas que ça nous gêne
Font un bruit de grelot

Ceux qui n'auront pas honte
De n'être au bout du compte
Que des ratés du cœur
Pour n'avoir pas su dire
Délivrez-nous du pire
Et gardez le meilleur

J'aime leur petite chanson
Même s'ils passent pour des cons

J'aime les gens qui n'osent
S'approprier les choses
Encore moins les gens

Ceux qui veulent bien n'être
Qu'une simple fenêtre
Pour les yeux des enfants

Ceux qui sans oriflamme
Les daltoniens de l'âme
Ignorent les couleurs

Ceux qui sont assez poires
Pour que jamais l'Histoire
Leur rende les honneurs

J'aime leur petite chanson
Même s'ils passent pour des cons

J'aime les gens qui doutent
Mais voudraient qu'on leur foute
La paix de temps en temps
Et qu'on ne les malmène
Jamais quand ils promènent
Leurs automnes au printemps

Qu'on leur dise que l'âme
Fait de plus belles flammes
Que tous ces tristes culs

Et qu'on les remercie
Qu'on leur dise, on leur crie:

"Merci d'avoir vécu
Merci pour la tendresse
Et tant pis pour vos fesses
Qui ont fait ce qu'elles ont pu"

Anne Sylvestre.

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Morenika Morenica

4 Octobre 2023, 01:49am

Publié par vertuchou

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Rêverie

3 Octobre 2023, 01:44am

Publié par vertuchou

Ici-bas tous les lilas meurent
Je rêve aux printemps qui demeurent
Toujours
Ici-bas les lèvres effleurent
Sans rien laisser de leur velours…
Je rêve au baisers qui demeurent
Toujours

I

Le vrai, mon Enfant, c’est ton Rêve…
Tout meurt, mon Cœur, la joie est brève
Ici ;
Mais celui que Amour élève
Est délivré de ce souci :
Pour lui, toujours dure le Rêve
Ici…

Amours passés, fleur qui se fane :
Illusion pour le profane,
Mais nous
Broutons la Rose comme l’Âne,
Rose qui jamais ne se fane
Pour nous…

II

Un seul bouleau crépusculaire
Sur le mont bleu de ma Raison…
Je prends la mesure angulaire
Du cœur à l’âme et l’horizon…
C’est le galop des souvenances
Parmi les lilas des beaux yeux
Et les canons des indolences
Tirent mes songes vers les cieux

III

Ton amour, ma chérie, m’a fait presqu’infini
Sans cesse tu épuises mon esprit et mon cœur
Et me rend faible comme une femme
Puis comme la source emplit la fontaine
Ton amour m’emplit de nouveau
De tendre amour, d’ardeur et de force infinie

IV

C’était un temps béni nous étions sur les plages
— Va-t’en de bon matin pieds nus et sans chapeau —
Et vite comme va la langue d’un crapaud
Se décollaient soudain et collaient les collages

Dis, l’as-tu vu Gui au galop
Du temps qu’il était militaire
Dis, l’as-tu vu Gui au galop
Du temps qu’il était artiflot
À la guerre ?

C’était un temps béni : le temps du vaguemestre
— on est bien [plus] serré que dans un autobus —
Et des astres passaient que singeaient les obus
Quand dans la nuit survint la batterie équestre

Dis, l’as-tu vu Gui au galop
Du temps qu’il était militaire
Dis l’as-tu vu Gui au galop
Du temps qu’il était artiflot
À la guerre

C’était un temps béni : jours vagues et nuits vagues,
Les marmites donnaient aux rondins des cagnats
Quelques aluminium où tu t’ingénias
À limer jusqu’au soir d’invraisemblables bagues

Dis, l’as-tu vu, etc.

Mon Lou adoré, le vaguemestre est là, je t’adore, te désire
te prends toutes de toutes mes forces, t’aime t’aime, t’aime
ma chérie, mon petit garçon pas sage chéri, prends-moi
dans tes petits bras, vive la France et mon ptit Lou

Courmelois, le 11 mai 1915

Guillaume Apollinaire

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Vivre poétiquement

2 Octobre 2023, 01:41am

Publié par vertuchou

Vivre poétiquement, c'est essayer d'avoir une tenue de langue et d'âme qui réenflamme la vie, qui redonne le courage et envie de vivre, et qui nous remette à la hauteur de la splendeur qu’est cette vie. »

Christian Bobin

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